« Le Vignoble de La Mazelle dépose les sécateurs » par Marc Vanel

 

 

Ce sera officiel ce lundi 9 mars 2020 : après 14 ans de bénévolat et de convivialité, l’asbl Le Vignoble de la Mazelle est mise en liquidation..

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Situé à Beaumont, à quelques kilomètres de la frontière française, le vignoble de La Mazelle figure parmi les sites les plus séduisants de Wallonie. Planté en 2000 par Herman Willems sur un magnifique coteau d’un hectare à forte déclivité, le vignoble se compose au départ de Dornfelder, de Sirius, des Pinots gris et noir, et d’Auxerrois.

Son propriétaire décède fin 2004 et sa veuve décide de revendre maison, parc et vignes. Les acheteurs seront le baron et la baronne Henry de Radzitzky qui conservent le vignoble et décident de s’initier à la viticulture, notamment avec les conseils de Christophe Waterkeyn (Villers-la-Vigne) et de Hugo Bernar (Hageling Bio).

Dornfelder et Sirius sont abandonnés et le trio composé de Thérèse de Radzitzky, de son fils Charles-Albert et de son frère Géry de Broqueville (puis de François-Xavier van Meerbeeck) va produire jusqu’à aujourd’hui deux vins. Un Pinot noir assez léger et un Auxerrois plutôt aromatique dont la qualité se maintient bon an, mal an. Particularité de l’activité : tous les travailleurs sont bénévoles et les bénéfices sont destinés à l’asbl Asmae qui mène divers projets de coopération, notamment en Afrique.
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Thérèse de Radzitzky, son fils Charles-Albert et son frère Géry de Broqueville aujourd'hui actif dans la permanculture - © Vanel 2015

Thérèse de Radzitzky, son fils Charles-Albert et son frère Géry de Broqueville aujourd’hui actif dans la permanculture – © Vanel 2015

Bénévolat en crise

Aujourd’hui, quatorze ans plus tard, l’équipe jette le gant. En cause : un déséquilibre flagrant entre la masse de travail à fournir et les revenus de l’activité, mais aussi un manque de ressources humaines. « Nous n’avons travaillé qu’avec des bénévoles, explique Thérèse de Radzitzky. Ceux de ma génération, je suis proche de l’âge de la retraite, ont moins de résistance qu’il y a quinze ans. Quant aux jeunes de la génération de mon fils, ils sont tous en train d’élever leurs enfants ou de s’occuper à fond de leur carrière professionnelle.

Par ailleurs, nous n’avons qu’un hectare, ce qui est beaucoup trop peu pour avoir une rentabilité commerciale suffisante pour rémunérer un ou plusieurs salaires, il faut plutôt sept hectares pour cela. Je tiens un registre de ce que l’on fait, l’entretien de La Mazelle demande 150 à 200 journées de travail sur l’année pour une personne. J’ai essayé le travail intérimaire, mais cela coûte beaucoup trop cher, sans compter qu’il faut être là pour suivre le travail. »
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La pente est effectivement impressionnante... © Vanel 2015

La pente est effectivement impressionnante… © Vanel 2015

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Démontage

Une des tâches que l’on imagine difficile est à présent le démontage du vignoble. « Nous l’avons déjà entamé. Nous avons enlevé les câbles, les agrafes, les élastiques… Les pauvres ceps battent désormais au vent. Nous allons à présent les couper ; on ne peut ni les transplanter ni les arracher, car les racines, qui ont 20 ans, descendent trop bas. Espérons que cela ne rejette pas, sinon cela va être la jungle.

Quand le vignoble sera complètement nettoyé, nous allons continuer l’arboretum que nous avions commencé en bas du vignoble, et sur le haut, trouver des espèces accommodantes pour ce type de sol. Notre but n’est pas de nous replier sur nous-même, nous allons continuer à faire des portes ouvertes, mais pour le parc et les collections d’arbres, d’arbustes et de plantes. »
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Moment de partage pendant les vendanges en 2015 – © Vanel

 

L’asbl Le Vignoble de La Mazelle va continuer à exister encore quelque temps pour les besoins de sa liquidation, comme le prévoit la loi. Le matériel va être mis en vente, le catalogue est en cours de compilation. Mais si un arrêt de l’activité est effectivement un coup dur, les réactions des bénévoles et de l’entourage, y compris des autorités communales, ont été chaleureuses et émouvantes. « Nous avons reçu des messages vraiment magnifiques de nos bénévoles qui témoignent d’un sentiment de reconnaissance pour tout ce qu’ils ont pu vivre sur le plan humain. Nous avons eu un rôle fédérateur et rassembleur, on a rencontré des gens d’horizons différents qui ont appris à se connaître à travers le travail de la vigne, alors qu’ils ne se seraient jamais connus autrement. Ce fut très intense, on a vécu de très belles choses. Nous tournons la page avec tristesse, mais nous conserverons bien vivant le souvenir de tous ces beaux moments d’amitié partagée. »

Infos: contact@lamazelle.be – www.lamazelle.be

Marc Vanel, 05/03/20

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