Responsable de production recherché à Antheit

Planté en 2021 et 2022 en Gamay et Chasselas, le vignoble du Val Notre-Dame fait partie intégrante de Terres du Val, un domaine sur lequel la famille Jolly développe une série de projets durables (la Ferme du Val, Naxhelet, “Boulangépicerie” Champain). Mené en biodynamie, il s’étend actuellement sur 10 hectares.

La famille Jolly recherche à présent un.e responsable de production (vignes et chai) qui sera en charge de la production des vins tranquilles blancs et rouges ainsi que d’un effervescent.

Parmi les tâches à assurer, l’installation et de l’aménagement du chai prévu pour 2024, la gestion du vignoble, du chai et des équipes, l’obtention des agréments, et plus encore…

Le ou la candidat.e doit avoir une formation BTS viticulture-œnologie et une expérience d’au moins 10 ans avec minimum 8 vinifications à votre actif. Formation en agronomie bienvenue, et la connaissance de la biodynamie est un atout.

Candidature et CV à adresser à Charles-Edouard Jolly – charley@ecojolly.be

Devenez ami ou grand ami du domaine du Chenoy

Alors que le vignoble s’apprête à fêter en juin prochain ses vingt ans d’existence et les cinq ans de l’arrivée des deux frères Despatures, le domaine a récemment lancé un « Club des Amis du Chenoy ».

Celui-ci compte déjà 150 membres et est organisé en deux formules : « Ami » et « Grand Ami ».

Avec le versement d’une cotisation unique de 150 euros, « l’Ami » reçoit un carton découverte des six vins du domaine, une bouteille d’Helixir en prime et toute une série d’avantanges (primeurs, réductions,…) et pour 300 euros, le « Grand Ami » reçoit deux cartons, un Helixir ainsi que du jus de raisin, un pot de miel et une sélection de chocolats Gerbaud choisis en accord avec les vins.

D’autres avantages sont également prévus, ils sont à découvrir sur domaine-du-chenoy.com.

Newsletter 17

Plantation des Pinots chez Vin de Liège

Ces nouvelles variétés résistantes venues d’Italie

Après avoir consacré deux lettres d’infos à la place des cépages résistants en Wallonie (Lettres n°2 et n°9), voici à présent un focus sur les nouveaux cépages résistants italiens qui pourraient bien bouleverser le paysage vinicole des prochaines années.

Depuis la création du domaine du Chenoy par Philippe Grafé en 2003, les variétés de vignes résistantes connaissent une croissance permanente, même si les deux cépages les plus populaires en Belgique demeurent le Chardonnay et le Pinot noir. Les locomotives à bulles que sont le domaine du Chant d’Eole et Ruffus, y sont évidemment pour quelque chose.

Représentant 30 à 40% des vignes plantées en ce royaume, les cépages résistants ont permis de développer ces dix ou douze dernières années en Wallonie une viticulture plus respectueuse de l’environnement et l’émergence de domaines bio, tels que Vin de Liège, Château de Bioul, Tour de Tilice, Domaine de la Bouhouille, Coteaux des Avelines ou quelques autres.

Outre le fait qu’ils nécessitent moins de traitements phytosanitaires, ils permettent grâce à leur originalité, de développer progressivement une véritable identité belge. Et en cette période de changement climatique, c’est tout sauf négligeable.

Cette tendance est loin de s’inverser, car, depuis un an ou deux, de nouvelles variétés arrivent arrivent dans nos vignobles, dont celles de la coopérative Vivai Cooperativi Rauscedo – VCR en Italie, la plus grande pépinière dans le monde.

© VCR

« Elles sont, explique le pépiniériste italien, le résultat d’un programme de croisement entamé en 1998 pour obtenir des nouveaux cépages résistant au mildiou et à l’oïdium avec un potentiel œnologique élevé. Ceux-ci contiennent une part prépondérante du génome de Vitis V. (plus de 90%) par rapport aux porteurs de résistance du genre Vitis. Ces programmes ont été intensifiés depuis 2006 grâce à la constitution de l’Institut de Génomique Appliquée – IGA dont VCR est partenaire financier.

Depuis 2015, VCR a également entamé un programme de croisement pour obtenir des nouveaux cépages résistants de cuve, de table et de porte-greffe ainsi que des variétés autochtones améliorées (VAM) sélectionnées dans le but d’allier tradition et innovation dans leur ADN. »

Le siège de VCR

Ces dernières années, des centaines de croisements différents ont ainsi été réalisés, aboutissant à des centaines de milliers de génotypes résistants, qui sont en cours d’évaluation agronomique et œnologique. Dans un avenir proche, seront donc disponibles sur le marché des variétés résistantes issues de variétés italiennes telles que Glera, Nebbiolo, Sangiovese, Cannonau, etc. Ou également issues de cépages français (Sémillon, Chenin, Tannat, Syrah) ou espagnols (Albarino, Parellada, Macabeo, Godello…).

Quatrième génération

Premier acteur mondial dans son domaine, VCR produit 80 des 130 millions de boutures de pieds de vigne achetées chaque année en Europe, dont 2,3 millions de boutures de variétés résistantes. La coopérative multiplie quelque 646 variétés, dont une soixantaine destinées à la table. Près de la moitié de sa production est exportée, c’est dire l’importance de la pépinière.

« Aujourd’hui, a déclaré Kevin Baralon, directeur de VCR France sur Vinseo , sur la base des croisements des années 1970 réalisés en Allemagne, en Hongrie, en Autriche, en Suisse et en Italie du Nord, nous avons une large palette de cépages de quatrième génération qui permettent une production viticole qui est bien tolérée par le consommateur. »

La création d’une nouveau cépage résistant nécessite plus 15 ans de recherche et d’observation, les résistants sont donc dignes de confiance, contrairement à ce que certains opposants répètent.

Et surtout, comme le souligne l’association PIWI sur son site (le nom allemand des résistants), « des quantités importantes de produits phytosanitaires (fongicides) sont appliquées en viticulture pour prévenir d’éventuelles infestations fongiques et sécuriser la récolte. Selon les analyses de l’office statistique de l’UE (EuroStat), l’utilisation de pesticides par hectare et par an en viticulture est de loin la plus élevée par rapport à tous les autres produits agricoles produits dans l’UE. Cependant, les vignes PIWI ont une résistance élevée aux maladies fongiques et permettent une réduction significative de l’utilisation des pesticides et protègent ainsi l’environnement. 

(…) Les vignes PIWI sont des croisements entre les espèces de Vitis, où les caractéristiques exceptionnelles, la résistance et les qualités du vin sont combinées les unes avec les autres. Un élevage et une sélection ciblés aboutissent à de nouveaux cépages innovants qui permettent de rendre la viticulture plus durable et de relever les défis futurs du vignoble. Tous les cépages PIWI actuellement agréés pour la viticulture sont créés selon la méthode classique de sélection de la vigne. »

Le chai des micro-cuvées – © VCR

Dans le cadre du programme transfrontalier EMRWINE Euregio Rhin Meuse, le directeur de VCR, Eugenio Sartori, présentera les 2 et 3 février 2023 une vingtaine de microcuvées de ces nouveaux résistants qui portent des noms qui résonnent familièrement à l’oreille: Pinot Kors, Pinot Iskra, Merlot Kanthus, Merlot Khorus, Sauvignon Kretos, Nepis ou Rytos, ou encore Cabernet Eidos ou Volos, pour ne citer que ceux-là. Un Chardonnay résistant est même annoncé… [A noter toutefois que la conférence est déjà complète]

Focus sur quelques-uns d’entre eux :

> Pinot Iskra B : SK-00-1/7 x Pinot blanc (code UD. 109-033). Sur le plan sensoriel, Il est très similaire au Pinot blanc parental. Son profil aromatique montre une bonne intensité d’arômes fruités-fermentaires, floraux et d’agrumes. Il convient à la production de vins mousseux ou de vins parfumés.

> Soreli B : Tocai Friulano x 20-3. Excellente résistance au mildiou (Rpv 12, Rpv 3) et bonne à excellente résistance à l’oïdium. Sensibilité réduite au botrytis et à la pourriture acide. Potentiel oenologique : l’accumulation de sucre est excellente et l’acidité est dans la moyenne, même les années chaudes. Il est adapté à l’assemblage avec Fleurtai pour des vins structurés.

> Pinot Volturnis N : Pinot noir x 99-1-48 (code UD. 156-312). Excellente résistance au mildiou. Proche du cépage parental Pinot noir, son profil offre de délicates notes florales, puis de fruits rouges et d’épices. Haute teneur en anthocyanes.

Grappe de Volturnis – © VCR

> Pinot Kors N : Pinot noir x 99-1-48 (code UD. 156-537). Lui aussi proche du Pinot noir, son profil aromatique présente des notes intenses de fruits rouges mûrs rappelant les cerises noires et les fraises des bois, perceptibles également en fin de bouche.

> Fleurtai B : Tocai Friulano x 20-3 (code UD. 34-111). Résistance au froid jusque -23°C ! Bonne accumulation de sucre avec une acidité moyenne. Notes de fleurs blanches, poire et d’amande typiques du parent Tocai Friulano.

> Sauvignon Rytos B : Sauvignon x Bianca. Très bonne résistance au gel. Notes tropicales combinées à un parfum minéral marqué. Ce cépage permet d’élaborer des vins à la trame aromatique intense et à l’amplitude potentielle positive et très complexe. On retrouve des propriétés du même ordre dans le Sauvignon Nepis ou le Sauvignon Kretos.

> Merlot Khorus : Merlot x 20-3 (code UD. 31-125). Très bonne résistance au mildiou et bonne résistance à l’oïdium. En moyenne, sensible au botrytis, à la pourriture acide et à l’anthracnose dans des conditions favorables au développement de la maladie. Résistance jusqu’à -20°C. Son profil aromatique montre des notes évidentes de fruits rouges. Haute teneur en anthocyanes et en tanins pour un développement de qualité lors d’un élevage moyen à long.

> Kersus : SK-00-1/7 x Pinot blanc (code UD. 109-052). Excellente résistance à Peronospora et bonne résistance à l’oïdium. Bonne résistance aux baisses hivernales jusqu’à -20°C. Sur le plan sensoriel, le vin de Kersus s’apparente au Chardonnay avec quelques notes de Pinot Grigio. Grande intensité de senteurs florales et d’agrumes qui évoluent vers les fruits exotiques.

> Julius : Regent x 20-3 (code UD. 36-030). Bonne résistance au mildiou et à l’oïdium. Sensibilité réduite à l’anthracnose. Le profil aromatique est très positif en raison des composés glycosides qui s’accumulent de façon optimale en intensité et amplitude. Il a une concentration de notes florales et fruitées supérieure à la moyenne.

Dossiers et fiches techniques disponibles sur le site de VCR.

Témoignages de nos membres

En Wallonie, plusieurs domaines ont déjà plantés des cépages VCR à titre expérimental.

A la coopérative Vin de Liège, une première plantation a été faite en 2021 avec quatre variétés issues de croisement avec du Pinot noir. « Leur comportement a été parfait, déclare Alec Bol, administratreur-délégué, la résistance au mildiou fut totale en 2021 alors qu’il y en avait un peu partout,. De l’oïdium a touché les feuilles d’un des cépages, mais nous étions prévenus de sa sensibilité. Une petite récolte en 2022 nous a permis de faire des essais de vinification, mais il faut reconnaître que nous ne sommes pas équipés pour des micro-cuvées. Il est plus facile de vinifier 6000 litres que 6…  Nous allons en planter d’autres, des Merlots cette fois, en collaboration avec le Vignoble des Trois Rois dont une des parcelles touche la nôtre, cela permettra d’en développer davantage. »

Benoît Heggen et son tout jeune Pinot Kors…

Vingt kilomètres plus à l’est, au Domaine des Marnières à Warsage, Benoît Heggen est lui aussi très enthousiaste. « J’ai planté 2 x 500 pieds de Pinot Kors et de Kersus pour pouvoir remplir un fût de chaque variété mais je n’ai pas encore effectué de vinification. Durant ces deux premières années de production, j’ai pu observer une forte croissance alors que la parcelle est sur des sols de graviers. Je n’ai fait aucun traitement, et le Chardonnay juste à côté a été lui fortement touché par l’oïdium. Une chose intéressante à relever, le porte-greffes est plus haut que les autres, la plante a donc beaucoup plus de nourriture pour alimenter l’œil qui va sortir. »

Le vignoble de Matthieu Roy planté à Villers-la-Ville en 2022 (photo jprise en juillet) – © Vanel

Enfin, dans le Brabant wallon, à Villers-la-Ville, Matthieu Roy a planté l’an dernier 3,5 hectares de cépages résistants, dont une large part de Merlot Khorus et de Pinot Kors. « Je n’ai bien sûr pas encore assez de recul, mais j’ai constaté une très belle vigueur et seulement 2% de pertes. Tous deux résistent sans traitement, même si l’oïdium a touché quelques feuilles. Et le 15 novembre, j’avais encore beaucoup de feuilles. »

Marc Vanel – janvier 2023

 

 

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Un Helixir de jouvence pour fêter les 20 ans du Chenoy

Pour fêter sa double décennie et les 5 ans de la nouvelle équipe, le Domaine du Chenoy présente une eau-de-vie élaborée à base de son Muscat bleu. A découvrir pour les fêtes, et après…

Planté en 2003, le domaine du Chenoy avait frappé fort à l’époque en plantant dix hectares de variétés résistantes. Philippe Grafé ne savait pas alors qu’il allait révolutionner le monde viticole belge et encourager toute une série de vignerons wallons à entrer « en résistance ».

En 2017, Philippe Grafé a cédé sa place à la tête du vignoble à Jean-Bernard et Pierre-Marie Despatures, mais toujours avec Fabrice Wuyst, son ancien associé. Le duo modifia les assemblages, diminua le nombre de cuvées, introduisit des barriques et acheva la certification bio. Un virage très remarqué.

Aujourd’hui, pour fêter les 20 ans du domaine et rendre hommage à son créateur (dont l’empreinte digitale figure sur l’étiquette), les frères Despatures viennent de sortir une eau-de-vie réalisée en collaboration avec Bernard Zacharias, ami de Philippe mais surtout ici directeur de la distillerie Radermacher à Raeren, non loin de la frontière allemande.

Celui-ci a réalisé un distillat de Muscat bleu (planté en 2004) qui a ensuite été élevé trois ans dans des barriques de bourbon et « fini » dans une barrique de Grand Chenoy.

Baptisé Helixir (dont le nom évoque l’escargot namurois), cette eau-de-vie est très parfumée et savoureuse, avec des notes de miel et de poire, et une légère pointe de violette.

Le Chenoy rejoint ainsi le club des vignobles wallons qui distillent une partie de leur production, à savoir e.a. Ruffus, Eole ou Bousval. A priori, ce ne sera pas un coup d’essai, car de nouvelles barriques sont déjà à l’élevage.

En vente au domaine au prix de 45€ (bouteille de 50cl) – Dégustation sur place le 10/12. Infos : page Facebook du domaine.

M.V.

 

 

Fêtez l’an neuf avec les vignerons wallons

Voici quelques événements à ne pas rater dans le vignoble wallon en cette fin d’année qui devrait être enneigée…

10 décembre – Show Cooking au Chant d’Eole !

Une première pour le Chant d’Eole : Carlo de Pascale et son complice Sébastien Hayot proposent  un show cooking dans le « Restaurant dans les Vignes » le 10 décembre à midi. Un moment unique d’inspiration pour vos dîners de fêtes. Au menu : mise en bouche, entrée (truite fumée), plat (ballottine de volaille) et dessert. Prix : 75 € par personne / hors boissons à réserver sur le site du domaine : www.chantdeole.be/show-cooking

10 décembre – Helixir

Le domaine du Chenoy fera déguster Helixir, une eau-de-vie produite pour son 20e anniversaire. Cf. article dédié.

10 et 17 décembre – Vin de Liège

La coopérative annonce deux dégustations de 6 de ses vins, sur place, au chai. L’adresse: rue Fragnay 64 à 4682 Heure-le-Romain. Infos: 04 344 00 14 ou info@vindeliege.be.

La gamme de Bousval

10 et 17 décembre – Château de Bousval

Les samedis 10 et 17 décembre de 10h30 à 12h30, ventes et dégustation au Vignoble du Château de Bousval. Vous aurez la possibilité de déguster le Gouttes d’O, le Tout Cru et le Marc de Bousval que vous pourrez acheter. àla bouteille ou par caisse. A cette occasion, la caisse découverte “La Totale du Château de Bousval” y sera également mise en vente, en édition limitée : avec six vins dont trois rares… L’adresse: 23 rue du Grand Arbre à 1470 Bousval. Infos: 06 755 07 20 ou info@chateaudebousval.be

17 décembre – Vin du Pays de Herve

C’est de saison, la coopérative de VDPH propose un « vin chaud » dans les vignes autour du chai. Réservation sur le site. Prix: 3 euros. Infos: 0472 49 37 09 ou info@vindupaysdeherve.be

18 décembre – Virton

L’équipe du Poirier du Loup à Torgny mettra ses vins en vente au Noël du Coeur, organisé par le Rotary sur la Grand-Place de Virton le dimanche 18 décembre. Concerts à partir de 16h, mini-marché de 18 à 20h. Depuis 20 ans, cette opération vient en aide aux personnes les plus défavorisées de la région. Infos: www.virton.be/evenements/noel-du-coeur

En plus du marché, les vins du Poirier du Loup seront proposés en coffrets de 1, 2 ou 4 bouteilles à 20, 40 ou 60€ à commander via lepoirierduloup@gmail.com et à retirer à la cave le jeudi de 10 à 12h, place Albert Paul à Torgny.

> 30/12 – le Chalet d’Hiver du Chant d’Eole

Après sa réussite durant tout l’été dernier, le Restaurant dans les Vignes du Domaine du Chant d’Eole devient le Chalet d’Hiver jusqu’au 30/12 (photo ci-dessus) et propose un buffet savoyard revisité à la belge avec du fromage à raclette belge, fondues de fromage, buffet de salaisons belges et de crudités, et tout cela pour un prix de 32 €. La carte de suggestions fait bien sûr la part belle aux plats de saison avec, notamment, une choucroute maison, un superbe cassoulet, un civet de gibier… et l’indispensable tartiflette. Le tout arrosé d’une carte boissons et vins toujours 100% belges !

Horaire : du mercredi au dimanche en soirée, ainsi que le midi samedi et dimanche. Vu le succès déjà enregistré pour cette nouvelle activité, le restaurant sera à nouveau ouvert du 6/1 au 5/3/2023. Infos et réservations sur le site www.chantdeole.be ou par téléphone du lundi au vendredi de 9 à 12h  au 065/22 05 00 ou encore par email à events@chantdeole.be.

Newsletter 16

Viticulture et climatologie :
un sujet  d’actualité

Station météo au Domaine de la Portelette – © Vanel

L’anticipation des risques climatiques (pluie, gel, grêle, etc.) et des maladies susceptibles d’affecter la qualité des raisins et des vendanges est un enjeu majeur dans notre viticulture. Chercheur à l’ULiège et l’UBourgogne, le climatologue Sébastien Doutreloup s’intéresse au sujet depuis plusieurs années. Entretien.

« Mon intérêt de climatologue pour la vigne a débuté à la fin de ma thèse de doctorat, explique-t-il, j’étais toujours assistant à l’Université et il fallait que je trouve un sujet de recherche. Il y a de plus en plus de vignobles en Wallonie mais personne n’étudie le climat de la vigne. En Belgique du moins, car j’ai beaucoup de collègues étrangers qui le font.

J’ai donc initié un partenariat avec l’Université de Bourgogne et je suis parti à Dijon pour travailler avec eux. Mais la vigne est immensément complexe, comme le climat, je me suis donc contenté des variables climatiques qui influencent la vigne. On parle souvent de changement climatique, mais la difficulté est de caractériser ce changement et de décrire l’évolution des cépages qu’il faudrait prévoir. »

Pour répondre à cette question, Sébastien Doutreloup s’est donc associé à d’autres climatologues et chercheurs, dont Benjamin Bois, agronome de Dijon et de l’Institut de la Vigne et du Vin (Université de Bourgogne). Ensemble, ils ont choisi d’utiliser le Modèle Atmosphérique Régional (MAR) développé à l’Uliège afin de comparer le climat belge avec celui de la Champagne, de la Bourgogne, de l’Alsace et du Jura et d’identifier la position de la Belgique dans cette comparaison et sa potentialité viticole actuelle avec le réchauffement climatique.

Plus de 150 points de collecte

« Développé majoritairement à Uliège,  le MAR est utilisé pour les prévisions météo mais aussi pour la vigne. Pour observer le climat, relève le chercheur, des données ont été enregistrées en Belgique à partir de 27 stations du réseau SYNOP installées entre 2000 et 2020, et en France, à partir de 145 stations réseau Météo France.

L’un des 150 points de collecte de données. ici à Chevron. © Vanel

Nous avons ainsi pu analyser plusieurs variables. Tout d’abord, les variables météo annuelles et saisonnières (température annuelle, minimale et maximale, pluviométrie) mais aussi les indices bioclimatiques (l’indice d’Huglin qui donne une bonne idée du climat nécessaire à la culture d’un cépage), mais aussi les jours de gel au printemps, les jours chauds en été ainsi que les précipitations cumulées d’avril à septembre.

A cela s’ajoutent encore l’observation des indicateurs phénologiques du Chardonnay, variété commune aux quatre régions, aux quatre stades clés de son développement (débourrement, floraison, véraison et maturité) ainsi que plusieurs autres données comme le pourcentage d’années gélives après la date de débourrement. 

Ces données, poursuit le climatologue, ont été transformées en indicateurs phénologiques pour voir si MAR permettait de bien représenter les stades-clés de la vigne (nous avons regardé cela pour le Chardonnay) ainsi que plusieurs autres données comme le pourcentage d’années gélives après la date de débourrement. 

L’étude continue de ces variables a permis de classer les types de climats et de voir qu’à chaque type de climat était associé un type de cépage. Cela va du Müller-Thurgau et du Pinot gris dans les climats froids à la Syrah ou au Viognier dans les climats chauds jusqu’au Nebbiolo dans les climats très chauds. On voit ainsi qu’en Belgique, on préfèrera le Pinot gris plutôt que le Carignan réservé aux climats chauds et très chauds.

Ces variables, représentées dans le tableau ci-après, permettent de dire que la Belgique (considérée dans son ensemble , région côtière et région de l’Ardenne exclues) est la région où les températures minimales moyennes sont les plus basses au printemps (1,3°), mais aussi en été (20.0°) ou sur l’année (10,2° de moyenne).

Au niveau de la pluviométrie, pour les quatre régions, le Jura est celle qui a l’indice le plus élevé – (1339 mm/an) et l’Alsace la plus faible (614mm/an). En Belgique, la moyenne de 827mm/an.

© Sébastien Doutreloup

Belgique = Champagne ?

« On pense souvent que la Belgique ressemble à la Champagne, mais si l’on considère les degrés-jour qui permettent d’évaluer la rigueur du climat d’une année à l’autre et d’une région à l’autre, on constate que le climat est plus froid chez nous, avec un écart de l’ordre de 180 degrés-jour environ et surtout que notre pays est la plus gélive des quatre régions. »

A noter que pour 2020, l’indice d’Huglin est de 1800 degrés-jour mais seulement de 1100 en 2021. Il est important dès lors de regarder à la fois la moyenne sur 20 ans, mais également sa variabilité.

Sébastien Doutreloup et ses confrères ont également étudié les stades de développement du Chardonnay. Très présente dans les trois autres régions, c’est aussi la variété la plus plantée en Belgique.

« La Belgique est la région la plus tardive à tous les stades de croissance du Chardonnay et il faut absolument que sa maturité phénologique soit atteinte avant le 31/10, car après cette date, il fait trop froid pour vendanger. 

En synthèse, on peut dire que sur la période 2000-2020, la Belgique est :

  • classée comme « très froide » selon l’indice d’Huglin,
  • plus tardive que la Champagne et le Jura, il faut donc préférer d’autres cépages plus précoces pour éviter le risque de non-maturité,
  • le gel printanier est le plus gros risque, il gèle après débourrement quasiment un an sur deux. Il faut donc préférer les cépages au débourrement tardif
  • les précipitations et les jours chauds ne sont pas un risque, sauf peut-être dans le sud de la Wallonie. »

Quid de l’avenir ?

Qu’en sera-t-il de la viticulture belge dans un futur proche ou lointain ? Sébastien Doutreloup et les autres chercheurs en climatologie confrontent leurs simulations aux modèles du GIEC qui estiment l’évolution du climat en fonction des émissions des gaz à effets de serre.

Si l’on utilise le scénario de réchauffement climatique le plus réchauffant, on se dirige vers un indice d’Huglin de + de 2000 degrés-jour avec une augmentation de 5 à 6°C d’ici la fin de ce siècle. Ce qui signifie que l’on pourra alors planter du Grenache ou de la Syrah en Belgique…

© Sébastien Doutreloup

« Mais certains scénarios vont plus vite que ce que certains modèles annoncent, conclut-il. Etant donné que le changement climatique est plus rapide que le développement d’une vigne, certains viticulteurs me demandent s’il faut déjà déjà planter du Merlot pour les prochaines années. Le climat évolue et se réchauffe, certes, mais, en Belgique, il subsiste aussi une grande variabilité météorologique.

Comme je l’ai déjà souligné, l’indice d’Huglin était de 1800 chez nous en 2020 et seulement de 1100 l’année suivante. Cela implique une énorme différence de production, notamment au niveau de la vigne, et cette variabilité, il y a fort à parier que nous allons la garder.

Quant à savoir si la Belgique a le même climat que la Bourgogne il y a 40 ans, je dirais que cela dépend du point de comparaison. Selon l’indice d’Huglin, oui, effectivement, mais celui de la Bourgogne aussi, nous avons donc un décalage d’une trentaine d’années climatologiquement parlant. Il est aussi normal que certaines années soient meilleures que d’autres, cela existera toujours, et si on lisse cela sur 10 ou 20 ans, nous évoluons effectivement vers des températures plus chaudes. Mais il peut y avoir des variabilités au sein d’une même année et en 2023, les vendanges pourraient se faire 15 jours plus tard. D’autres études sont déjà en cours, nous ne sommes qu’au début de la climatologie appliquée à la vigne… »

Entretien : Marc Vanel

> Les commentaires de cet article sont extraits d’une présentation du Dr Sébastien Doutreloup effectuée dans le cadre du projet EMRWine en mai dernier et d’un entretien réalisé en septembre.

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