5 vignobles de plus en Wallonie! ESSENTIELLE VINO juin 2018

ESSENTIELLE VINO de juin 2018 par Marc Vanel

(photos copyright Marc Vanel)

 

 

5 vignobles de plus !

L’événement est de taille : la première véritable coopérative viti-vinicole de

Wallonie est née en mars dernier à Sirault, un petit village entre Mons et

Ath, non loin de St-Ghislain. Nous écrivons « véritable », car il existe bien

sûr celle de Vin de Liège par exemple, mais ici la démarche est différente.

Ces vignerons siraultois sont des passionnés qui ont commencé à planter

chacun dans leur jardin ou sur un lopin de terre disponible, mais qui

aujourd’hui ont planté des nouveaux terrains au point d’atteindre plus de

2,5 ha. Terrains et équipement appartiennent désormais à la coopérative

« Le Vignoble de Sirault » qui compte 11 membres fondateurs.

Présidée par Jean-Christophe Vanderelst, la coopérative rassemble des

personnalités du village (pharmacien, médecin, journaliste, etc.) et plusieurs

agriculteurs, mais, explique le secrétaire Thierry Vangulick, « nous

voulons aussi que la coopérative devienne un véritable outil d’animation

dans le village, un lien social avec les moins valides, les jeunes, les

anciens. Déjà aujourd’hui, les scouts et des retraités viennent nous donner

un coup de main pour les travaux. Et pour les futures vendanges, tout le

monde se bouscule pour un événement que tout le village attend avec

impatience. Notre objectif est de nous inscrire dans une logique de développement

durable et de circuit court. Mais l’idée première, c’est avant tout

de produire de bons vins, issus de notre terroir. »

Pour y parvenir, la coopérative a déjà planté quelque 6000 pieds aux

quatre coins du village. Le Muscaris représente un peu plus d’un tiers des

plantations, suivi du Souvignier gris, du Johanniter et du Cabernet cortis.

« Nous voulons atteindre rapidement 10.000 pieds et produire aussi bien

des vins rouges, des blancs et même des rosés, conclut Th. Vangulick. »

Le vignoble wallon est en pleine expansion. Ce printemps, près de

12 hectares ont été plantés aux quatre coins de la Région. Tour de piste.

 

Un nouveau voisin pour Ruffus et Eole

Egalement dans le Hainaut, mais plus à l’est, formant la pointe d’un

triangle imaginaire entre le Vignoble des Agaises-Ruffus et le Domaine

du Chant d’Eole, un nouveau domaine de 4,2 hectares vient d’être planté

à Nouvelles mais il n’a pas encore été baptisé. Même sol calcaire que

les deux autres vignobles et quasi les mêmes cépages de Chardonnay,

Pinot noir et Pinot meunier. A la barre, le Belge Vincent De Busscher

(53 ans) et la Champenoise Laurianne Potié (38 ans), fille de vigneron

dans la Marne. Le premier, ami de la famille, venait faire les vendanges,

la seconde a un jour décidé de se lancer à son compte et pourquoi pas

en Belgique. Il ne s’agit pas d’une affaire de coeur comme on pourrait

l’imaginer, mais bien de passion du vin. « Quand Vincent me parlait de la

renaissance de la viticulture en Belgique, cela me semblait complètement

fou. Je suis issue d’une famille qui a une longue histoire avec le vin, mais

ici, tout a été créé de toutes pièces. En quelques années seulement et

en plus c’est bien… On a ici une liberté qu’on n’a pas là-bas, c’est un vrai

laboratoire expérimental ».

De son côté, issu de milieux financiers, Vincent De Busscher avait

envie de se lancer un nouveau défi. « Nous avons planté à l’alsacienne,

explique-t-il, tous les deux mètres pour laisser passer le tracteur vigneron.

Les vignes seront hautes, et la culture sera biologique en méthode intégrée,

c’est-à-dire naturelle tant que cela marche, mais sans agents CMR,

« cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques. Nous sommes ici sur un

site classé, nous avons dû demander deux fois plus d’autorisations qu’un

autre, tous nos produits ont été sélectionnés par l’Université de Gembloux

qui nous suit de près. Les porte-greffes respectent la minéralité du sol,

nous avons planté 3300 pieds de Chardonnay, 3500 de Pinot meunier et

3400 de Pinot noir sur 4,2 hectares. Et il y a du potentiel autour de nous. »

Il faut toutefois patienter encore quelques années avant de découvrir les

premières bulles.

 

 

Près de Charleroi

Changement de cap, remontons à présent vers Landelies (Montigny-le-Tilleul)

pour une expérience plus qu’intéressante : le domaine du Blanc Caillou

vient d’être planté sur une parcelle composée de terres redéposées par la

Carrière des Calcaires de la Sambre au fil des années. L’histoire démarre

deux ans avant avec la dégustation au Logis Montagnard d’une des rares

bouteilles de Marc Boddaert qui bichonne depuis bien longtemps un micro-

vignoble de dix pieds dans son jardin. Ce qui lui permet de produire six

bouteilles chaque année… La dégustation ayant été appréciée par Michel

Evrard, directeur des Carrières et membre lui aussi du Logis Montagnard,

celui-ci lui propose de projeter l’expérience sur… 1,5 hectare disponible

derrière la carrière. Le sol est très calcaire, mais il a été enrichi en matière

organique à laquelle on ajoute de la « vesce de Hongrie », un système

racinaire profond pour aérer le sol et activer la vie microbienne. « Nous

extrayons 750.000 tonnes de calcaire tous les ans et nous avons une

autorisation pour exploiter 25 hectares pendant encore 20 ans. Le plan

de secteur prévoyant 70 hectares, nous avons lancé une procédure en

2016 pour continuer à exploiter la carrière pendant 90 ans. On s’attendait

à avoir des réticences des voisins, mais il n’en fut rien. J’ai voulu lancer ce

vignoble pour un jour remercier les voisins de nous permettre de continuer

à faire vivre environ 150 familles. »

Une coopérative a donc été lancée, la Carrière a acheté le tiers des parts,

le reste est toujours partiellement disponible, avis aux amateurs. Près

de 6500 pieds ont été plantés et inaugurés ce 1er juin dernier, tous des

cépages résistants : Johanniter (53 %), puis Solaris, Souvignier gris et,

quelques pieds de rouges, Regent et Divico. D’ici trois ans, les actionnaires

recevront deux bouteilles chaque année, les autres étant vendues

ou distribuées aux aidants.

 

A deux pas

A une dizaine de kilomètres, sous la Portelette à Lobbes, Bertrand

Halbrecq et Pierre Conreur ont planté 1,5 hectare de Souvignier gris,

Johanniter et de Muscaris dans l’idée de produire des vins blancs et

effervescents. Situé sur la terre dite du Grand Brule et protégé par un

mur, le domaine de la Portelette devrait s’étendre rapidement : un hectare

est disponible sur la propriété et 2,5 autres hectares seraient déjà prévus

à Strée. Une vieille grange de la ferme de l’abbaye voisine servira de chai.

 

 

Dans le Namurois

Fondée en avril 2017, l’asbl VignAndenne a pour objet la promotion « du

vin andennais et les cépages locaux sous toutes ses formes et l’émergence

d’une activité viticole » sur le territoire de la commune, en collaboration

avec les communes limitrophes de Fernelmont et de Wasseiges. On y

retrouve des personnes privées ainsi que des représentants de la ville.

Cette association devait se transformer en coopérative avant fin 2018 et

c’est chose faite depuis le 12 juin dernier. Son président n’est ni plus ni

moins que Guy Durieux, vigneron à Seilles depuis presque 30 ans et qui

connaît parfaitement le métier.

Des chais de 650 m2 vont être aménagés à Thon-Samson le long de la

Meuse et tous les vignerons des environs viendront y vinifier leur vin. Le

bâtiment, qui appartient au notaire Michel d’Harveng, comportera également

un restaurant, un magasin de produits locaux, une salle de réception,

un labo et un vaste parking. M. d’Harveng a confié le soin à Benoît

Exsteens qui fut pendant dix ans la cheville-ouvrière du Domaine de Chenoy

de la plantation du Clos du Mostombe, dans le village de Landenne.

Un seul cépage planté ici : 1,5 ha de Divico, un nouveau cépage qui

commence à bien se répandre en Wallonie. Sept autres hectares sont

disponibles sur le même terrain.

 

 

Non loin, à Franc-Waret, Frédéric De Bare a quant à lui planté 2 ha de

Johanniter, de Solaris et de VB Cal 6-04, un nouveau cépage résistant

également choisi par Michel Flament qui s’apprête à en planter 2500

pieds à côté de la ferme pédagogique du Chant d’Oiseaux à Andenne.

Le vigneron et pépiniériste Hugo Bernar à Tirlemont est l’un des plus

grands pourvoyeurs de cépages en Wallonie, ses conseils sont précieux.

 

 

 

LE CHENOY fête ses 15 ans! par Marc Vanel dans la DH du 24 novembre 2017

Le domaine du Chenoy est

probablement l’un des domaines

viticoles belges les

plus connus : son propriétaire

n’est autre que Philippe

Grafé, anciennement associé

à son frère dans les vins Grafé-

Lecocq, une maison de négoce

connue dans tous les

foyers wallons.

En 2000, alors qu’il aurait

dû entamer une retraite méritée,

Philippe Grafé décide de

se lancer dans la production

de vin non loin de Namur. En

2002, il acquiert la ferme du

Chenoy à Emines et plante au

printemps 2003 dix hectares

de cépages dits interspécifiques

ou hybrides, alors quasiment

inconnus en Belgique.

Ces cépages, souvent d’origine

allemande ou suisse, ont

été créés par greffes successives

dans des instituts de recherche,

mais il ne s’agit absolument

pas d’OGM.

Au contraire, leur qualité

première est de résister aux

maladies courantes de la vigne

qui se développent plus

facilement dans des climats

humides tels que le nôtre.

Cultiver en interspécifique

n’est pas cultiver bio mais

cela y ressemble furieusement.

Au fil des années et découvrant

un métier qu’il ne connaissait

pas, Philippe Grafé

fait ses expériences, parfois

moins heureuses, et produit

désormais une moyenne de

50.0000 bouteilles par an. Il

va surtout influencer une

nouvelle gén ération de viticulteurs

: le Château de Bioul,

Vin de Liège, la Ferme du Chapitre

et d’autres sont ses héritiers

directs, tout comme son

voisin du Ry d’Argent.

REPRISE

Mais les années passent,

l’homme songe à raccrocher.

Dans sa recherche d’un repreneur,

il rencontre Fabrice

Wuyts qui investit et qui devient

gérant du Chenoy,

même si Philippe Grafé continue

à mener le navire au quotidien

du navire.

En 2017, alors qu’il fête ses

80 printemps, notre viticulteur-

entrepreneur rencontre

enfin la perle rare et il faut

reconnaître qu’il a frappé

fort.

Originaire de Mouscron et

licencié de Gembloux, Jean-

Bernard Despatures s’est installé

en 1997 à Bordeaux et

fut notamment directeur

technique des Châteaux

Dutruch Grand Poujeaux et

Anthonic. Excusez du peu !

Souhaitant revenir en Belgique

pour offrir une

meilleure scolarité à ses enfants,

il rencontre Fabrice

Wuyts et Philippe Grafé qui le

séduit complètement, tant

l’homme que son projet.

Dès son arrivée, il entame

la certification bio du domaine

du Chenoy (qui ne sera

effective qu’en 2019). Une démarche

dont les prémices

étaient déjà posées depuis

des années et auxquelles il ne

manquait pas grand-chose

pour aboutir.

C’EST LA FÊTE !

L’expérience bordelaise de

Jean-Bernard va apporter une

vraie plus-value au Chenoy.

Les assemblages vont certainement

évoluer, d’autant

plus que le domaine va être

conseillé par l’oenologue français

Eric Boissonot qui travaille

pour plus de 180 propriétés

dont Latour, Lafite

Rotschild, Léoville Las Cases !

Quelle chance pour notre

pays microscopique sur la

scène mondiale du vin !

Dans le même esprit bordelais,

il ne serait pas étonnant

que les premières barriques

débarquent au domaine ! Du

changement en perspective

donc.

Pour fêter les 15 ans de son

achat et bientôt les 15 ans de

ses premières plantations,

Philippe Grafé a organisé un

week-end festif les 9 et 10 décembre

2017.

À cette occasion, un carton

de 6 vins rouges est offert à

l’achat de deux cartons de

rouge ! Une belle occasion de

vous convaincre de la qualité

de la production du Chenoy

et de découvrir sa fameuse

Butte aux Lièvres.

Marc Vanel

: Philippe Grafé et Jean-Bernard

Despatures, un tandem dynamique. ©MV

 

Les vins de Wallonie dans Le Figaro des 14 et 15 octobre

 

 

 

 

Le vin belge n’est pas la première

chose qui traverse l’esprit quand

on parle du plat pays. Les habitants

eux-mêmes semblent surpris, et rares

sont les restaurants à proposer une sélection

locale. « Produire du vin dans un

pays de bière n’est pas exempt de difficultés,

et demander aux Belges de le boire,

c’est encore une autre affaire »,

s’amuse le sommelier d’une table de

Namur. L’histoire du vignoble belge ne

manque pas de piquant.

Homme d’affaires, le baron Pierre

Rion en est à l’origine : « Un jour de

1990, je m’aperçus que ma cave possédait

des vins de tous les pays, sauf du

mien. L’après-midi même, je suis parti

avec ma femme en voiture acheter cent

pieds de vigne chez un pépiniériste au

Luxembourg, puisqu’en Belgique on n’en

trouvait pas. C’est comme ça que j’ai

planté ma vigne. » Le premier hectare

d’un ensemble de 20 ha auquel Pierre

Rion, aujourd’hui président de l’Association

des vins de Wallonie, donna le

nom de domaine de Mellemont. « On

me prenait pour un fou, poursuit-il, car,

depuis le XVe siècle, on ne produisait

quasiment plus de vin en Belgique, puis,

de récolte en récolte, on a moins ri… »

D’autres initiatives ont vu le jour sur

tout le territoire. Environ 250 ha de vignes

(dont 150 ha en Wallonie), dominées

par le chardonnay, ont produit plus

de 1 million de bouteilles en 2015, essentiellement

du vin mousseux méthode

traditionnelle. Le reste se partage en vin

blanc (30 %) et en vin rouge (10 %).

« J’ai glissé, lors d’une dégustation à

l’aveugle en France, un vin belge entre

deux bourgognes et deux mâconnais, ra-

conte Jean-Jacques Herremans, chef de

culture au vignoble de l’abbaye de Villers,

et le vin belge est arrivé deuxième. »

Un excellent sol calcaire, le réchauffement

de la Belgique et un savoir-faire

acquis dans les écoles d’oenologie du

voisin gaulois favorisent cette renaissance.

À en croire Pierre Rion, les Français

n’y seraient pas indifférents :

« Nous avons du calcaire, nous sommes à

peu près à la même latitude que la Champagne

; du coup, certaines maisons

champenoises se disent : “Pourquoi ne

pas planter chez les Belges ?” » Le ministre

wallon de l’Agriculture, René

Collin, qui est aussi celui du Tourisme, a

flairé l’aubaine et a décidé cet automne

de créer une première route du vin (1):

trente haltes, vignerons et cavistes, répartis

en Wallonie. À l’échelle de ce petit

pays que l’on ne met jamais plus de

trois heures à traverser, les rares

vignobles se nichent parfois dans des

endroits inattendus. Découverte en

trois étapes.

50 000 bouteilles

au château de Bioul

Dans la riante vallée de la Meuse,

l’étonnant château de Bioul, architecture

éclectique au coeur du village éponyme,

est dans une même famille de riches

entrepreneurs depuis plus de cinq

générations. En 2009, Vanessa Wyckmans

a planté une vigne (d’aujourd’hui

10 ha), dont une partie sur le parc anglais

de l’élégante demeure : « Je voulais

faire un vin du Nord, à l’acidité importante,

dont l’identité ressemble à notre

terre, mélange de cailloux et de

feuilles… » Des cépages ultrarésistants

ont été importés de Suisse et d’Autriche.

Le vignoble, qui produit chaque

année près de 50 000 bouteilles, en majorité

du rosé et du blanc (de 12 € à

18,50 €), est considéré comme l’un des

plus intéressants du royaume. On déguste

dans les anciennes écuries, transformées

en chai.

1, place Vaxelaire, Bioul.

Tél. : + 32 71 79 99 43.

www.chateaudebioul.be

Abbaye de Villers, une production

asssurée par des bénévoles

Ruines colossales, escaliers esseulés…

l’abbaye de Villers, au nord de Namur,

est un Jumièges belge que Victor

Hugo décrit dans Les Misérables. Le

clos où l’abbé cultivait sa vigne a été

restauré. 1 000 pieds y ont été plantés,

dont 200 de blanc (monocépage à

base de phoenix) et 800 de rouge

(monocépage à base de régent). La

production, assurée par des bénévoles,

est encore trop faible pour être

commercialisée, mais on goûte au

précieux breuvage lors des visites

guidées de l’abbaye, fleuron du patrimoine

belge.

55, rue de l’Abbaye, Villers-la-Ville.

Tél. : + 32 71 88 09 80. www.villers.be

Domaine des Agaises,

des cuvées primées

Des bâtiments contemporains de verre

et d’acier coiffent un joli coteau plein

sud, près de Mons. De vastes étendues

colorent l’horizon, découpées en rectangle

de culture. En une vague verte,

les vignes moutonnent sur un sol où affleure

le calcaire comme une écume.

C’est le domaine des Agaises, le plus

abouti. Pierre Leroy, un des plus importants

négociants de vins en Belgique,

associé au Champenois Thierry

Gobillard, ont en 2001 planté 29 ha

(85 % de chardonnay et 25 % de pinots

noir et meunier). La totalité de la production

(200 000 bouteilles), les cuvées

Ruffus, plusieurs fois primées, est vendue

avant même sa commercialisation

(14 €).

1, chemin d’Harmignies,

Hauchin. Tél. : + 32 497 88 53 10.

www.ruffus.be ■

(1) La route des vins et spiritueux

de Wallonie (au départ de Namur).

voiture indispensable,

itinéraire à télécharger sur

walloniebelgiquetourisme.fr

COUP DE COEUR

CHÂTEAU LE BOSCQ 2012,

SAINT-ESTÈPHE, CRU

BOURGEOIS MÉDOC ROUGE

Fondée en 1840, présidée

par Patrick Jestin, l’entreprise

Dourthe exploite aujourd’hui

plus de 500 hectares de vigne

à Bordeaux, déployant son

savoir-faire sur des territoires

et appellations aussi divers que

haut-médoc, pessac-léognan,

saint-émilion, ou cadillac-côtesde-

bordeaux. En développant ses

implantations et son implication

dans le vignoble, elle s’est centrée

sur la qualité et l’innovation. Tous

ses vignobles sont dirigés

par Frédéric Bonnafous, à l’instar

de celui du Château Le Boscq, une

propriété de 18 hectares dont la

demeure fut construite en 1891.

La gabare qui trône au sommet

de l’étiquette du vin symbolise

d’une part la propriété et sa

proximité avec l’estuaire de la

Gironde, mais aussi la nomination

« bourgeois » de son cru en 1932,

époque à laquelle son vin était

transporté en barriques

sur ce fameux bateau.

Dans le très joli 2012, ample,

suave, plein et rond, se fondent

harmonieusement gras,

onctuosité, tanins fins et vivacité

qui rebondit en finale, fraîche

et fruitée. VALÉRIE FAUST

28 € chez les cavistes

ou sur www.lacavedourthe.com

» Accord mets-vin : que boire

avec un boeuf bourguignon ?

www.lefigaro.fr/vin

+@  SUR LE WEB

Le vin belge n’est pas la première

chose qui traverse l’esprit quand

on parle du plat pays. Les habitants

eux-mêmes semblent surpris, et rares

sont les restaurants à proposer une sélection

locale. « Produire du vin dans un

pays de bière n’est pas exempt de difficultés,

et demander aux Belges de le boire,

c’est encore une autre affaire »,

s’amuse le sommelier d’une table de

Namur. L’histoire du vignoble belge ne

manque pas de piquant.

Homme d’affaires, le baron Pierre

Rion en est à l’origine : « Un jour de

1990, je m’aperçus que ma cave possédait

des vins de tous les pays, sauf du

mien. L’après-midi même, je suis parti

avec ma femme en voiture acheter cent

pieds de vigne chez un pépiniériste au

Luxembourg, puisqu’en Belgique on n’en

trouvait pas. C’est comme ça que j’ai

planté ma vigne. » Le premier hectare

d’un ensemble de 20 ha auquel Pierre

Rion, aujourd’hui président de l’Association

des vins de Wallonie, donna le

nom de domaine de Mellemont. « On

me prenait pour un fou, poursuit-il, car,

depuis le XVe siècle, on ne produisait

quasiment plus de vin en Belgique, puis,

de récolte en récolte, on a moins ri… »

D’autres initiatives ont vu le jour sur

tout le territoire. Environ 250 ha de vignes

(dont 150 ha en Wallonie), dominées

par le chardonnay, ont produit plus

de 1 million de bouteilles en 2015, essentiellement

du vin mousseux méthode

traditionnelle. Le reste se partage en vin

blanc (30 %) et en vin rouge (10 %).

« J’ai glissé, lors d’une dégustation à

l’aveugle en France, un vin belge entre

deux bourgognes et deux mâconnais, ra-

PHILIPPE VIGUIÉ-DESPLACES

pviguiedesplaces@lefigaro.fr

ENVOYÉ SPÉCIAL EN WALLONIE

OÙ DORMIR ?

Dream Hôtel, au coeur

de la jpetite ville de Mons.

Installé dans une ancienne

église, ce quatre-étoiles

dispose d’un spa, à partir

de 94 euros : 17, rue de

la Grande-Triperie.

Tél. : + 32 65 32 97 20.

www.hoteldream.be

The Royal Snail, à Namur,

un boutique hôtel de luxe,

design, en bordure de la Meuse,

avec un spa et une très bonne

table, autour de 150 euros :

23, avenue de la Plante.

Tél. : + 32 81 57 00 23.

www.theroyalsnail.com

AGENDA

Festival des Vins de Wallonie,

au Charleroi Espace Meeting

Européen, à Charleroi,

les 18 et 19 novembre,

entrée: 5 euros.

www.vinsetgourmandisesde

wallonie.be

+Carnet de route

 

Le château de

Bioul et sa vigne.

FABRICE DEBATTY

Meilleurs vins belges 2017 selon le VVS, par Marc Vanel

 

Trente-huit médailles ont été décernées le 20 septembre dernier par le jury du concours des Meilleurs vins belges organisé par l’Association des Sommeliers flamands. Le palmarès.

Organisée depuis 2005 par l’Association des Sommeliers flamands (Vereniging Vlaamse Sommeliers), une compétition couronne chaque année les « Meilleurs vins belges » (Beste Belgische Wijnen). Les résultats 2017 ont été proclamés le 20 septembre dernier à l’école hôtelière Ter Groene Poort à Bruges à l’issue du concours.

Réservé aux vins commercialisés provenant d’une production de 300 litres minimum, le concours est ouvert à l’ensemble des producteurs belges, mais les échantillons présentés proviennent surtout du nord du pays, les Wallons ne semblant pas apprécier la portée d’un tel concours. Chaque bouteille présentée faisait l’objet d’un droit d’inscription de 25 euros, ce qui est loin d’être prohibitif pour ce genre d’organisation.

Tous les vins primés peuvent désormais porter le macaron délivré par la VVS et recevront un diplôme le dimanche 22 octobre 2017 lors du prochain salon Megavino au Heysel, la cérémonie est ouverte au public du salon.

Voici déjà le palmarès réparti en médailles d’or et d’argent, par région de production et par ordre alphabétique.

 

 

Dégustations, déambulations, découvertes… dans le monde du vin, de la bière et des spiriteux

WALLONIE – 12 MÉDAILLES pour 5 domaines

MÉDAILLES D’OR (9):

  • Vignoble des Agaises : Ruffus brut 2015 et Ruffus brut sauvage 2015, vin mousseux de qualité
  • Château Bon Baron: Pinot noir 2015, La Grande 2014 et Pinot noir Trésor 2013, AOC Côtes de Sambre et Meuse
  • Domaine du Chant d’Eole: Brut blanc de blancs 2015 et Brut rosé 2015,  vin mousseux de qualité
  • Vin de Liège: Ô de craie 2016 et Contrepoint 2015, AOC Côtes de Sambre et Meuse

MÉDAILLES D’ARGENT (3):

  • Château Bon Baron: Pinot blanc 2015 et Pinot noir Trésor 2014, AOC Côtes de Sambre et Meuse
  • Clos Les Ramiers: Rosé 2015, sans appellation.

 

FLANDRES – 26 MÉDAILLES pour 13 domaines

MÉDAILLES D’OR (15):

  • Wijndomein Aldeneyck: Chardonnay Heerenlaak 2016, Chardonnay Heerenlaak Brut 2014, Pinot blanc 2016 et Pinot gris 2016, Maasvallei
  • Entre-deux-Monts : Pinot 2016 et Wiscoutre 2015, Heuvelland
  • Wijnkasteel Genoels-Elderen: Zilveren Parel Brut 2011 et  Zwarte Parel Brut 2013, Haspengouw
  • Wijnkasteel Haksberg: Virido 2016
  • Wijndomein Hoenshof: Cuvée d’Amour 2015
  • Wijndomein Kitsberg: Pinot Blanc Cuvée V 2016
  • Kluisberg: Pinot blanc 2016 et Pinot gris 2016, Hageland
  • Wijngoed Monteberg: Mousserend 14+15, Vlaamse mousserende kwaliteitswijn
  • Schorpion: Zwart brut 2013, Vlaamse mousserende kwaliteitswijn

MÉDAILLES D’ARGENT (11):

  • Wijndomein Aldeneyck: Pinot noir 2015, Maasvallei
  • Chardonnay Meerdael: Chardonnay Meerdael Brut 2015, Vlaamse mousserende kwaliteitswijn
  • Entre-deux-Monts : Pinot noir 2016, Heuvelland
  • Wijnkasteel Genoels-Elderen: Chardonnay blauw 2015, Haspengouw
  • Wijndomein Gloire de Duras: Chardonnay-Auxerrois 2016
  • Wijndomein Hoenshof: Pinot gris barrique 2014 et Cuvée Vivendum 2015
  • Wijndomein Kitsberg: Chardonnay krachtig 2016 et Pinot gris 2016
  • Wijndomein Thilesna: Auxerrois 2016
  • Wijndomein Waes: Waes Wit 2016

 

L’ « Essentielle Vino 15 » annonce dans ses News les périodes de vendanges…

Voulez-vous vendanger en Wallonie ?

Plus précoces que l’année dernière, les vendanges ont démarré un peu partout en Europe,

mais aussi en Wallonie. Même si les surfaces de vignes chez nous ne sont pas toujours

très grandes, certains vignerons utilisent des vendangeuses mécaniques (comme les

Agaises – 20 ha ou Ry d’Argent – 6ha), mais d’autres coupent tout à la main et manquent

de main-d’oeuvre . Si vous vous sentez l’âme d’un vendangeur (bénévole), plusieurs domaines

vous attendent :

– Du 10/9 au 15/10, la coopérative à finalité sociale Vin de Lège recrute des vendangeurs,

mais pour en être, vous devez vous inscrire via l’adresse vendanges@vindeliege.be . Vous

serez tenus au courant une semaine à l’avance par retour de mail. La journée se déroule de

7 à 16h ! Le domaine recrute aussi des bénévoles pour servir le casse-croûte…

– A la Bruyère, non loin de Namur, le domaine du Chenoy de Philippe Grafé vendangera lui

aussi de mi-septembre à mi-octobre et accueille tous les volontaires qui se seront inscrits

sur la liste d’attente à l’adresse info@domaine-du-chenoy.com

– Le Château de Bioul récoltera à partir du 18/9, et ce jusqu’à la mi-octobre. Une dizaine de

jours environ selon la météo, ou plutôt de grosses demi-journées, car cela ne se passe que

de 8h30 à 13h. Infos et inscriptions: info.vignoble@chateaudebioul.be.

– Le 23 septembre se dérouleront au Domaine du Chant d’Eole (Quévy-le-Grand) les

“Vendanges de l’Espoir”: deux groupes de vendangeurs sont organisés (matin et apm), mais

l’opération est payante (10€/pers) car le but est ici de récolter des fonds pour aider deux

associations en faveur des enfants. La journée se clôture par un concert.

Infos : www.chantdeole.be

– Vers le 25/9, le Château de Bousval recrute une douzaine de vendangeurs pendant une

ou deux journées. Les quantités ne sont pas annoncées énormes, mais de qualité. Infos :

info@chateaudebousval.be

– De mi-septembre à fin octobre, en fonction de la météo et de la maturité de ses cépages,

la Ferme du Chapitre accueille toutes les bonnes volontés pour ses deux parcelles.

Inscription via lafermeduchapitre@gmail.com ou www.chapitre.vin

– En principe, les vendanges à La Mazelle (Beaumont) auront lieu le week-end des

30 septembre et 1er octobre. Les modalités détaillées seront prochainement publiées sur le

site internet, mais théoriquement, cela démarre les deux jours à 10h, avec un sécateur et de

bonnes chaussures pour tenir la pente. Chaque jour est réservé à l’un des deux cépages.

Domaine W, les pionniers de la méthode champenoise bio… in La Libre Belgique et la DH

 

Saintes, Le Domaine W pourrait être le premier vignoble belge à produire du mousseux bio en cépages traditionnels champenois.

Lorsque l’on évoque la viticulture avec des œnologues avertis, le regard est inévitablement tourné vers les robes ensoleillées des cépages du sud de la France, de l’Italie ou des pays du nouveau monde comme le Chili ou l’Argentine. Mais c’est vite oublié que la Belgique aussi possède ses propres viticulteurs.

Et certains sortent particulièrement bien leur épingle du jeu. Notamment le vignoble des Agaises, à Estinnes (Hainaut) dont le Ruffus est devenu un véritable fer de lance du vin belge, concurrençant même chez nous les plus traditionnels champagnes.

Malgré un climat peu propice à la viticulture, certains se sont aussi lancés en Brabant wallon. On pense notamment au domaine de Mellemont, à Perwez, ou le vignoble du Bois des Dames, à La Hulpe.

Plus récemment, c’est Sophie Wautier qui s’est lancée dans l’aventure au sein de sa ferme familiale, installée dans la campagne saintoise, à Tubize. Et qui a pour objectif de devenir le premier producteur de méthode champenoise certifié biodynamique.

Une reconversion réussie pour Sophie Wautier

Une chose quasi inimaginable, il y a cinq ans, pour la jeune trentenaire, alors psychothérapeute pour adultes autistes du côté de Tournai. Sa vie a basculé le jour où elle a suivi son époux, envoyé par sa société en mission en Autriche pour une durée de cinq ans. « L’idée de faire du vin était présente chez nous depuis quelque temps déjà« , précise la Saintoise. « En arrivant en Autriche, on s’est posé la question de savoir ce qu’on voulait comme projet de vie. Que faire pour lui donner du sens tout en œuvrant en faveur de l’environnement, de la Terre ? »

Sophie et son compagnon ont alors acheté une parcelle de 20 ares en Autriche et planté 600 pieds de Grüner Veltliner. « On voulait voir si la viticulture nous plairait », poursuit Sophie Wautier. « Et comme l’Autriche est le berceau de la biodynamie, on a été plongé dedans. On a vu qu’on était capable de le faire et, surtout, qu’on aimait le faire. Ce n’est certes pas facile tous les jours. Il y a du stress et de l’incertitude mais, au final, je me retrouve pleinement dans ma nouvelle vie. »

A son retour en Belgique, Sophie a eu l’occasion de reprendre une partie de l’exploitation familiale. Et elle y a planté près de 12 000 pieds de vignes dans ce vignoble baptisé Domaine W. D’autres seront plantés l’an prochain de manière à avoir, à terme, 3,8 hectares de vignes et 200 arbustes fruitiers, pour favoriser la biodiversité et protéger les vignes des grands vents. « On pourrait très bien monter à 20 hectares de vignes mais on n’en a pas envie. Notre objectif, c’est de proposer un vin mousseux bio de qualité, pas de faire de la quantité. On veut aussi offrir aux gens la possibilité de déguster un vin sans pesticides. »

Les premières grappes de raisin sont attendues pour 2018. « A peine de quoi faire quelques bouteilles », tempère Sophie Wautier. « Il faudra attendre 2019 pour avoir des bonnes vendanges. Puis 2021 avant de pouvoir commercialiser les premières bouteilles. »

D’ici là, Sophie devrait avoir obtenu la certification bio pour son vignoble qui en est déjà à sa deuxième année de conversion. Lequel deviendrait l’un des premiers vignobles belges produisant de la méthode traditionnelle bio à base des cépages champenois (Chardonnay, Pinot noir et Pinot meunier).

 

Infos : www.domaine-w.be

Natelhoff Yannick