Newsletter 18

Collection Jamesse Grand Champagne

Du bon usage du verre à vin

Né au début du XIVe siècle, le verre à vin n’a cessé d’évoluer. Sa forme a un impact essentiel sur la dégustation, surtout celle des vins effervescents.

Si nos ancêtres préhistoriques utilisaient un matériau vitreux naturel à base de silice fondue (l’obsidienne), skyphos, kilix et outres de peau furent les premiers récipients et gobelets utilisés par les Grecs et les Romains pour boire divers liquides. Les pots en argile, plomb, étain ou faÏence et autres gourdes les remplaceront au fil des siècles, chaque époque connaissant des progrès technologiques.

A partir du XIe siècle, décrit Jean-Robert Pitte dans son livre sur l’histoire de la bouteille de vin*, l’Europe redécouvre les techniques verrières antiques oubliées pendant la période des invasions, il fallait en effet doter les églises de vitraux. A table, les élites redécouvrent également un certain goût du raffinement.

Venise, qui était alors à la tête d’un vaste empire maritime et commercial, domine l’art du verre depuis le XIe siècle et fait venir des artisans de Constantinople qui lui permettent de se perfectionner. Fin du XIIIe siècle, les verreries se déplacent à Murano : verres et carafes sont rapidement exportés dans toute l’Europe. Et la bouteille fait progressivement son apparition, faisant l’objet de moultes évolutions jusqu’à nos jours, notamment en Angleterre.

Collection Lallement M5

Les parties d’un verre

Le verre à vin est composé de trois parties principales : le calice, la tige et la base, chacune composée de différentes parties. Elles étaient autrefois faites séparément en plusieurs morceaux avant d’être assemblées. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, le moule est unique.

L’ouverture du calice (ou gobelet) est le buvant sur lequel on pose les lèvres. Sa finesse est un gage de qualité. Juste en dessous, la cheminée est la partie plus serrée du haut du verre, elle concentre les arômes du vin, la plus large étant l’épaule où se développent les arômes. Elle permet également le calibrage du service pour le sommelier.

La paraison est la partie basse du contenant, elle peut avoir diverses formes, ronde, galbée, droite… Selon son étendue, le vin sera plus ou moins rapidement oxygéné. Elle permet également de faire tourner le vin dans le verre.

Entre le pied et la paraison, le bouton fait le lien entre le pied et le contenant. Sa forme a une influence majeure sur l’effervescence dans le verre. Son rôle esthétique n’est pas négligeable.

La jambe du verre ou la tige permet de tenir le verre de manière élégante, et surtout de ne pas tenir le gobelet avec la main afin que le vin ne se réchauffe pas trop vite.

Enfin, la base permet au verre de tenir debout et de ne pas se renverser, elle est forcément toujours plate. Le nom du verrier y est souvent gravé au laser.

Lehmann Opale, un modèle très répandu chez nos vignerons

Un succès planétaire

Dans la dégustation professionnelle, afin d’avoir un point de comparaison, le verre de référence est le verre INAO adopté en 1970 sur base d’un cahier des charges de l’Association française de normalisation (AFNOR). L’INAO n’ayant pas déposé de brevet, il est copié en masse et devient ainsi le verre de dégustation le plus répandu dans le monde.

Ses dimensions sont toutefois réglementées et servent d’étalon :

      • volume total entre 210 et 225 ml
      • buvant : diamètre de 46mm
      • calice : hauteur de 100mm
      • épaule : diamètre de 65mm
      • pied : hauteur de 55mm
      • base : diamètre de 65 mm

Ces dernières années, le service du vin a gagné en importance et certaines marques font désormais appel à des grands sommeliers pour créer leurs collections.

Le choix du verre

Pour choisir le bon verre, plusieurs critères sont à prendre en compte, comme celui de prendre un verre transparent, car une couleur, claire ou foncée, empêche de voir la couleur réelle de la robe d’un vin. Essayez de déguster un vin dans un verre noir, totalement opaque, il y a de fortes chances que vous ne distinguiez pas le rosé ou rouge. Un verre teinté empêche par ailleurs de voir d’éventuels défauts du vin.

Le verre doit aussi être le plus sobre possible, sa forme doit être adaptée à sa fonction : il existe des verres pour le blanc, le rouge et les bulles, et même des verres théoriquement dédiés à un cépage particulier, mais vous ne pouvez malheureusement avoir un type de verre pour chaque vin de votre cave.

Il est de coutume de boire le rouge dans les plus grands verres, et le blanc dans un verre plus petit, et les bulles dans des flûtes, mais ce n’est qu’une coutume, tout est question de diamètre. Pour les bulles en tout cas, évitez la coupe de dix centimètres de diamètre qui laisse trop vite s’envoler les bulles. Même si la légende veut que celle-ci ait été moulée sur le sein de Marie-Antoinette, reine de France, épouse de Louis XVI et grande amatrice de champagne.

Au moment du service, le verre doit être propre, ne pas sentir le savon qui l’a nettoyé (le mieux est de nettoyer à la vapeur ou à l’eau claire), ni le bois de l’armoire où il est entreposé (toujours le ranger sur son pied donc), ni le carton de sa boîte.

Ensuite, la forme a bien sûr une importance capitale, surtout pour les vins effervescents. Passons en revue quelques grandes marques convenant aux bulles…

Jamesse-Premium-28-23-18

Quelques belles références

Le contenu d’un verre à vin est habituellement de 15 à 30cl, mais les verres pour les effervescents sont souvent plus petits que les autres. Par ailleurs, comme ils sont généralement associés à l’apéritif ou à un moment festif, ils sont plus légers et leur tige ne doit pas être trop courte pour que la main ne soit pas trop proche du gobelet, nous l’avons déjà relevé. Ce qui est encore plus important pour un vin effervescent que pour un autre vin.

Le marché de la verrerie est traditionnellement dominé dans l’Horeca par des marques allemandes ou autrichiennes (Riedel, Schott Zwiesel ou Spiegelau), mais des marques italiennes ou françaises (Chef & Sommelier, Lehmann), et même chinoises, sont venues bousculer le marché.

Les prix varient très fort d’une marque à l’autre, selon que le verre soit soufflé bouche (plus léger mais plus fragile) ou machine (plus lourd mais plus résistant). Le cristal contient aussi du plomb (sans aucun danger pour la santé), car celui-ci abaisse le point de fusion du verre et stabilise sa composition. Il le rend aussi plus lumineux et lui donne une sonorité particulière. De nombreuses marques remplacent le plomb par du titane qui résiste mieux aux éclats et fissures et permet un passage au lave-vaisselle.

Enfin, le cristal est aussi plus poreux et rugueux que le verre, il génère plus de « turbulence » dans le gobelet lorsque l’on fait tourner le vin, assurant ainsi une meilleure aération du vin.

Les trois marques les plus populaires sont :

      • Spiegelau Adina Prestige est une flûte classique, assez polyvalente, où le plomb est remplacé par du platine. Un verre gracieux, très utilisé par les professionnels du vin et – la grande restauration. D’un rapport qualité/prix exceptionnel, ce verre est fin et solide à la fois, avec une expression aromatique harmonieuse. Prix : ±20€
      • Riedel Veritas : un verre ultra fin et délicat malgré son large volume (44,5cl), à utiliser de préférence pour les effervescents gastronomiques et millésimés. Avec plomb.
      • Schott Zwiesel Enoteca Champagne : la marque fut la première à proposer cette forme élégante et d’un très haut niveau de qualité. Un verre soufflé bouche indémodable, produit sans plomb, durable et résistant. Comptez quand même environ 35€ le verre.

Dégustation comparative

Plus abordable et très présente sur le marché belge grâce à son importateur PiCLA (Grez-Doiceau), que l’on croise souvent dans les foires et salons, Lehmann Glass (basé à Reims) propose notamment la gamme Signature, une collection de verres de grande qualité.

Elle a été conçue et réalisée avec des grands chefs ou des grands sommeliers, tels que feu Gérard Basset (Meilleur Sommelier du Monde en 2010), Fabrice Sommier (Meilleur ouvrier de France Sommelerie 2007 et chef sommelier du restaurant gastronomique Georges Blanc jusqu’en 2021), Philippe Jamesse (sommelier du Domaine des Crayères à Reims pendant 18 ans), et Arnaud Lallement, chef triplement étoilé de L’assiette champenoise.

Nous avons rassemblé une quinzaine de verres, de tailles et de marques différentes, et dégusté successivement deux effervescents dans cet assortiment : un 100% Chardonnay ainsi qu’un effervescent assemblant cépages classiques et résistants.

Bulles Chardonnay

Première remarque : l’effervescence n’est pas la même partout. Dans certains contenants, les bulles semblent coincées, alors qu’elles forment de belles cheminées dans d’autres. L’explication tient à la présence (ou non) d’une marque dans le fond du verre. Lorsque le piqué est prononcé, celui-ci favorise une longue et précise effervescence.

Le nez : les verres avec une ouverture étroite ont tendance à retenir l’expression des arômes qui trouvent une meilleure expression dans des verres de contenance moyenne à large, avec un diamètre d’ouverture de 67 à 90 mm. Certains verres révèlent des notes d’agrumes et de zeste que d’autres n’ont pas.

Après remuage, le verre Hadrien ainsi que le M5 de la collection Lallement, les série Absolus et Opale donnent, tant au nez qu’en bouche, de très beaux résultats.

Cette dernière collection a été créée pour répondre au souhait des maisons de Champagne d’avoir une flûte ayant un fond piqué marqué permettant de mettre en exergue les fines bulles de leurs grands crus. De nombreux vignerons wallons l’ont choisie. Le petit modèle est particulièrement pratique pour les dégustations avec beaucoup de public, mais le modèle supérieur est préférable pour des dégustations plus intimes.

A noter que le verre n’est pas autorisé pour les dégustations en plein air, la gamme Vitus en plastique est donc une alternative. A condition de ne pas s’attarder sur le nez…

Vitus, des verres en plastique de qualité

Mention spéciale pour le Premium et le Grand Champagne  de Jamesse qui mettent véritablement le vin en valeur, et surtout pour  l’Oenomust créé en collaboration avec Gérard Basset, qui allie tradition et modernité.

Pas forcément élégante (quoique…), sa forme ventrue sublime réellement la dégustation, tant pour les blancs et rouges que pour les bulles (il existe une flûte Oenomust, mais le grand verre est tout aussi bien, sinon mieux).

Sa forme est très pratique, elle permet en effet une rotation aisée et une oxygénation facile du vin. Dans la série évaluée, l’Oenomust offre le nez le plus riche, il sera le seul à révéler une légère amertume en fin de bouche. Après carafage, il est également le seul à révéler des notes de pamplemousse, de citron vert ou de mandarine.

Oenomust, un verre pas très élégant mais très efficace

Bulles résistantes

Le résultat de ce vin choisi en Extra Brut fut surprenant, à plus d’un titre, car ce sont les petits formats qui ont le mieux fonctionné au nez, contrairement au chardonnay.

En bouche, le Janesse Premium a véritablement apporté un registre aromatique plus large que les autres verres. Cette dégustation est purement informative, tous les débats sont ouverts…

Pour Amaury de Jamblinne, gérant de PiCLA, si les verres Hommage (Basset) et ceux de Sommier fonctionnent bien en gustatif, la gamme la plus belle est la Collection Lallement (M5 et n°2).

> Plus d’infos dans le showroom de PiCLA, chaussée de Wavre 203c à 1390 Grez-Doiceau, picla.be. A noter que l’activité principale de la société est l’aménagement et la climatisation des caves à vin. La personnalisation des verres est également disponible.

Marc Vanel

––

* : PITTE, Jean-Robert, “La bouteille de vin. Histoire d’une révolution”, Ed. Tallandier, Paris, 2013

 

A LIRE AUSSI…

Les Vignerons wallons à l’aventure

2022, un record pour la viticulture belge

Miimosa, une plateforme pour soutenir l’agriculture

2e colloque sur la viticulture belge par le CARAH

 

 

Une réflexion sur « Newsletter 18 »

  1. Ping : Newsletter 19

Les commentaires sont fermés.