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La dégustation du vin

Après avoir décrit l’importance du verre dans la dégustation dans notre précédente lettre d’infos, voici à présent quelques éléments qui vous permettront de mieux déguster le vin. Et c’est à la portée de tout le monde…

Lors d’une soirée de dégustation de vins ou tout simplement pendant un repas chez des amis, il n’est pas rare d’entendre l’un des convives dire « Je n’y connais rien, je peux uniquement dire si j’aime bien ou pas… ». C’est un bon début, dirons-nous, mais il suffit de peu pour construire et exprimer un avis valable. La dégustation est un plaisir qui s’apprend, elle se déroule en trois étapes, visuelle, olfactive et gustative.

1) L’œil

La première chose à observer dans votre verre est la robe du vin, sa couleur, qui vous donnera une indication sur son âge. Avec les années, un vin rouge évolue du pourpre au brun, un blanc, de paille à or. Un rouge avec un disque pétrolé a toutes les chances d’être passé, un blanc avec des reflets verdâtres est incontestablement jeune.

La limpidité (l’absence de particules dans le vin) est également synonyme de qualité, mais la turbidité des vins nature non filtrés vient secouer cette certitude. La quantité de bulles dans un vin effervescent et la manière dont elles montent, ou non, en cheminées, est intéressante à observer, mais, elles ne donnent pas d’indications sur le goût du vin, sauf si elles sont totalement absentes.

Appréciez ensuite la profondeur du vin : moins vous distinguez le fond d’un verre de vin rouge, plus celui-ci est d’une couleur intense.

La palette des couleurs varie selon les vins : de paille à or pour le blanc, saumon à framboise pour le rosé ou, de rubis à grenat pour les rouges. Elle est donc très large et dépend bien sûr du cépage, du terroir, de l’âge du vin, mais aussi du procédé de vinification.

2) Le nez

Votre nez joue un rôle primordial dans la dégustation. Sans odorat, vous raterez de nombreux arômes, mais rassurez-vous, vous en récupérerez en rétro-olfaction, comme nous allons le voir.

On distingue traditionnellement trois nez avant de porter le verre à la bouche. Le premier en humant le vin juste après le service, mais sans secouer le verre,. Ensuite, pour découvrir le deuxième nez, faites lentement tourner le vin (d’où l’importance d’avoir un verre adapté), d’autres odeurs apparaissent. Et enfin, « cassez » le vin en le secouant plus vigoureusement et dégustez-le : il y a de fortes chances que cela n’a rien à voir avec les deux étapes différentes.

La collection Le nez du vin de Jean Lenoir est souvent utilisée pour se familiariser aux différents arômes du vin

SI le vin est fermé et ne sent pas grand-chose, carafez-le quelques minutes, en n’hésitant à la secouer la carafe d’un mouvement rapide. Inutile d’attendre une demi-heure, le résultat est rapide. Certains vins sont discrets, tandis que d’autres seront très intenses.

Trois types d’arômes peuvent être distingués à ce stade : primaires, secondaires et tertitaires.

Les arômes primaires sont les arômes liés à la variété du cépage : floraux, fruités, végétaux, minéraux ou épicés.

Les arômes secondaires, ensuite, sont liés aux fermentations (alcoolique, avec la formation d’esters souvent fruités, et malolactique, avec l’arôme caractéristique de beurre…). Des notes amyliques ou acidulées (type bonbon anglais, vernis, banane) peuvent également être décelées.

Enfin, les arômes tertiaires sont elles plutôt liés à l’élevage et l’évolution du vin. Ils sont apportés par l’élevage en barrique (vanille, cèdre, bois neuf) mais peuvent aussi inclure des arômes de sous-bois ou d’épices, ou des notes empyreumatiques (café grillé, torréfaction des fûts, champignons, etc.).

Les principaux arômes des vins blancs sont :

    • fruités : agrumes, pamplemousse, mandarine, zeste d’orange ou de citron (vert), pomme, poire, melon, fruits secs, etc.
    • floraux : fleurs blanches (aubépine, acacia), rose, violette, fleur d’oranger, etc.
    • végétaux : herbe fraîchement coupée, fougère, menthe, champignon, anis,…
    • épicés : vanille, cannelle, curry,…
    • ou encore, le beurre, le pain grillé, l’amande, le café, la fumée, le caramel,…

La palette est large et évolue selon l’âge du vin, comme l’indique cette carte des arômes du champagne, éditée par le Comité Champagne et accessible sur leur site.

© CIVC

Et des vins rouges :

    • fruités : cerise, mûre, framboise, fraise, pamplemousse, amande, etc.
    • floral : rose, violette, fleurs séchées
    • végétal : poivron, herbe coupée, feuilles de tomate, bourgeon de cassis
    • épicés : poivre vert, noir ou rose, réglisse,…
    • ou encore pierre mouillée, silex, caramel, café, etc.

Lors de la dégustation, évaluez si ces arômes sont délicats, raffinés, complexes, équilibrés (notamment par rapport à l’alcool).

Enfin, l’étape du nez permet également de déceler un éventuel défaut du vin : bouchon, réduction (odeur de serpillière ou d’oignon), oxydation (vin madérisé ou oxydé par contact involontaire avec l’air) ou acide volatil (piqûre acétique, vernis à ongle).

A ce stade, nous n’avons toujours pas mis le vin en bouche, mais il a déjà livré une bonne part de ses secrets… Ces arômes sont bien sûr liés à notre mémoire olfactive. Celui qui n’a jamais senti une fleur d’acacia ou un buis, ne le retrouvera pas dans un vin, mais il retrouvera peut-être le parfum âcre de la Tante Germaine en visite le dimanche pour manger la tarte aux abricots… tout s’apprend avec la répétition.

3) La bouche

C’est l’une des étapes les plus complexes, car la bouche combine le goût, le toucher et l’odorat (en rétro-olfaction). La langue joue bien sûr un rôle primordial : chaque papille gustative est capable de détecter les 4 saveurs de base des vins : sucré, salé, amer et acide. Cette dernière est primordiale, car elle fait saliver et apporte une sensation de fraîcheur. Elle permet aussi de juger si un vin a encore de belles années devant lui ou non.

En début de dégustation, il convient de ne prélever qu’une petite quantité de vin, quelle que soit sa couleur, de la garder en bouche et de la mélanger avec un peu de salive avant de la faire rouler sans la recracher tout de suite. En dégustation professionnelle, cette étape est la dernière. Elle permet en effet de juger de l’équilibre du vin, de son corps (léger ou puissant, soyeux, asséchant), de l’alcool (le vin est-il suave, rond, soyeux, équilibré)… Même en en goûtant une vingtaine…

Pendant que le vin tourne en bouche (il ne faut pas se gargariser…), les arômes s’expriment graduellement (ou pas) et, en s’évaporant, remontent jusqu’à la cavité nasale, on parle de rétro-olfaction. Une autre manière d’utiliser le nez pour ceux qui n’en ont pas trop.

Enfin, une fois le vin recraché, les arômes vont rester un certain temps en bouche : c’est la longueur du vin. Certains comptent le temps que le vin met à disparaître et transforment les secondes en caudalies (1/sec.), mais vous n’avez pas vraiment besoin de cela pour vous rendre compte si le vin disparaît tout de suite ou s’il reste en bouche de longues secondes, voire minutes. N’hésitez pas à sentir votre verre vide, il apporte encore quelques éléments.

Et pour les vins wallons ?

Ne pensez pas que ces considérations soient limitées aux grands crus de France et d’ailleurs, elles sont bien sûr aussi valables pour les vins belges, comme l’explique l’œnologue Véronique Lidby, spécialiste des terroirs belges.

“Effectivement, nos vins wallons ‘parlent’ de leurs terroirs, ils en expriment les composantes multiples : climat local, sol et sous-sol, cépage choisi, type de vinification et d’élevage… l’interaction plante/lieu/vigneron.

L’expression d’un lieu influencera la maturité du raisin : la nature du sous-sol, schisteux, gréseux, crayeux,… ; le micro-climat de ce lieu (altitude, proximité d’un cours d’eau, exposition au soleil,…)

L’expression d’un cépage : certains cépages sont très exubérants sur le plan aromatique (ex Sauvignon blanc, Souvignier gris, Muscat, Muscaris), d’autres sont plus discrets (Chardonnay, Solaris). Certains cépages rouges sont délicats sur leurs tanins (Pinot noir, Pinotin) d’autres plus charnus, corsés (Acolon, Cabernet cortis, Cabaret noir,…)

L’expression d’une vinification : le vigneron a choisi de garder pour son blanc sec une fraîcheur et a évité la ‘malo’ ou, ou contraire, a cherché à réduire une vivacité excessive par une fermentation malo-lactique ? Vous serez devant deux ‘styles’ de vin : vin blanc sec et vif, et vin vin sec plus rond. Deux styles, donc deux possibilités d’accords mets-vins …

Véronique Lidby (en bas à gauche) organise régulièrement des dégustations au pied du mur géologique de Comblain-au-Pont (cf. veroniquelidby@gmail.com)

De même pour les vins rouges, le vigneron choisira d’extraire plus ou moins de structure tannique, il va ‘modeler’ son vin par macération plus ou moins prolongée des peaux de raisin dans le jus… plusieurs styles aussi, plusieurs accords mets et vins possibles…

L’expression d’un élevage : le vigneron a réalisé un vin simple, fruité, à boire assez rapidement, pour chaque jour ? Ce vin ne sera pas passé en barrique. Le vigneron a préparé un vin de garde, de ceux qu’on oublie en cave quelques années et qui développe sa complexité aromatique ‘tertiaire’ ? Ce vin a été ‘barriqué’. Magnifique !

En Wallonie, nous avons une richesse de vins différents, car nos vignerons ont planté de nombreux cépages pour tester ceux qui conviennent le mieux à notre climat. Ces variétés de raisins, classiques ou plus modernes, vinifiés et élevés de différentes façons, nous offrent une palette incroyablement riche en découvertes organoleptiques.

Certains vins vous feront penser aux meilleurs vins de Bourgogne ou d’Alsace, d’autres évoquerons directement ce que la Champagne produit de plus délicat, voire vous feront entendre des cigales…

Comment découvrir nos vins wallons sans a priori ? Un conseil : cachez vos bouteilles sous des chaussettes, laissez-vous surprendre par le vin, sans regarder l’étiquette avant de déguster !

Vous allez voyager dans votre bibliothèque olfactive, retrouver les arômes typiques des Chardonnay, Pinots, Riesling, Sauvignon, etc pour les vins blancs… et découvrir en enlevant la chaussette qu’il s’agit bien du cépage suspecté (bravo !) ou bien que vous ne connaissez pas du tout le ou les cépages indiqué(s) sur la contre-étiquette ! L’aventure commence…

Pour les rouges, certains ‘pinoteront’ avec leurs arômes de cerise, de pivoine, de framboise bien mûre, d’autres vous paraitront poivrés, épicés et fruités… et vous associerez rapidement les arômes variétaux (primaires) identifiés à tel ou tel cépage, qu’il soit ‘classique’ ou ‘moderne’.

En bouche, gustativement, une certaine fraîcheur sera perceptible, car nous restons en zone septentrionale et nos raisins gardent un bel équilibre acidité/sucres. Mais une rondeur équilibrera votre vin, enrobera des tanins plus ou moins extraits et présents.

Explorez les vins wallons, diversifiés, différents, étonnants, prêts à être dégustés avec un plat adapté à leurs caractéristiques.

Essayez cette diversité locale, et pourquoi pas sur des plats wallons ! Bonne dégustation ! »

Marc Vanel, en collaboration avec Véronique Lidby pour la dernière partie

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Le Château Bon Baron passe au vert

Show Must Go Wine©

Show Must Go Wine ©

Durant tout cet été, neuf artistes belges, humoristes et chanteurs, seront en tournée pour six dates dans six vignobles wallons. Demandez le programme.

Ce projet un peu fou est mené par Muriel Lombaerts, qui est à la fois attachée de presse, rédactrice, créatrice et animatrice de l’émission radio « Les épicurieux » sur BXFM, et également organisatrice d’événements (notamment via ses labels/concepts La Bière et Le vin des Femmes).

Cet été, elle offre à un public « épicurieux » un événement original, Show Must Go Wine ©, qui réunira neuf artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles (humoristes et chanteurs) pour six dates (avec deux ou trois représentations par jour) dans six vignobles de Wallonie.

Les performances se donneront sur une scène extérieure si la météo le permet, ou à l’intérieur dans le cas contraire.

Qui ?

  • Trois artistes humoristes : Eric Boschman, Sofia Syko et Freddy Tougaux
  • Six artistes chanteurs : Doowy, Romain Helvétius, Kreshen, Lisalou, Gaëlle Mievis et BJ Scott

Quand ?

Les représentations se donnent les 30/6, 1 et 2/7, 25, 26 et 27/8 à 14h30 (sauf le vendredi), 17h30 et 20h30.

Entre les représentations d’un même jour, les spectateurs auront la possibilité de visiter le domaine et de déguster ses vins, avec des produits locaux (traiteur ou foodtruck) en accompagnement. Sont attendues 60 à 120 personnes par représentation.

Où ?

Conditions et réservations ?

Prix d’entrée : 26€ par spectacle ou 70€ pour une journée complète (50€ le vendredi)

Détails des dates et affiche sur la page Facebook Show Must Go Wine qui sera activée vers le 10 mai.

Contact : Muriel Lombaerts – info.comvous@gmail.com – +32 487 92 96 76

© Photos: Freddy Tougaux : Dimitri Polomé – Eric Boschman : Serge Anton – Lisalou: Santina Vaccalluzzo – Autres: DR

 

FAIR’N GREEN certifie le premier domaine viticole de Belgique

 

L’internationalisation du système de viticulture durable se poursuit : le Château Bon Baron de Dinant est le premier domaine viticole belge à être certifié selon le référentiel FAIR’N GREEN.

Les tendances mondiales telles que le changement climatique et l’intérêt croissant pour les produits durables influencent également les vignobles en Belgique. Pour cette raison, Château Bon Baron a recherché différentes approches de viticulture durable et a alors opté pour la certification FAIR’N GREEN. Jeanette van der Steen, directrice générale de Château Bon Baron, commente :

 » Au Château Bon Baron, nous croyons que la durabilité est essentielle pour l’avenir de notre planète. Nous nous efforçons de créer des vins harmonieux et authentiques qui reflètent les caractéristiques uniques de notre terroir d’une manière verte, respectueuse et juste pour chaque être vivant. En partageant nos connaissances et notre expérience avec FAIR’N GREEN et ses membres, nous sommes mis au défi de minimiser davantage nos émissions de CO2 et notre impact sur l’environnement grâce à la main-d’œuvre, aux technologies anciennes et modernes et aux sources d’énergie renouvelables. »

FAIR’N GREEN a été lancé en 2013 en tant qu’initiative conjointe entre des établissements vinicoles, des instituts de recherche et d’autres parties prenantes. Le système se concentre sur la durabilité holistique (dans la gestion d’entreprise, l’environnement et la société). Il a été conçu dès le départ pour une applicabilité et une diffusion internationales. Avec la certification du Château Bon Baron, la Belgique est l’un des pays où le système FAIR’N GREEN a maintenant été mis en œuvre avec succès, avec par exemple la France, l’Espagne et Israël.

Le transfert de FAIR’N GREEN dans une cave en Belgique a montré que le système peut être appliqué avec succès dans toutes les régions viticoles d’Europe. D’autres questions, telles que la protection des espèces locales et les projets de biodiversité dans la vallée de la Meuse, en tant que mesures globales de durabilité, ont également fait l’objet de discussions intensives.

FAIR’N GREEN a maintenant certifié avec succès plus de 130 établissements vinicoles dans dix pays. À l’avenir, l’organisation souhaite convaincre d’autres exploitations en Belgique ainsi que dans d’autres régions viticoles d’Europe pour le système de certification. FAIR’N GREEN s’intéresse non seulement à l’attribution du certificat selon des critères stricts, mais également à un développement dynamique et international des caves certifiées vers un avenir durable.

La cave du Château Bon Baron s’est progressivement développée pour devenir une cave majeure en Belgique à partir de l’an 2000. Aujourd’hui, le domaine cultive 15 hectares de vignes et cultive 14 cépages historiques différents.

 

Contacter FAIR’N GREEN :

Dr Keith Ulrich, keith.ulrich@fair-and-green.com, +49-228-76378510

Contacter Château Bon Baron :

Jeanette van der Steen, info@bonbaron.com, +32 497700303

 

www.fair-and-green.com

 

2022, un record pour la viticulture belge

Le SPF Economie a publié ses statistiques annuelles de la production de vin en Belgique et a annoncé un total de trois millions de litres de vin belge en 2022, soit quatre millions de bouteilles et un doublement de la production par rapport à l’excellent millésime 2018. Les conditions météorologiques  et l’augmentation du nombre de vignerons (et d’hectares cultivés) expliquent cette croissance spectaculaire.

L’augmentation touche tous les types de vin. Elle est la plus élevée pour le vin rouge (+220 %) et le vin blanc mousseux (+161 %). Cependant, le vin blanc (+ 92 %), le rosé (+55 %) et le rosé mousseux (+37 %) ont également profité des bonnes conditions météorologiques.

En 2022, la Flandre et la Wallonie ont chacune produit la même quantité de vin, mais compte tenu de la faible récolte en Wallonie en 2021, celle-ci a enregistré une plus forte hausse. La production a ainsi augmenté de 140 % (1.542.096 litres) en Wallonie. La Flandre a aussi connu une forte croissance de 109 % (1.508.810 litres).

L’augmentation en Wallonie est principalement due aux provinces du Hainaut (hausse de 124% pour atteindre 801.630 litres) et de Liège (hausse de 422 % pour atteindre 321.967 litres). En Flandre, le Limbourg est largement en tête (augmentation de 101 % pour atteindre 627.009 litres). la province d’Anvers a également connu une forte hausse avec le même nombre de vignerons et à peine 10 % d’hectares en plus qu’en 2021 (augmentation de 391 % pour atteindre 129.941 litres).

De plus en plus de vignerons et d’hectares cultivés

En 2022, le pays comptait quelque 259 vignerons, contre 237 en 2021 et 198 en 2020. Il s’agit aussi bien d’amateurs que de professionnels. La plus forte augmentation a été enregistrée à Liège (39 vignerons contre 32 en 2021), dans le Hainaut et en Flandre orientale où on a dénombré 4 vignerons de plus.

Toujours selon le SPF, la Wallonie comptait en 2022 environ 40% des vignerons belges contre 36% en 2021, 32% en 2020 et 25% en 2019. Le SPF indique également que les surfaces de vignes sont passées de 383ha en 2018 à 802ha en 2022, des chiffres qui mériteraient d’être détaillés.

Plus d’infos : ICI.

Les Vignerons wallons à l’aventure

Enfin, pas tout à fait à l’aventure, car tout était parfaitement organisé par l’AVW qui avait affrété un car pour accompagner une cinquantaine de ses membres le 9 février dernier pour partir àla rencontre de certain.e.s de leurs consœurs et confrères.

Première du genre, cette escapade d’une journée découverte a permis de (re)découvrir trois vignobles de Wallonie : le Château  de Bousval à Genappe, le Domaine W à Saintes et le Domaine XXV à Couthuin.

Ce fut l’occasion de conversations paisibles en cette période de dormance, à bâtons rompus et sur tous les sujets qui les touchent. Une initiative appréciée que beaucoup souhaitent renouveller, au moins chaque année.  Histoire de s’intéresser à d’autres facettes (les domaines plantés en interspécifiques, les vignobles d’une appellation d’une AOP flamande, etc.).

Un goût de temps retrouvé, au grand air et en bonne compagnie…

2e colloque sur la viticulture belge par le CARAH

Le CARAH organise le 29 mars prochain son second colloque sur la viticulture belge. Après la présentation d’un bilan de 5 années d’observations dans le vignoble expérimental du CARAH, les orateurs aborderont divers aspects du métier, comme par exemple, l’état de la vie des sols dans les vignobles belges et leur durabilité, l’impact de la macération carbonique sur le profil aromatique des interspécifiques ou encore la présentation d’un nouveau groupement de viticulteurs en agroécologie. Le tout se clôturant avec une dégustation de vins belges.

L’horaire : mercredi 29/3/23 de 12h30 à 17h, rue Paul Pastur 11 à Ath.

Programme complet et inscriptions : ICI

 

Miimosa, une plateforme pour soutenir l’agriculture

Lancée en 2015 en France et deux ans plus tard en Belgique, la plateforme de financement participatif Miimosa propose de combiner levée de fonds pour les agriculteurs et les viticulteurs, et re-création de lien avec les citoyens/consommateurs qui ne savent plus trop aujourd’hui d’où provient ce qu’il mangent.

Deux outils sont disponibles. Le premier est le don avec contrepartie (le crowfunding classique) qui consiste en une mise en commun de fonds de personnes physiques ou morales pour mener à bien un projet. Le second, le prêt participatif (ou crowdlending) se traduit comme une forme de prêt aux entreprises de taille modeste avec une rétribution mensuelle ou trimestrielle. S’il existe plusieurs plateformes de ce type, comme Ulule ou Kiss Kiss Bang Bang, Miimosa est la seule dédiée à la transition alimentaire.

Plusieurs vignobles wallons ont déjà mené une ou plusieurs campagnes de récolte de fonds : e.a. Domaine du Chapitre, Domaine W, Oze le vignoble, Tienne al’gatte, Terres de Crompechine ainsi que le vignoble du CARAH.

Infos : miimosa.com

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Collection Jamesse Grand Champagne

Du bon usage du verre à vin

Né au début du XIVe siècle, le verre à vin n’a cessé d’évoluer. Sa forme a un impact essentiel sur la dégustation, surtout celle des vins effervescents.

Si nos ancêtres préhistoriques utilisaient un matériau vitreux naturel à base de silice fondue (l’obsidienne), skyphos, kilix et outres de peau furent les premiers récipients et gobelets utilisés par les Grecs et les Romains pour boire divers liquides. Les pots en argile, plomb, étain ou faÏence et autres gourdes les remplaceront au fil des siècles, chaque époque connaissant des progrès technologiques.

A partir du XIe siècle, décrit Jean-Robert Pitte dans son livre sur l’histoire de la bouteille de vin*, l’Europe redécouvre les techniques verrières antiques oubliées pendant la période des invasions, il fallait en effet doter les églises de vitraux. A table, les élites redécouvrent également un certain goût du raffinement.

Venise, qui était alors à la tête d’un vaste empire maritime et commercial, domine l’art du verre depuis le XIe siècle et fait venir des artisans de Constantinople qui lui permettent de se perfectionner. Fin du XIIIe siècle, les verreries se déplacent à Murano : verres et carafes sont rapidement exportés dans toute l’Europe. Et la bouteille fait progressivement son apparition, faisant l’objet de moultes évolutions jusqu’à nos jours, notamment en Angleterre.

Collection Lallement M5

Les parties d’un verre

Le verre à vin est composé de trois parties principales : le calice, la tige et la base, chacune composée de différentes parties. Elles étaient autrefois faites séparément en plusieurs morceaux avant d’être assemblées. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, le moule est unique.

L’ouverture du calice (ou gobelet) est le buvant sur lequel on pose les lèvres. Sa finesse est un gage de qualité. Juste en dessous, la cheminée est la partie plus serrée du haut du verre, elle concentre les arômes du vin, la plus large étant l’épaule où se développent les arômes. Elle permet également le calibrage du service pour le sommelier.

La paraison est la partie basse du contenant, elle peut avoir diverses formes, ronde, galbée, droite… Selon son étendue, le vin sera plus ou moins rapidement oxygéné. Elle permet également de faire tourner le vin dans le verre.

Entre le pied et la paraison, le bouton fait le lien entre le pied et le contenant. Sa forme a une influence majeure sur l’effervescence dans le verre. Son rôle esthétique n’est pas négligeable.

La jambe du verre ou la tige permet de tenir le verre de manière élégante, et surtout de ne pas tenir le gobelet avec la main afin que le vin ne se réchauffe pas trop vite.

Enfin, la base permet au verre de tenir debout et de ne pas se renverser, elle est forcément toujours plate. Le nom du verrier y est souvent gravé au laser.

Lehmann Opale, un modèle très répandu chez nos vignerons

Un succès planétaire

Dans la dégustation professionnelle, afin d’avoir un point de comparaison, le verre de référence est le verre INAO adopté en 1970 sur base d’un cahier des charges de l’Association française de normalisation (AFNOR). L’INAO n’ayant pas déposé de brevet, il est copié en masse et devient ainsi le verre de dégustation le plus répandu dans le monde.

Ses dimensions sont toutefois réglementées et servent d’étalon :

      • volume total entre 210 et 225 ml
      • buvant : diamètre de 46mm
      • calice : hauteur de 100mm
      • épaule : diamètre de 65mm
      • pied : hauteur de 55mm
      • base : diamètre de 65 mm

Ces dernières années, le service du vin a gagné en importance et certaines marques font désormais appel à des grands sommeliers pour créer leurs collections.

Le choix du verre

Pour choisir le bon verre, plusieurs critères sont à prendre en compte, comme celui de prendre un verre transparent, car une couleur, claire ou foncée, empêche de voir la couleur réelle de la robe d’un vin. Essayez de déguster un vin dans un verre noir, totalement opaque, il y a de fortes chances que vous ne distinguiez pas le rosé ou rouge. Un verre teinté empêche par ailleurs de voir d’éventuels défauts du vin.

Le verre doit aussi être le plus sobre possible, sa forme doit être adaptée à sa fonction : il existe des verres pour le blanc, le rouge et les bulles, et même des verres théoriquement dédiés à un cépage particulier, mais vous ne pouvez malheureusement avoir un type de verre pour chaque vin de votre cave.

Il est de coutume de boire le rouge dans les plus grands verres, et le blanc dans un verre plus petit, et les bulles dans des flûtes, mais ce n’est qu’une coutume, tout est question de diamètre. Pour les bulles en tout cas, évitez la coupe de dix centimètres de diamètre qui laisse trop vite s’envoler les bulles. Même si la légende veut que celle-ci ait été moulée sur le sein de Marie-Antoinette, reine de France, épouse de Louis XVI et grande amatrice de champagne.

Au moment du service, le verre doit être propre, ne pas sentir le savon qui l’a nettoyé (le mieux est de nettoyer à la vapeur ou à l’eau claire), ni le bois de l’armoire où il est entreposé (toujours le ranger sur son pied donc), ni le carton de sa boîte.

Ensuite, la forme a bien sûr une importance capitale, surtout pour les vins effervescents. Passons en revue quelques grandes marques convenant aux bulles…

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Quelques belles références

Le contenu d’un verre à vin est habituellement de 15 à 30cl, mais les verres pour les effervescents sont souvent plus petits que les autres. Par ailleurs, comme ils sont généralement associés à l’apéritif ou à un moment festif, ils sont plus légers et leur tige ne doit pas être trop courte pour que la main ne soit pas trop proche du gobelet, nous l’avons déjà relevé. Ce qui est encore plus important pour un vin effervescent que pour un autre vin.

Le marché de la verrerie est traditionnellement dominé dans l’Horeca par des marques allemandes ou autrichiennes (Riedel, Schott Zwiesel ou Spiegelau), mais des marques italiennes ou françaises (Chef & Sommelier, Lehmann), et même chinoises, sont venues bousculer le marché.

Les prix varient très fort d’une marque à l’autre, selon que le verre soit soufflé bouche (plus léger mais plus fragile) ou machine (plus lourd mais plus résistant). Le cristal contient aussi du plomb (sans aucun danger pour la santé), car celui-ci abaisse le point de fusion du verre et stabilise sa composition. Il le rend aussi plus lumineux et lui donne une sonorité particulière. De nombreuses marques remplacent le plomb par du titane qui résiste mieux aux éclats et fissures et permet un passage au lave-vaisselle.

Enfin, le cristal est aussi plus poreux et rugueux que le verre, il génère plus de « turbulence » dans le gobelet lorsque l’on fait tourner le vin, assurant ainsi une meilleure aération du vin.

Les trois marques les plus populaires sont :

      • Spiegelau Adina Prestige est une flûte classique, assez polyvalente, où le plomb est remplacé par du platine. Un verre gracieux, très utilisé par les professionnels du vin et – la grande restauration. D’un rapport qualité/prix exceptionnel, ce verre est fin et solide à la fois, avec une expression aromatique harmonieuse. Prix : ±20€
      • Riedel Veritas : un verre ultra fin et délicat malgré son large volume (44,5cl), à utiliser de préférence pour les effervescents gastronomiques et millésimés. Avec plomb.
      • Schott Zwiesel Enoteca Champagne : la marque fut la première à proposer cette forme élégante et d’un très haut niveau de qualité. Un verre soufflé bouche indémodable, produit sans plomb, durable et résistant. Comptez quand même environ 35€ le verre.

Dégustation comparative

Plus abordable et très présente sur le marché belge grâce à son importateur PiCLA (Grez-Doiceau), que l’on croise souvent dans les foires et salons, Lehmann Glass (basé à Reims) propose notamment la gamme Signature, une collection de verres de grande qualité.

Elle a été conçue et réalisée avec des grands chefs ou des grands sommeliers, tels que feu Gérard Basset (Meilleur Sommelier du Monde en 2010), Fabrice Sommier (Meilleur ouvrier de France Sommelerie 2007 et chef sommelier du restaurant gastronomique Georges Blanc jusqu’en 2021), Philippe Jamesse (sommelier du Domaine des Crayères à Reims pendant 18 ans), et Arnaud Lallement, chef triplement étoilé de L’assiette champenoise.

Nous avons rassemblé une quinzaine de verres, de tailles et de marques différentes, et dégusté successivement deux effervescents dans cet assortiment : un 100% Chardonnay ainsi qu’un effervescent assemblant cépages classiques et résistants.

Bulles Chardonnay

Première remarque : l’effervescence n’est pas la même partout. Dans certains contenants, les bulles semblent coincées, alors qu’elles forment de belles cheminées dans d’autres. L’explication tient à la présence (ou non) d’une marque dans le fond du verre. Lorsque le piqué est prononcé, celui-ci favorise une longue et précise effervescence.

Le nez : les verres avec une ouverture étroite ont tendance à retenir l’expression des arômes qui trouvent une meilleure expression dans des verres de contenance moyenne à large, avec un diamètre d’ouverture de 67 à 90 mm. Certains verres révèlent des notes d’agrumes et de zeste que d’autres n’ont pas.

Après remuage, le verre Hadrien ainsi que le M5 de la collection Lallement, les série Absolus et Opale donnent, tant au nez qu’en bouche, de très beaux résultats.

Cette dernière collection a été créée pour répondre au souhait des maisons de Champagne d’avoir une flûte ayant un fond piqué marqué permettant de mettre en exergue les fines bulles de leurs grands crus. De nombreux vignerons wallons l’ont choisie. Le petit modèle est particulièrement pratique pour les dégustations avec beaucoup de public, mais le modèle supérieur est préférable pour des dégustations plus intimes.

A noter que le verre n’est pas autorisé pour les dégustations en plein air, la gamme Vitus en plastique est donc une alternative. A condition de ne pas s’attarder sur le nez…

Vitus, des verres en plastique de qualité

Mention spéciale pour le Premium et le Grand Champagne  de Jamesse qui mettent véritablement le vin en valeur, et surtout pour  l’Oenomust créé en collaboration avec Gérard Basset, qui allie tradition et modernité.

Pas forcément élégante (quoique…), sa forme ventrue sublime réellement la dégustation, tant pour les blancs et rouges que pour les bulles (il existe une flûte Oenomust, mais le grand verre est tout aussi bien, sinon mieux).

Sa forme est très pratique, elle permet en effet une rotation aisée et une oxygénation facile du vin. Dans la série évaluée, l’Oenomust offre le nez le plus riche, il sera le seul à révéler une légère amertume en fin de bouche. Après carafage, il est également le seul à révéler des notes de pamplemousse, de citron vert ou de mandarine.

Oenomust, un verre pas très élégant mais très efficace

Bulles résistantes

Le résultat de ce vin choisi en Extra Brut fut surprenant, à plus d’un titre, car ce sont les petits formats qui ont le mieux fonctionné au nez, contrairement au chardonnay.

En bouche, le Janesse Premium a véritablement apporté un registre aromatique plus large que les autres verres. Cette dégustation est purement informative, tous les débats sont ouverts…

Pour Amaury de Jamblinne, gérant de PiCLA, si les verres Hommage (Basset) et ceux de Sommier fonctionnent bien en gustatif, la gamme la plus belle est la Collection Lallement (M5 et n°2).

> Plus d’infos dans le showroom de PiCLA, chaussée de Wavre 203c à 1390 Grez-Doiceau, picla.be. A noter que l’activité principale de la société est l’aménagement et la climatisation des caves à vin. La personnalisation des verres est également disponible.

Marc Vanel

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* : PITTE, Jean-Robert, “La bouteille de vin. Histoire d’une révolution”, Ed. Tallandier, Paris, 2013

 

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