Newsletter 22

Marché de Noël chez Ruffus

A votre agenda
pour terminer l’année en beauté…

La fin de l’année approche à grands pas. Voici quelques idées pour remplir la hotte du père Noël…

24 > 26/11 : Marché de Noël chez Ruffus

La 3e édition du marché de Noël du Vignoble des Agaises se déroulera durant deux week-ends, fin novembre et début décembre, au Vignoble. L’occasion de partager moment convivial avec plusieurs chalets d’artisans locaux qui vous feront découvrir de délicieux produits à déguster sur place ou à emporter.

Avec notamment : Miel Dupont, Les Oliviers de Florence, Verres Zwiesel, Plus Oultre Distillery, Caviar Antonius, Darcis, Brasserie du Borinage, Le Comptoir Africain, Vins Leroy-Prévot, Safran du Mont Panisel, L’Atelier du Boucher, Ferme Heulers, le Cercle Oenologique Binchois, Ferme Point-du-jour, et bien sûr Ruffus : Il sera possible d’en consommer, mais pas d’en emporter… Tous les accessoires du domaine seront en vente (livre, seaux, polos, etc)

L’horaire : Ve. 24/11 : 16:00 > 22:00 (feu d’artifice à 20:00) • Sa. 25/11 : 11:00 > 22:00 et Di. 26/11, 11:00 > 18:00. Entrée gratuite, ouvert à tout le monde.

Attention : le chemin principal menant au vignoble est actuellement fermé pour travaux, vous devez dès lors encoder « Chaussée Brunehault 366 à Estinnes » dans votre GPS. Infos : www.ruffus.be

Annevoie – Photo: WBT – Christophe Vandercam

24 > 26/11 : Marché de Noël des Jardins d’Annevoie

Le château et sa cour revêtiront leurs habits de fête pour vous accueillir dans une ambiance féérique. Plus de 50 exposants sont prévus, dont des artisans d’art qui vous proposeront décorations de Noël, bijoux, spécialités en accord avec les traditions de Noël ainsi que toute une gamme de produits hivernaux : produits de bouche, artisanat, produits bien-être…  L’occasion également de découvrir les vins du Château dont la gamme s’est élargie aux vins blancs cette année.

L’horaire : Ve. 24/11 de 17h à 21h, Sa. 25/11 de 11h à 21h et Di. 26/11 de 11h à 18h. Entrée adultes : 7€ • Enfants moins de 12 ans : Gratuit. A réserver en ligne : ICI

25/11 : Rencontre des viticulteurs liégeois et limbourgeois à Liège

Lancé en 2021 et porté par le Centre Provincial en Agriculture et Ruralité de la Province de Liège, le programme EMRWINE 2021-2023 se clôture ce samedi 25 novembre à Val Benoît à Liège par une rencontre des différents acteurs qui présenteront leurs vins, mais aussi les réalisations concrètes de ces trois années.

Parmi celles-ci figure la conception d’une charte des bonnes pratiques en viticulture, favorisant notamment la réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires.

Le projet a également joué un rôle prépondérant dans la création de formations destinées tant aux étudiants qu’aux professionnels, couvrant les différents métiers présents dans la filière viticole. De plus, une attention particulière a été portée à la réactivité du projet face aux demandes et aux besoins des vignerons, notamment en ce qui concerne les changements de législation.

Une plateforme d’e-learning a été mise en place, complétant de manière harmonieuse les scénarios pédagogiques élaborés au cours du projet. Parallèlement, une initiative axée sur l’œnotourisme a rencontré un franc succès.

Quelque 27 vignerons ainsi que Barwal seront présents de 10 à 18h à Val Benoît – Plus de détails sur Facebook : LIEN

25-26/11 : Ateliers du Père Noël à Villers-la-Ville

Le domaine Coteaux des Avelines vous donne rendez-vous le samedi 25 et le dimanche 26 novembre à Villers-la-Ville aux Ateliers du Père Noël. Au programme : parcours d’artistes au golf de la Bruyère à Sart Dames Avelines, balade hivernale en famille et oncert de la chorale Chantilly à l’église de Tilly le dimanche à 15h.

Infos : www.ateliers-du-pere-noel.be

30/11 > 2/12 : Un ancien candidat Top Chef pour 3 jours au Chenoy

Ce 30 novembre, 1er et 2 décembre, à partir de 19h, le chef Pierre Ciampi (Bistrologue à Mettet) présentera au Chenoy un concept éphémère. Tous les plats sont pensés et développés autour et avec les vins du domaine.

Les produits sont locaux (e.a. Boucherie Rustiq’) et de saison. Pour commencer, vous vous régalerez avec la croquette de porc crémeux, au beurre noisette et « Perle de Wallonie ». Elle sera accompagnée de quelques surprises du chef.

Pour le plat principal, vous partagerez un moment convivial autour d’un veau rosé servi sur une planche et accompagné de béarnaise au vin blanc Citadelle. En dessert, pour terminer en gourmandise, vous voyagerez avec la dégustation du Baba’Lexir.

Prix du menu: 69€ incluant une coupe de Perle de Wallonie (blanc ou rosé) et une demi-bouteille d’eau par personne. Réservations: events@domaine-du-chenoy.com

1/12 au 3/12 : suite du Marché de Noël chez Ruffus

Voir plus haut à la date du 24/11. Même horaire que le premier week-end.

L’Impératif, restaurant gastronomique du domaine

1-31/12 : Illuminations de fin d’année au Chant d’Eole

Des illuminations habilleront les vignes du Domaine du Chant d’Eole durant tout le mois de décembre, une autre façon de découvrir le vignoble. L’occasion de passer un moment en famille ou de manger à l’un des deux restaurants :  la Brasserie, rouverte en mode hiver depuis le 15/11, et l’Impératif, le restaurant gastronomique.

Pour plus d’infos : www.chantdChanteole.be/nos-evenements

Le chai de Bousval sous la neige

2/12 : Winter Vibes au Vignoble du Château de Bousval

L’équipe du domaine lance une nouvelle activité hivernale : Winter Vibes. En cette période festive et propice à la dégustation, venez régaler vos papilles dans une ambiance conviviale avec des poissonneries et traiteurs qui proposent des mets gourmands et délicats : croquettes aux crevettes, bisque de homard, profiteroles aux petits gris et bien d’autres délices.

Vous pourrez également profiter de cette occasion pour déguster les deux dernières cuvées, le Petit Gris et le Gouttes d’O 2022. Un verre de chaque vous sera d’ailleurs offert.

L’horaire : le samedi 2 décembre entre 17h et 21h au chai du vignoble du Château de Bousval (rue du Grand Arbre 23 à 1470 Bousval). Entrée : €10 déductible à l’achat de 6 bouteilles de vins à emporter.

2-3/12 : Marché des artisans à Beaufays avec Bellum Fagetum

Dans le cadre de son engagement social, la coopérative met à disposition des artisans locaux son chapiteau pendant un weekend : accessoires et décos en tissus africains, sculptures en papier mâché, peintures acryliques sur toile, raku, bougies, vêtements, décorations de Noël, peintures sur plexi, bijoux en résine, aquarelles, céramiques, articles recyclés, étoles en soie et laine mérinos… Ce sera l’occasion de préparer vos cadeaux de fin d’année, de venir déguster un verre de vin ou une bière belge, mais aussi de vous informer sur le domaine.

L’horaire: de 10h à 18h les deux jours. L’adresse : Domaine Bellum Fagetum à Beaufays, rue des Croléfonds. Attention : la rue n’est pas accessible en voiture sauf PMR. Merci de stationner au terrain de foot ou à la BILA Voie de l’Air Pur et de traverser au niveau de la pompe.

15-17/12: Marché de Noël avec Bar du Chalet

Le Chant d’Eole se prépare à vous recevoir les 15, 16 et 17 décembre pour son marché de Noël: de nombreux artisans de produits de bouche et d’articles cadeaux seront présents !

L’horaire : Ve.  17h à 21h30, Sa. 11h à 21h30, Di. 11h à 18h • Possibilité de se restaurer et de boire un verre sur place – pour l’occasion ! • Entrée : 5€ EUR incluant une boisson chaude (Un Eole Belgian Spritz chaud ou chocolat chaud) • Gratuit pour les moins de 12ans (Un chocolat chaud offert)

Les Sarments à Clermont

16/12 : nouvelles bulles pour les Sarments

A Clermont-sur-Berwinne, “Les Sarments” lancera le 8/12 ses premières bulles ‘Château de l’Aguesse 2022’ pour ses membres uniquement le 8/12, mais pour tout le monde le 16/12. Inscription obligatoire via le site web: sarments.be

17/12 : Marché de Noël à Villers-la-Ville

Artisanat, poteries, bijoux et produits de bouche… de nombreux exposants, dont le domaine des Coteaux des Avelines vous attendent sous le chapiteau chauffé de Villers-la-Ville. Au programme : découvertes gastronomiques et vente de produits artisanaux variés. Infos : ICI.

La nouvelle salle du Chant d’Eole – Photo: Carlos Vaquera (Facebook)

21/12: Diner-Spectacle « Cabaret d’Eole »

Pour les fêtes de fin d’année, le Domaine du Chant d’Eole présente son “Cabaret d’Eole” : un diner spectacle associant 4 artistes de talent! Doble Mandoble (vice-champion du monde de magie comique), David Alan (le poète de l’illusion), Carlos Vaquera (Mandrake d’Or) et Mezzo Mezzo (finaliste de Pour la Gloire). Un spectacle à apprécier autour d’un repas 3 services à réserver ici: https://portail.chantdeole.be/event/cabaret-d-eole-by-carlos-vaquera-21/register

23/12 : Marché de Noël à Thuin

Après une présence au Salon des Vins de Thuin les 10 et 11 novembre derniers, le domaine de la Portelette sera présent au marché de Noël de la Ville de Thuin, le 23 décembre. Rendez-vous place du Chapitre de 16h à 20h pour découvrir leurs produits !

Infos : hello@domainedelaportelette.bewww.domainedelaportelette.be

Compilation: Marc Vanel

 

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Newsletter 21

Première vendange de Voltis pour le Mont des Anges

De la vigne à la cuve : un premier bilan de 2023

Comment se profile ce nouveau millésime? Une trentaine de nos membres font un premier bilan nuancé selon les localités. Tour de piste par province, d’Ouest en Est…

En Hainaut

Province généreuse en production grâce aux locomotives locales que sont le domaine du Chant d’Eole, Ruffus et Mont des Anges, le Hainaut est en pleine mutation, sinon en plein boom.

Outre les  récentes plantations de In Vino Verit’Ath (8ha) et de Colruyt (4ha qui seront doublés en 2024) à Frasnes-lez-Anvaing, il faut d’ores et déjà tenir compte des nouveaux projets qui se profilent dans la Botte du Hainaut (+65 hectares dans les cinq ans). La province deviendra alors la plus plantée de la région wallonne et s’approchera des 200 hectares ! Inimaginable il y a encore quelques années.

Pour ce qui concerne le millésime, l’équipe du Chant d’Eole reconnaît avoir ressenti quelques difficultés au printemps à cause des intempéries, mais le développement de la fleur, puis la nouaison, ont rassuré l’équipe et les pluies de juillet n’ont eu aucune conséquence sur la qualité du raisin et de la récolte ! Mais, ici comme ailleurs, il a fallu être prudent pour éviter les contaminations de mildiou et d’oïdium.

« C’est, en particulier, un palissage de qualité, un rognage serré et suivi, et un effeuillage réfléchi qui nous ont permis de traverser ces moment difficiles et de pouvoir affirmer que cette année culturale s’est bien déroulée, constate Hubert Ewbank. Espérons que dans les dernières semaines la météo soit plus généreuse, pour obtenir une belle maturité. »

Même écho chez Ruffus, où Arnaud Leroy a déclaré au journal Le Soir, que « ce ne sera pas un millésime exceptionnel car les pluies de juillet ont finalement ralenti le processus. (…) Désormais, il faut éviter de grosses pluies. Le botrytis est présent et il faut éviter qu’il se réveille. Comme il faut éviter d’importantes chutes de grêle. »

Au Domaine Mont des Anges, le vignoble s’est élargi cette année à 10ha répartis sur trois villages (Havay, Nouvelles, Ciply), avec trois cépages et trois terroirs différents, dont 8 sont maintenant en production. Le chai (toujours provisoire) a déménagé sur Frameries, le bâtiment définitif sera opérationnel à la mi-2025.

Laurianne Lejour et Vincent De Busscher espèrent une année exceptionnelle comme 2022, « sauf que la pourriture (botrytis) apparait sur les cépages rouges. Le rendement est en hausse, vu les pluies de l’été qui ont gorgé les raisins après fermeture de la grappe. Nous récolterons pour la première fois les Voltis plantés en 2021 (un cépage résistant français – ndlr). Le résultat visuel est pour l’instant étonnant et les premières dégustations de baies donnent des résultats prometteurs. » Voir notre article sur les vendanges. 

Un peu plus loin, dans l’entité de St-Ghislain, la coopérative du Vignoble de Sirault s’est elle aussi développée avec la plantation de 3000 pieds supplémentaires (2000 Muscaris et 1000 Souvignier gris). « L’état général de nos vignes est plus ou moins bon, déclare le président Jean-Christophe Vanderelst. Quelques attaques de mildiou, de black rot et de botrytis çà et là. Pour l’instant, il y a pas mal de raisins sur l’ensemble des parcelles. Allons-nous avoir une aussi bonne récolte que l’année dernière? Difficile à dire, car on a besoin de soleil pour monter en maturité et être préservé des maladies cryptogamiques. »

Au sud de Tournai, à Ere, le Domaine de Longuesault a été planté en avril 2020 et a connu une petite vendange l’an dernier, les premières bouteilles sont prometteuses. « Nous avons bien maîtrisé les principales maladies/parasites et les grappes sont plus volumineuses que l’année dernière : 2023 est donc le « vrai » grand départ pour Philippe Couplet et Lara Safiannikoff. » Voir vendanges.

Plus à l’Est, à Lobbes, les vignes du Domaine de la Portelette n’ont pas souffert du gel printanier, mais, déclare Bertrand Halbrecq, « la période humide de cet été (20 juillet au 10 août) nous a obligés à protéger nos vignes du mildiou et du black rot. De nombreuses pulvérisations d’une décoction de prêle associée à du lait ont limité la propagation de ces maladies fongiques. Actuellement, avec le retour du soleil, les rendements attendus seront sans doute plus élevés que l’année passée. Nous visons environ 6 à 7 tonnes de raisins. Nous espérons que le mois de septembre soit sec et ensoleillé. »

En Brabant wallon

Pour le domaine Coteaux des Avelines à Sart-Dames-Avelines, 2023 est une année particulièrement difficile sur le plan humain avec la perte récente de la co-fondatrice du vignoble, Viviane Cleiren. Agricultrice, c’est elle qui avait eu l’idée de cofonder ce vignoble pour diversifier ses activités. Elle était très appréciée de tous pour sa bienveillance et sa gentillesse. Elle était passionnée par la viticulture et les plantes en général. Une femme courageuse, pleine d’énergie et de créativité… L’AVW présente ses condoléances à la famille.

Pour l’avenir, Arnaud Duchêne maintient le cap et estime « l’année vitivinicole très bonne: pas de dégât de gel, beaucoup de belles grappes. La mauvaise météo du mois de juillet nous incite à rester vigilants mais nous sommes très confiants. Nos cépages résistants ont bien résisté aux maladies. » La réponse dans quelques semaines…

Au Domaine de Mellemont, la nouvelle équipe déplore un peu d’oidium sur leurs pieds de pinot auxerrois (20 % de perte), mais espère une récolte « normale». « Toutefois, fait remarquer Matthieu Dumont, les baies sont un peu petites, il nous faut encore du soleil ! »… Voir vendanges.

Au Domaine de Glabais, Anne Geldhof et Christian Balduyck n’ont enregistré que peu de dégâts liés au mauvais temps de juillet-août et également suite aux grêlons de fin août. « La récolte sera bonne », se réjouissent les deux vignerons. Voir vendanges.

A Villers-la-Ville, la Confrérie de Villers-la-Vigne a dû elle aussi faire face à de petites attaques de maladies dès les premiers jours de juillet, explique Christophe Waterkeyn, mais n’a pas observé d’oïdium. Pas de mildiou sur les grappes, seulement une attaque foliaire sur Regent qui est sous contrôle. Début de développement de botrytis à partir du 20 août, également sous contrôle (élimination des grappes et traitement). Les grappes sont exceptionnellement grosses et très belles en quantité et qualité.

Pour clôturer ce tour du BW, un clin d’œil à John Bras qui depuis 1993 (bel anniversaire !) entretient au vignoble du Gris Moulin à La Hulpe, 60 ceps interspécifiques et “nobles” répartis en 9 cépages blancs et 7 rouges ! Jusqu’à présent, se réjouit-il, « peu de  dégâts, grâce aux traitements préventifs et au placement des filets. »

Dans le Namurois

Au Château de Bioul, Vanessa Vaxelaire est formelle : « tous les feux sont verts, avec une belle récolte en perspective, tant en quantité qu’en qualité. Le petit retard printanier a été rattrapé par un printemps chaud et sec, une belle floraison en juin et aucune attaque de maladies pendant les pluies de juillet et août grâce aux cépages résistants. » Voir vendanges.

Même bilan du Domaine du Chenoy qui annonce un millésime sans maladies et une belle récolte. Voir vendanges.

Au Château d’Annevoie, déclare Damien Briard, « tout va bien pour le moment (mi-août), à l’exception d’une carence en magnésium sur feuille, suite à l’excès d’eau de surface de ces derniers jours… les engrais foliaires font leur boulot. Je pense faire une grosse demi-récolte car nous avons encore beaucoup de pieds que nous avons dû rabattre suite à la sécheresse de l’année dernière. (…) Si la météo reste chaotique comme maintenant, il va falloir vendanger par défaut, car nous aurons certainement de la pourriture qui va apparaître. » Voir vendanges.

Le vignoble du Château d’Annevoie en mai dernier

Autre vignoble en vitesse de croisière à présent, Terres de Crompechine, qui a même déjà ramassé ses raisins de solaris en commençant par les grappes les plus touchées par les guêpes et les mouches drosophiles.

Certifié en biodynamie par Demeter depuis juin dernier, le Domaine de Doriémont à Gochenée a connu « une saison mitigée, avec un printemps très prometteur, une belle floraison, mais ensuite un mois de juillet très gris et humide, nous avons même vu des champignons pousser au sol », fait remarquer Colienne qui demande du soleil pour les prochains jours… Voir vendanges.

A Floreffe, François Van Pachtenbeke développe son projet Oze le Vignoble depuis 2018. Il estime que « si le temps se maintient durant les prochaines semaines, la vendange devrait être très correcte et qualitative. Cette année semble être propice au black rot et à l’oïdium, principalement sur grappe ; le feuillage est quant à lui peu impacté, on a un peu de mildiou aussi, mais gérable. Certains cépages résistent très bien aux attaques (Syrah et Sauvignon pour ma part). Sauf couac de dernière minute, 2023 devrait être un joli millésime. »

Enfin, à Sombreffe, le vignoble des Héros de la vigne continue ses expériences de culture biodynamique de différents clones de pinot noir plantés en 2020, avec comme objectif supplémentaire de se passer de cuivre. « Pour ce millésime, commente Pascal Frisque, l’état sanitaire est très bon, les traitements sont très réduits et… sans cuivre. Des essais de micro-vinification seront menés selon différents protocoles. »

Pierre Sclipteux au domaine de Doriémont

En pays liégeois

Pour Vin de Liège, 2023 fut une année particulière, avec une alternance de beau temps et de conditions plus rudes. Alec Bol déclare en outre que « la récolte 2023 sera généreuse en volume, supérieure à 2022, mais très différente avec quelques dégâts dus aux maladies (mildiou sur feuilles – ce n’est jamais gai – et un peu d’oïdium mais anecdotique). Nous attendons le beau temps de pied ferme pour les dernières semaines, car nous avons envie d’avoir de belles maturités. » Voir vendanges.

Chez les voisins de Tour de Tilice, Simon Delforge se félicite que « tout se passe bien au domaine malgré la météo capricieuse de  cet été. Quelques légères infections de maladie à certains endroits, mais ça reste négligeable et les vendanges se profilent bien. » Voir vendanges.

Idem au vignoble des Trois Rois où Samuel Deuse annonce « une belle vendange cette année, avec certes des conditions difficiles en fin de saison, mais il y a de belles grappes. » Voir vendanges.

A la coopérative Vin du Pays de Herve, Michel Schoonbroodt estime que « cela s’annonce plutôt bien avec davantage de quantité qu’en 2022 car de nouvelles parcelles sont désormais en production. Comme on travaille en bio, on a traité naturellement et on a pu éviter le mildiou et l’oïdium.». Voir vendanges.

Vignoble Les Sarments
A Clermont, le Vignoble Les Sarments est en quatrième feuille et récoltera de plus grandes quantités en 2023. « Malgré la pression liée aux grosses pluies des dernières semaines, la qualité sanitaire reste bonne : impeccable pour le souvignier gris et pression botrytis sur le johanniter, mais moins de 10% des grappes sont atteintes. Le jeune solaris 2022 a quant à lui été vendangé le premier week-end de septembre.  »
La première cuvée “Château de l’Aguesse 2022 sortira à la fin de cette année. Infos: sarments.be
Grappes de Zweitgelt au domaine des Marnières à Warsage (Benoît Heggen)

A Warsage, au Domaine des Marnières, Benoît Heggen estime que 2023 a un retard de 15 jours sur 2022, mais, mais que tout va bien. Le raisin est très sain, sans mildiou, même s’il a constaté un peu d’oïdium et du botrytis à quelques endroits, et un peu de botrytis initié par… les perce-oreilles. Selon lui, « tout va dépendre de la première quinzaine de septembre et du soleil pour faire monter les grappes, mais rien n’empêche une belle vendange ».

A Bolland, Raphael Wadeleux annonce une année grandiose pour le Clos Lognay, avec de très grosses grappes de qualité. « Espérons que les prochaines semaines ne soient pas trop humides pour éviter au maximum le botrytis. » Ses vendanges démarrent vers la mi-septembre.

Pour les Coteaux de Lincé, Jean-Marc Lewalle et ses deux associés déclarent « n’avoir fait qu’un seul traitement au soufre sur la partie du vignoble la plus sensible. Les raisins et le feuillage sont très sains suite à un travail très méticuleux sur la vigne (sélection des sarments fructifères, rognage, effeuillage, désherbage). Les grappes sont bien formées et très chargées. Il manque actuellement encore un peu de sucre. On espère donc un peu de chaleur et de soleil pour ces prochains jours. »

Cette année est l’année des premières vendanges chez Prologue planté en 2020 à Soheit-Tinlot. « En ce qui concerne le vignoble, et malgré notre manque de points de comparaison, nous avons une année capricieuse, confie Marc-Antoine Wautelet. Dans l’ensemble, les raisins sont beaux et l’état sanitaire est très correct. Nous avons dû batailler contre le mildiou et l’oïdium et espérons maintenant qu’il fasse un peu plus sec pour éviter trop de botrytis. Il a plu presque chaque jour depuis mi-juillet. Ceci étant, la récolte s’annonce bonne, même si nous limitons grandement les volumes vu la jeunesse de nos vignes. » Voir vendanges.

Non loin de là, à Ocquier, au Domaine d’Occarius, Marc Monfort espère que la météo s’améliorera prochainement, car ses raisins, même si nombreux, manquent un peu de maturité et ont été attaqués par les maladies habituelles de la vigne.

A Huy, Alain Dirick est impliqué dans deux vignobles. Au Bois Marie Hautes Vignes, tout d’abord « la récolte se présente très bien. Quelques grappes abîmées par l’oïdium en divico et de temps en temps quelques grains botrytisés un peu partout. Je suppose qu’ils ont éclaté avec les pluies et que la pourriture est rentrée dedans. » Il espère toutefois cueillir en moyenne un bon kilo par pied (johanniter, bronner, gamaret, divico, solaris). Dans sa parcelle de Verlaine de 2 hectares, il estime pouvoir récolter 10 à 12 tonnes/ha.

Non loin, à la Closerie des Prébendiers, Jacques Mouton déplore de ne pouvoir combattre l’oïdium qui est implanté dans une partie du vignoble depuis deux ans, malgré des pulvérisations intenses. Sur les 65% restants, il estime la qualité de bonne à très bonne avec de gros rendements.

Enfin, terminons cette tournée liégeoise par le Domaine XXV où, selon Renaud Grégoire, « l’état sanitaire de la vigne est particulièrement satisfaisant, malgré les épisodes pluvieux du mois de juillet. Si les choses restent en l’état, nous devrions connaître de belles vendanges. Nous avons effectué une “vendange verte” mi-août pour alléger les pieds de vigne afin de privilégier la qualité à la quantité. La vigne a été recouverte d’argile afin de la protéger à différents égards (soleil, insectes,…). »

En province de Luxembourg

A Torgny, à défaut d’avoir le retour du Poirier du Loup, nous avons celui de leur voisin, Daniel Dries qui, au Clos de la Fouchère, déclare que « 2023 est une année compliquée car très chaude en juin et des pluies abondantes en juillet, avec beaucoup de traitement pour les vignobles en bio et biodynamie. Il fallait être très vigilant et très réactif. Toutefois, comme il y a eu beaucoup d’écarts de températures entre la nuit et le jour (15 à 20° !), cela va très certainement donner un excellent millésime bien marqué… Les vendanges auront entre 2 et 3 semaines de retard par rapport à 2022. »

Enfin, à Rendeux, pour Eric Grévisse (Moulin de Hamoul & Loperlé), « voici une drôle d’année viticole qui s’achève. Un printemps froid et sec qui présageait d’une floraison tardive mais qui est arrivée le 8 juin, ce qui est normal pour Rendeux. L’été avait bien commencé les vignes sont chargées de belles grappes. La véraison a commencé très doucement après le 15 août. L’humidité et la chaleur ont alors entraîné de la pourriture. Le mildiou a été présent mais pas très virulent. Les vendanges pourraient avoir lieu fin septembre. Si la météo se passe comme prévu ! »

Compilation : Marc Vanel – 1/9/23

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Newsletter 20

Dans les jardins de l’ancienne école horticole de La Hulpe

A votre agenda pour l’été 2023

Durant tout l’été, plusieurs vignerons wallons vous accueillent pour vous faire découvrir leurs vins et parcelles, ou tout simplement pour passer un bon moment. Si vous organisez vous-même quelque chose, envoyez-nous vos infos, l’agenda sera complété. Bonnes vacances !

Le domaine du Chenoy fête ses 20 ans

Le domaine du Chenoy fête en 2023 les 20 ans de sa création et les 5 ans de la reprise par Jean-Bernard et Pierre-Marie Despatures. Pour fêter cela, plusieurs événements sont organisés, dont certains sont déjà derrière nous. Mais il reste encore quelques dates à noter :

22/06 : Apéro du bourgmestre. L’occasion pour les Bruyérois de (re-)découvrir le domaine et ses vins après les rénovations;

Du 10 au 23/07 : Restaurant éphémère ! Brut – Fine Organic Food s’invite au domaine pour un voyage à travers vos sens;

11/08: restaurant au cœur des vignes. Concept gastronomique complètement toqué proposé par TOQUE & CHEZ VOUS

Durant tout l’été : visites sur rdv à 10h30 et 14h . 15 €/pp pour visite et dégustation de 3 vins.

Du 1er au 25 juin : Saison estivale chez Ruffus : balade et parcours didactique gratuit dans les vignes, flûte(s) de Ruffus en terrasse, petite restauration le week-end de 12h à 15h, musique… Pas mal d’activités dans les jours à venir au vignoble des Agaises. Infos : ruffus.be ou page Facebook.

Et aussi trois week-ends en juillet : 7-8-9, 13-14-15 et 20-21-22 juillet  : Ruffus en Terrasse. Animations, DJ’s et bar, avec une édition spéciale le 21/7 pour la Fête nationale. Réservation obligatoire pour l’ouverture et la clôture via ce lien .

Visites guidées à Villers-la-Vigne les samedis 1/7, le 5/8 et le 2/9, de 14h30 à 16h30 environ. Le rendez-vous est à l’accueil de l’Abbaye. La visite survole l’histoire du vin et de son arrivée dans nos contrées, plus particulièrement avec les cisterciens à l’abbaye de Villers-la-Ville. Elle explique ensuite la plantation, le choix des cépages, la conduite de la vigne dans une optique de respect de l’environnement, la taille et évoque enfin la Confrérie, ses buts, ses membres et ses manifestations. Dégustation en fin de visite. Infos: https://villers.be/fr/visite-vignoble

  1. Le pressoir Coquard du Domaine W

    En juin et en juillet : Flâneries dans les vignes du domaine W. Le beau temps est de retour, les vignes, les fleurs, les abeilles, les moutons reprennent leurs droits,… c’est le moment idéal pour venir se balader paisiblement dans les vignes du domaine W.

Un parcours-découverte de 2,5km dans les vignes est proposé les 17 et 24 juin, ainsi que les 8, 15 et 22 juillet, avec des arrêts informatifs sur l’histoire de la famille, du domaine, de la biodiversité, du Brut de Brabant…

Et si vous préférez déguster au cœur des vignes? Sophie et Dimitri vous proposent  un sac à dos isotherme, une couverture, des flûtes et une bouteille de Brut de Brabant (formule VIP). Nombre de places limité et inscription obligatoire via ce lien.

NOUVEAU: les 1 et 2 juillet, le Domaine W ouvre également ses portes pour la toute première fois entre 10h et 17h ! Et c’est gratuit. Au programme: conférence atelier (11h & 15h30), visite de la cave et de la cuverie (10h, 11h30, 14h & 16h), dégustation de miel, coin enfants, DJ et guinguette de 10 à 17h.

Le Clos LoJerAu

A Flobecq, chaque week-end durant les deux mois d’été, le Clos LoJerAu (fondé en 2005) ouvre une terrasse en face de ses vignes : dégustation de vins et cuisine africaine sur réservation au 0471 59 4377. Adresse : Aulnoit 14 à 7880 Flobecq. Page Facebook.

Le domaine du Blanc Caillou et son chai creusé dans la roche

Samedi 17 juin de 10h30 à 17h30 : Journée Portes ouvertes au domaine du Blanc Caillou, rue Blanc Caillou 1 à 6111 Landelies (au sud de Charleroi), visite des vignes et du chai souterrain. Infos : page Facebook.

La parcelle d’Hermée de Vin de Liège

En juillet et août : plusieurs dates pour visiter le domaine de la coopérative Vin de Liège: mercredi 12/7, jeudi 20/7, samedi 29/7 et samedi 8/8, à chaque fois de 11h à 13h30.

Au programme : présentation de la coopérative, visite d’une parcelle de vigne : les cépages plantés, l’agriculture biologique, les travaux de la vigne, la climatologie belge…, visite des installations (pressoir, cuves, fûts), mise en lumière des vinifications et dégustation de 4 vins. Prix : € 15 par personne. Possibilité d’achat après la visite. Inscription indispensable par mail à : gerome.minon@vindeliege.be

Vendredi 30/6 et dimanche 2/7 : Show must go wine. Spectacles (humour et concerts) le 30 juin au domaine du Chenoy avec Eric Boschman et Romain Helvétius, le 2 juillet chez Ruffus avec Eric Boschman, Freddy Tougaux et Gaëlle Maevis. L’événement du 1/7 à Bellum Fagetum a été annulé. Infos et tickets : ICI.

Le chai de Bousval

Visites du Vignoble du Château de Bousval (Genappe) : cet été, le vignoble a le plaisir d’ouvrir ses portes pour vous faire découvrir ses activités viticoles et vinicoles. La visite se déroule en petit groupe de maximum 35 personnes, pour vous emmener entre les parcelles de vignes et le chai (durée 1h30 à 2 heures) et se terminer exceptionnellement par la dégustation de plusieurs vins. Mais il y a déjà deux visites programmées, le 1er (10 à 12h, 20€/pers.) et le 2 juillet (pour les familles uniquement – 6€): détails ICI et  et page Facebook.

Dimanche 9/7 de 14 à 17h : Portes ouvertes au domaine XXV. Découvrez un chai dernier cri ainsi que le premier vin blanc du domaine. Le rosé est déjà épuisé. L’adresse: XXV, rue des Theysses 8 à 4218 Couthuin, xxv.be

Les travaux du Chant d’Eole se terminent !

Les visites estivales du Chant d’Eole: le domaine connaît de grands changements actuellement avec de grands travaux qui s’achèvent, l’ouverture de la Brasserie d’Eole en 24 mai dernier (service midi et soir du mercredi au dimanche), l’ouverture d’un second restaurant gastronomique, l’Impératif d’Eole, à la mi-juillet, une nouvelle boutique mais aussi la poursuite des visites guidées presque tous les jours, avec dégustation. Infos et inscriptions en cliquant sur ce lien.

Le stand AVW en 2022

Le programme de DINANT JAZZ 2023 est parrainé par Château Bon Baron.
Amateurs ou passionnés de jazz, Château Bon Baron propose un nombre limité d’entrées VIP et d’entrées journalières sous diverses formules, de la plus petite à la plus prestigieuse. Infos: ICI.

Depuis plusieurs années, l’Association des Vignerons de Wallonie est présente à la Foire de Libramont et, cette année, du 28 au 31/7 au Sentier des Saveurs dans la Mezzanine du Hall 1, avec les vins de plus de 15 domaines wallons : Château de Bioul, Coteaux des Avelines, Domaine de Glabais, Domaine de la Bouhouille, Domaine de Mellemont, Domaine des Hêtres, Domaine des Marnières, Domaine du Chant d’Eole, Domaine du Chenoy, Domaine W, Domaine Vins des Cinq, Tour de Tilice, Vignoble de Sirault, Vignoble des Agaises/Ruffus, Vignoble de Bellefontaine… Bienvenue! Infos : www.foiredelibramont.com

La plus grande parcelle du village de Sirault

6 août : troisième Marche gourmande du Vignoble de Sirault, un parcours d’environ 4 km à travers les parcelles de vignes dispersées dans le village. Trois haltes gourmandes sont prévues avec dégustation de vins et de spécialités culinaires locales. En fin de parcours barbecue et animation musicale. Uniquement sur inscription exclusivement sur thierryvgl@hotmail.com. Participation de 10€, activités et limitée à 250 personnes. Départ à partir de 9h au chai de la coopérative : 5b rue Emile Vandervelde 7332 Sirault . Infos : page Facebook.

A noter aussi que le 3 septembre, la coopérative organise sa première édition du Théâtre dans les Vignes. Deux spectacles de 15 minutes dans les vignes autour de l’histoire du vignoble de Sirault et des proverbes et dictons sur le vin. Toutes les infos sur la page facebook (voir ci-dessus).

Samedi 19 et dimanche 20/8 : Wine4Cheese – repas « vins et fromages » à la coopérative Vin du Pays de Herve. Les détails seront prochainement publiés sur le site et sur la page Facebook de la coopérative.

Vendredi 25/8 – samedi 26/8 et dimanche 27/8 : Show must go wine – spectacles (humour et concerts) le 25 au domaine de la Bouhouille avec Eric Boschman et Kreshen, le 26 au Domaine du Chapitre avec Eric Boschman, Freddy Tougaux et Lisalou, et le 27 du domaine Vins des Cinq – XXV avec Eric Boschman, Sofia Syko et BJ Scott. Infos et tickets : ICI.

Dimanche 27 août de 10h à 18h: 2e Journée Vignes ouvertes de Prologue, à Soheit-Tinlot. L’équipe vous accueillera toute la journée, seul, en famille ou entre amis pour vous faire découvrir les vignes et parler des premières vendanges !
L’adresse du jour: rue fond de Soheit à 4557 Tinlot. Page Facebook:  ICI.

23e soirée Jazz au Vignoble de Villers-la-Vigne le samedi 2 septembre. Accueil dans le vignoble dès 18h, visite des ruines de l’abbaye en passant par le vignoble conservatoire et le jardin de l’abbé où sera servi l’apéro, un extra brut rosé, assemblage de Regent et Phoenix. Ensuite, repas 3 services dans la grande salle de restaurant du Moulin de l’Abbaye, animation musicale par le « Michel Mainil’s Quartet » (jazz classique, swing et bossa).
Inscription : https://www.villers-la-vigne.be/jazz-2023/

Compilation: Marc Vanel – juin 2023

Newsletter 19

La dégustation du vin

Après avoir décrit l’importance du verre dans la dégustation dans notre précédente lettre d’infos, voici à présent quelques éléments qui vous permettront de mieux déguster le vin. Et c’est à la portée de tout le monde…

Lors d’une soirée de dégustation de vins ou tout simplement pendant un repas chez des amis, il n’est pas rare d’entendre l’un des convives dire « Je n’y connais rien, je peux uniquement dire si j’aime bien ou pas… ». C’est un bon début, dirons-nous, mais il suffit de peu pour construire et exprimer un avis valable. La dégustation est un plaisir qui s’apprend, elle se déroule en trois étapes, visuelle, olfactive et gustative.

1) L’œil

La première chose à observer dans votre verre est la robe du vin, sa couleur, qui vous donnera une indication sur son âge. Avec les années, un vin rouge évolue du pourpre au brun, un blanc, de paille à or. Un rouge avec un disque pétrolé a toutes les chances d’être passé, un blanc avec des reflets verdâtres est incontestablement jeune.

La limpidité (l’absence de particules dans le vin) est également synonyme de qualité, mais la turbidité des vins nature non filtrés vient secouer cette certitude. La quantité de bulles dans un vin effervescent et la manière dont elles montent, ou non, en cheminées, est intéressante à observer, mais, elles ne donnent pas d’indications sur le goût du vin, sauf si elles sont totalement absentes.

Appréciez ensuite la profondeur du vin : moins vous distinguez le fond d’un verre de vin rouge, plus celui-ci est d’une couleur intense.

La palette des couleurs varie selon les vins : de paille à or pour le blanc, saumon à framboise pour le rosé ou, de rubis à grenat pour les rouges. Elle est donc très large et dépend bien sûr du cépage, du terroir, de l’âge du vin, mais aussi du procédé de vinification.

2) Le nez

Votre nez joue un rôle primordial dans la dégustation. Sans odorat, vous raterez de nombreux arômes, mais rassurez-vous, vous en récupérerez en rétro-olfaction, comme nous allons le voir.

On distingue traditionnellement trois nez avant de porter le verre à la bouche. Le premier en humant le vin juste après le service, mais sans secouer le verre,. Ensuite, pour découvrir le deuxième nez, faites lentement tourner le vin (d’où l’importance d’avoir un verre adapté), d’autres odeurs apparaissent. Et enfin, « cassez » le vin en le secouant plus vigoureusement et dégustez-le : il y a de fortes chances que cela n’a rien à voir avec les deux étapes différentes.

La collection Le nez du vin de Jean Lenoir est souvent utilisée pour se familiariser aux différents arômes du vin

SI le vin est fermé et ne sent pas grand-chose, carafez-le quelques minutes, en n’hésitant à la secouer la carafe d’un mouvement rapide. Inutile d’attendre une demi-heure, le résultat est rapide. Certains vins sont discrets, tandis que d’autres seront très intenses.

Trois types d’arômes peuvent être distingués à ce stade : primaires, secondaires et tertitaires.

Les arômes primaires sont les arômes liés à la variété du cépage : floraux, fruités, végétaux, minéraux ou épicés.

Les arômes secondaires, ensuite, sont liés aux fermentations (alcoolique, avec la formation d’esters souvent fruités, et malolactique, avec l’arôme caractéristique de beurre…). Des notes amyliques ou acidulées (type bonbon anglais, vernis, banane) peuvent également être décelées.

Enfin, les arômes tertiaires sont elles plutôt liés à l’élevage et l’évolution du vin. Ils sont apportés par l’élevage en barrique (vanille, cèdre, bois neuf) mais peuvent aussi inclure des arômes de sous-bois ou d’épices, ou des notes empyreumatiques (café grillé, torréfaction des fûts, champignons, etc.).

Les principaux arômes des vins blancs sont :

    • fruités : agrumes, pamplemousse, mandarine, zeste d’orange ou de citron (vert), pomme, poire, melon, fruits secs, etc.
    • floraux : fleurs blanches (aubépine, acacia), rose, violette, fleur d’oranger, etc.
    • végétaux : herbe fraîchement coupée, fougère, menthe, champignon, anis,…
    • épicés : vanille, cannelle, curry,…
    • ou encore, le beurre, le pain grillé, l’amande, le café, la fumée, le caramel,…

La palette est large et évolue selon l’âge du vin, comme l’indique cette carte des arômes du champagne, éditée par le Comité Champagne et accessible sur leur site.

© CIVC

Et des vins rouges :

    • fruités : cerise, mûre, framboise, fraise, pamplemousse, amande, etc.
    • floral : rose, violette, fleurs séchées
    • végétal : poivron, herbe coupée, feuilles de tomate, bourgeon de cassis
    • épicés : poivre vert, noir ou rose, réglisse,…
    • ou encore pierre mouillée, silex, caramel, café, etc.

Lors de la dégustation, évaluez si ces arômes sont délicats, raffinés, complexes, équilibrés (notamment par rapport à l’alcool).

Enfin, l’étape du nez permet également de déceler un éventuel défaut du vin : bouchon, réduction (odeur de serpillière ou d’oignon), oxydation (vin madérisé ou oxydé par contact involontaire avec l’air) ou acide volatil (piqûre acétique, vernis à ongle).

A ce stade, nous n’avons toujours pas mis le vin en bouche, mais il a déjà livré une bonne part de ses secrets… Ces arômes sont bien sûr liés à notre mémoire olfactive. Celui qui n’a jamais senti une fleur d’acacia ou un buis, ne le retrouvera pas dans un vin, mais il retrouvera peut-être le parfum âcre de la Tante Germaine en visite le dimanche pour manger la tarte aux abricots… tout s’apprend avec la répétition.

3) La bouche

C’est l’une des étapes les plus complexes, car la bouche combine le goût, le toucher et l’odorat (en rétro-olfaction). La langue joue bien sûr un rôle primordial : chaque papille gustative est capable de détecter les 4 saveurs de base des vins : sucré, salé, amer et acide. Cette dernière est primordiale, car elle fait saliver et apporte une sensation de fraîcheur. Elle permet aussi de juger si un vin a encore de belles années devant lui ou non.

En début de dégustation, il convient de ne prélever qu’une petite quantité de vin, quelle que soit sa couleur, de la garder en bouche et de la mélanger avec un peu de salive avant de la faire rouler sans la recracher tout de suite. En dégustation professionnelle, cette étape est la dernière. Elle permet en effet de juger de l’équilibre du vin, de son corps (léger ou puissant, soyeux, asséchant), de l’alcool (le vin est-il suave, rond, soyeux, équilibré)… Même en en goûtant une vingtaine…

Pendant que le vin tourne en bouche (il ne faut pas se gargariser…), les arômes s’expriment graduellement (ou pas) et, en s’évaporant, remontent jusqu’à la cavité nasale, on parle de rétro-olfaction. Une autre manière d’utiliser le nez pour ceux qui n’en ont pas trop.

Enfin, une fois le vin recraché, les arômes vont rester un certain temps en bouche : c’est la longueur du vin. Certains comptent le temps que le vin met à disparaître et transforment les secondes en caudalies (1/sec.), mais vous n’avez pas vraiment besoin de cela pour vous rendre compte si le vin disparaît tout de suite ou s’il reste en bouche de longues secondes, voire minutes. N’hésitez pas à sentir votre verre vide, il apporte encore quelques éléments.

Et pour les vins wallons ?

Ne pensez pas que ces considérations soient limitées aux grands crus de France et d’ailleurs, elles sont bien sûr aussi valables pour les vins belges, comme l’explique l’œnologue Véronique Lidby, spécialiste des terroirs belges.

“Effectivement, nos vins wallons ‘parlent’ de leurs terroirs, ils en expriment les composantes multiples : climat local, sol et sous-sol, cépage choisi, type de vinification et d’élevage… l’interaction plante/lieu/vigneron.

L’expression d’un lieu influencera la maturité du raisin : la nature du sous-sol, schisteux, gréseux, crayeux,… ; le micro-climat de ce lieu (altitude, proximité d’un cours d’eau, exposition au soleil,…)

L’expression d’un cépage : certains cépages sont très exubérants sur le plan aromatique (ex Sauvignon blanc, Souvignier gris, Muscat, Muscaris), d’autres sont plus discrets (Chardonnay, Solaris). Certains cépages rouges sont délicats sur leurs tanins (Pinot noir, Pinotin) d’autres plus charnus, corsés (Acolon, Cabernet cortis, Cabaret noir,…)

L’expression d’une vinification : le vigneron a choisi de garder pour son blanc sec une fraîcheur et a évité la ‘malo’ ou, ou contraire, a cherché à réduire une vivacité excessive par une fermentation malo-lactique ? Vous serez devant deux ‘styles’ de vin : vin blanc sec et vif, et vin vin sec plus rond. Deux styles, donc deux possibilités d’accords mets-vins …

Véronique Lidby (en bas à gauche) organise régulièrement des dégustations au pied du mur géologique de Comblain-au-Pont (cf. veroniquelidby@gmail.com)

De même pour les vins rouges, le vigneron choisira d’extraire plus ou moins de structure tannique, il va ‘modeler’ son vin par macération plus ou moins prolongée des peaux de raisin dans le jus… plusieurs styles aussi, plusieurs accords mets et vins possibles…

L’expression d’un élevage : le vigneron a réalisé un vin simple, fruité, à boire assez rapidement, pour chaque jour ? Ce vin ne sera pas passé en barrique. Le vigneron a préparé un vin de garde, de ceux qu’on oublie en cave quelques années et qui développe sa complexité aromatique ‘tertiaire’ ? Ce vin a été ‘barriqué’. Magnifique !

En Wallonie, nous avons une richesse de vins différents, car nos vignerons ont planté de nombreux cépages pour tester ceux qui conviennent le mieux à notre climat. Ces variétés de raisins, classiques ou plus modernes, vinifiés et élevés de différentes façons, nous offrent une palette incroyablement riche en découvertes organoleptiques.

Certains vins vous feront penser aux meilleurs vins de Bourgogne ou d’Alsace, d’autres évoquerons directement ce que la Champagne produit de plus délicat, voire vous feront entendre des cigales…

Comment découvrir nos vins wallons sans a priori ? Un conseil : cachez vos bouteilles sous des chaussettes, laissez-vous surprendre par le vin, sans regarder l’étiquette avant de déguster !

Vous allez voyager dans votre bibliothèque olfactive, retrouver les arômes typiques des Chardonnay, Pinots, Riesling, Sauvignon, etc pour les vins blancs… et découvrir en enlevant la chaussette qu’il s’agit bien du cépage suspecté (bravo !) ou bien que vous ne connaissez pas du tout le ou les cépages indiqué(s) sur la contre-étiquette ! L’aventure commence…

Pour les rouges, certains ‘pinoteront’ avec leurs arômes de cerise, de pivoine, de framboise bien mûre, d’autres vous paraitront poivrés, épicés et fruités… et vous associerez rapidement les arômes variétaux (primaires) identifiés à tel ou tel cépage, qu’il soit ‘classique’ ou ‘moderne’.

En bouche, gustativement, une certaine fraîcheur sera perceptible, car nous restons en zone septentrionale et nos raisins gardent un bel équilibre acidité/sucres. Mais une rondeur équilibrera votre vin, enrobera des tanins plus ou moins extraits et présents.

Explorez les vins wallons, diversifiés, différents, étonnants, prêts à être dégustés avec un plat adapté à leurs caractéristiques.

Essayez cette diversité locale, et pourquoi pas sur des plats wallons ! Bonne dégustation ! »

Marc Vanel, en collaboration avec Véronique Lidby pour la dernière partie

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Le Château Bon Baron passe au vert

Show Must Go Wine©

Newsletter 18

Collection Jamesse Grand Champagne

Du bon usage du verre à vin

Né au début du XIVe siècle, le verre à vin n’a cessé d’évoluer. Sa forme a un impact essentiel sur la dégustation, surtout celle des vins effervescents.

Si nos ancêtres préhistoriques utilisaient un matériau vitreux naturel à base de silice fondue (l’obsidienne), skyphos, kilix et outres de peau furent les premiers récipients et gobelets utilisés par les Grecs et les Romains pour boire divers liquides. Les pots en argile, plomb, étain ou faÏence et autres gourdes les remplaceront au fil des siècles, chaque époque connaissant des progrès technologiques.

A partir du XIe siècle, décrit Jean-Robert Pitte dans son livre sur l’histoire de la bouteille de vin*, l’Europe redécouvre les techniques verrières antiques oubliées pendant la période des invasions, il fallait en effet doter les églises de vitraux. A table, les élites redécouvrent également un certain goût du raffinement.

Venise, qui était alors à la tête d’un vaste empire maritime et commercial, domine l’art du verre depuis le XIe siècle et fait venir des artisans de Constantinople qui lui permettent de se perfectionner. Fin du XIIIe siècle, les verreries se déplacent à Murano : verres et carafes sont rapidement exportés dans toute l’Europe. Et la bouteille fait progressivement son apparition, faisant l’objet de moultes évolutions jusqu’à nos jours, notamment en Angleterre.

Collection Lallement M5

Les parties d’un verre

Le verre à vin est composé de trois parties principales : le calice, la tige et la base, chacune composée de différentes parties. Elles étaient autrefois faites séparément en plusieurs morceaux avant d’être assemblées. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, le moule est unique.

L’ouverture du calice (ou gobelet) est le buvant sur lequel on pose les lèvres. Sa finesse est un gage de qualité. Juste en dessous, la cheminée est la partie plus serrée du haut du verre, elle concentre les arômes du vin, la plus large étant l’épaule où se développent les arômes. Elle permet également le calibrage du service pour le sommelier.

La paraison est la partie basse du contenant, elle peut avoir diverses formes, ronde, galbée, droite… Selon son étendue, le vin sera plus ou moins rapidement oxygéné. Elle permet également de faire tourner le vin dans le verre.

Entre le pied et la paraison, le bouton fait le lien entre le pied et le contenant. Sa forme a une influence majeure sur l’effervescence dans le verre. Son rôle esthétique n’est pas négligeable.

La jambe du verre ou la tige permet de tenir le verre de manière élégante, et surtout de ne pas tenir le gobelet avec la main afin que le vin ne se réchauffe pas trop vite.

Enfin, la base permet au verre de tenir debout et de ne pas se renverser, elle est forcément toujours plate. Le nom du verrier y est souvent gravé au laser.

Lehmann Opale, un modèle très répandu chez nos vignerons

Un succès planétaire

Dans la dégustation professionnelle, afin d’avoir un point de comparaison, le verre de référence est le verre INAO adopté en 1970 sur base d’un cahier des charges de l’Association française de normalisation (AFNOR). L’INAO n’ayant pas déposé de brevet, il est copié en masse et devient ainsi le verre de dégustation le plus répandu dans le monde.

Ses dimensions sont toutefois réglementées et servent d’étalon :

      • volume total entre 210 et 225 ml
      • buvant : diamètre de 46mm
      • calice : hauteur de 100mm
      • épaule : diamètre de 65mm
      • pied : hauteur de 55mm
      • base : diamètre de 65 mm

Ces dernières années, le service du vin a gagné en importance et certaines marques font désormais appel à des grands sommeliers pour créer leurs collections.

Le choix du verre

Pour choisir le bon verre, plusieurs critères sont à prendre en compte, comme celui de prendre un verre transparent, car une couleur, claire ou foncée, empêche de voir la couleur réelle de la robe d’un vin. Essayez de déguster un vin dans un verre noir, totalement opaque, il y a de fortes chances que vous ne distinguiez pas le rosé ou rouge. Un verre teinté empêche par ailleurs de voir d’éventuels défauts du vin.

Le verre doit aussi être le plus sobre possible, sa forme doit être adaptée à sa fonction : il existe des verres pour le blanc, le rouge et les bulles, et même des verres théoriquement dédiés à un cépage particulier, mais vous ne pouvez malheureusement avoir un type de verre pour chaque vin de votre cave.

Il est de coutume de boire le rouge dans les plus grands verres, et le blanc dans un verre plus petit, et les bulles dans des flûtes, mais ce n’est qu’une coutume, tout est question de diamètre. Pour les bulles en tout cas, évitez la coupe de dix centimètres de diamètre qui laisse trop vite s’envoler les bulles. Même si la légende veut que celle-ci ait été moulée sur le sein de Marie-Antoinette, reine de France, épouse de Louis XVI et grande amatrice de champagne.

Au moment du service, le verre doit être propre, ne pas sentir le savon qui l’a nettoyé (le mieux est de nettoyer à la vapeur ou à l’eau claire), ni le bois de l’armoire où il est entreposé (toujours le ranger sur son pied donc), ni le carton de sa boîte.

Ensuite, la forme a bien sûr une importance capitale, surtout pour les vins effervescents. Passons en revue quelques grandes marques convenant aux bulles…

Jamesse-Premium-28-23-18

Quelques belles références

Le contenu d’un verre à vin est habituellement de 15 à 30cl, mais les verres pour les effervescents sont souvent plus petits que les autres. Par ailleurs, comme ils sont généralement associés à l’apéritif ou à un moment festif, ils sont plus légers et leur tige ne doit pas être trop courte pour que la main ne soit pas trop proche du gobelet, nous l’avons déjà relevé. Ce qui est encore plus important pour un vin effervescent que pour un autre vin.

Le marché de la verrerie est traditionnellement dominé dans l’Horeca par des marques allemandes ou autrichiennes (Riedel, Schott Zwiesel ou Spiegelau), mais des marques italiennes ou françaises (Chef & Sommelier, Lehmann), et même chinoises, sont venues bousculer le marché.

Les prix varient très fort d’une marque à l’autre, selon que le verre soit soufflé bouche (plus léger mais plus fragile) ou machine (plus lourd mais plus résistant). Le cristal contient aussi du plomb (sans aucun danger pour la santé), car celui-ci abaisse le point de fusion du verre et stabilise sa composition. Il le rend aussi plus lumineux et lui donne une sonorité particulière. De nombreuses marques remplacent le plomb par du titane qui résiste mieux aux éclats et fissures et permet un passage au lave-vaisselle.

Enfin, le cristal est aussi plus poreux et rugueux que le verre, il génère plus de « turbulence » dans le gobelet lorsque l’on fait tourner le vin, assurant ainsi une meilleure aération du vin.

Les trois marques les plus populaires sont :

      • Spiegelau Adina Prestige est une flûte classique, assez polyvalente, où le plomb est remplacé par du platine. Un verre gracieux, très utilisé par les professionnels du vin et – la grande restauration. D’un rapport qualité/prix exceptionnel, ce verre est fin et solide à la fois, avec une expression aromatique harmonieuse. Prix : ±20€
      • Riedel Veritas : un verre ultra fin et délicat malgré son large volume (44,5cl), à utiliser de préférence pour les effervescents gastronomiques et millésimés. Avec plomb.
      • Schott Zwiesel Enoteca Champagne : la marque fut la première à proposer cette forme élégante et d’un très haut niveau de qualité. Un verre soufflé bouche indémodable, produit sans plomb, durable et résistant. Comptez quand même environ 35€ le verre.

Dégustation comparative

Plus abordable et très présente sur le marché belge grâce à son importateur PiCLA (Grez-Doiceau), que l’on croise souvent dans les foires et salons, Lehmann Glass (basé à Reims) propose notamment la gamme Signature, une collection de verres de grande qualité.

Elle a été conçue et réalisée avec des grands chefs ou des grands sommeliers, tels que feu Gérard Basset (Meilleur Sommelier du Monde en 2010), Fabrice Sommier (Meilleur ouvrier de France Sommelerie 2007 et chef sommelier du restaurant gastronomique Georges Blanc jusqu’en 2021), Philippe Jamesse (sommelier du Domaine des Crayères à Reims pendant 18 ans), et Arnaud Lallement, chef triplement étoilé de L’assiette champenoise.

Nous avons rassemblé une quinzaine de verres, de tailles et de marques différentes, et dégusté successivement deux effervescents dans cet assortiment : un 100% Chardonnay ainsi qu’un effervescent assemblant cépages classiques et résistants.

Bulles Chardonnay

Première remarque : l’effervescence n’est pas la même partout. Dans certains contenants, les bulles semblent coincées, alors qu’elles forment de belles cheminées dans d’autres. L’explication tient à la présence (ou non) d’une marque dans le fond du verre. Lorsque le piqué est prononcé, celui-ci favorise une longue et précise effervescence.

Le nez : les verres avec une ouverture étroite ont tendance à retenir l’expression des arômes qui trouvent une meilleure expression dans des verres de contenance moyenne à large, avec un diamètre d’ouverture de 67 à 90 mm. Certains verres révèlent des notes d’agrumes et de zeste que d’autres n’ont pas.

Après remuage, le verre Hadrien ainsi que le M5 de la collection Lallement, les série Absolus et Opale donnent, tant au nez qu’en bouche, de très beaux résultats.

Cette dernière collection a été créée pour répondre au souhait des maisons de Champagne d’avoir une flûte ayant un fond piqué marqué permettant de mettre en exergue les fines bulles de leurs grands crus. De nombreux vignerons wallons l’ont choisie. Le petit modèle est particulièrement pratique pour les dégustations avec beaucoup de public, mais le modèle supérieur est préférable pour des dégustations plus intimes.

A noter que le verre n’est pas autorisé pour les dégustations en plein air, la gamme Vitus en plastique est donc une alternative. A condition de ne pas s’attarder sur le nez…

Vitus, des verres en plastique de qualité

Mention spéciale pour le Premium et le Grand Champagne  de Jamesse qui mettent véritablement le vin en valeur, et surtout pour  l’Oenomust créé en collaboration avec Gérard Basset, qui allie tradition et modernité.

Pas forcément élégante (quoique…), sa forme ventrue sublime réellement la dégustation, tant pour les blancs et rouges que pour les bulles (il existe une flûte Oenomust, mais le grand verre est tout aussi bien, sinon mieux).

Sa forme est très pratique, elle permet en effet une rotation aisée et une oxygénation facile du vin. Dans la série évaluée, l’Oenomust offre le nez le plus riche, il sera le seul à révéler une légère amertume en fin de bouche. Après carafage, il est également le seul à révéler des notes de pamplemousse, de citron vert ou de mandarine.

Oenomust, un verre pas très élégant mais très efficace

Bulles résistantes

Le résultat de ce vin choisi en Extra Brut fut surprenant, à plus d’un titre, car ce sont les petits formats qui ont le mieux fonctionné au nez, contrairement au chardonnay.

En bouche, le Janesse Premium a véritablement apporté un registre aromatique plus large que les autres verres. Cette dégustation est purement informative, tous les débats sont ouverts…

Pour Amaury de Jamblinne, gérant de PiCLA, si les verres Hommage (Basset) et ceux de Sommier fonctionnent bien en gustatif, la gamme la plus belle est la Collection Lallement (M5 et n°2).

> Plus d’infos dans le showroom de PiCLA, chaussée de Wavre 203c à 1390 Grez-Doiceau, picla.be. A noter que l’activité principale de la société est l’aménagement et la climatisation des caves à vin. La personnalisation des verres est également disponible.

Marc Vanel

––

* : PITTE, Jean-Robert, “La bouteille de vin. Histoire d’une révolution”, Ed. Tallandier, Paris, 2013

 

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Newsletter 17

Plantation des Pinots chez Vin de Liège

Ces nouvelles variétés résistantes venues d’Italie

Après avoir consacré deux lettres d’infos à la place des cépages résistants en Wallonie (Lettres n°2 et n°9), voici à présent un focus sur les nouveaux cépages résistants italiens qui pourraient bien bouleverser le paysage vinicole des prochaines années.

Depuis la création du domaine du Chenoy par Philippe Grafé en 2003, les variétés de vignes résistantes connaissent une croissance permanente, même si les deux cépages les plus populaires en Belgique demeurent le Chardonnay et le Pinot noir. Les locomotives à bulles que sont le domaine du Chant d’Eole et Ruffus, y sont évidemment pour quelque chose.

Représentant 30 à 40% des vignes plantées en ce royaume, les cépages résistants ont permis de développer ces dix ou douze dernières années en Wallonie une viticulture plus respectueuse de l’environnement et l’émergence de domaines bio, tels que Vin de Liège, Château de Bioul, Tour de Tilice, Domaine de la Bouhouille, Coteaux des Avelines ou quelques autres.

Outre le fait qu’ils nécessitent moins de traitements phytosanitaires, ils permettent grâce à leur originalité, de développer progressivement une véritable identité belge. Et en cette période de changement climatique, c’est tout sauf négligeable.

Cette tendance est loin de s’inverser, car, depuis un an ou deux, de nouvelles variétés arrivent arrivent dans nos vignobles, dont celles de la coopérative Vivai Cooperativi Rauscedo – VCR en Italie, la plus grande pépinière dans le monde.

© VCR

« Elles sont, explique le pépiniériste italien, le résultat d’un programme de croisement entamé en 1998 pour obtenir des nouveaux cépages résistant au mildiou et à l’oïdium avec un potentiel œnologique élevé. Ceux-ci contiennent une part prépondérante du génome de Vitis V. (plus de 90%) par rapport aux porteurs de résistance du genre Vitis. Ces programmes ont été intensifiés depuis 2006 grâce à la constitution de l’Institut de Génomique Appliquée – IGA dont VCR est partenaire financier.

Depuis 2015, VCR a également entamé un programme de croisement pour obtenir des nouveaux cépages résistants de cuve, de table et de porte-greffe ainsi que des variétés autochtones améliorées (VAM) sélectionnées dans le but d’allier tradition et innovation dans leur ADN. »

Le siège de VCR

Ces dernières années, des centaines de croisements différents ont ainsi été réalisés, aboutissant à des centaines de milliers de génotypes résistants, qui sont en cours d’évaluation agronomique et œnologique. Dans un avenir proche, seront donc disponibles sur le marché des variétés résistantes issues de variétés italiennes telles que Glera, Nebbiolo, Sangiovese, Cannonau, etc. Ou également issues de cépages français (Sémillon, Chenin, Tannat, Syrah) ou espagnols (Albarino, Parellada, Macabeo, Godello…).

Quatrième génération

Premier acteur mondial dans son domaine, VCR produit 80 des 130 millions de boutures de pieds de vigne achetées chaque année en Europe, dont 2,3 millions de boutures de variétés résistantes. La coopérative multiplie quelque 646 variétés, dont une soixantaine destinées à la table. Près de la moitié de sa production est exportée, c’est dire l’importance de la pépinière.

« Aujourd’hui, a déclaré Kevin Baralon, directeur de VCR France sur Vinseo , sur la base des croisements des années 1970 réalisés en Allemagne, en Hongrie, en Autriche, en Suisse et en Italie du Nord, nous avons une large palette de cépages de quatrième génération qui permettent une production viticole qui est bien tolérée par le consommateur. »

La création d’une nouveau cépage résistant nécessite plus 15 ans de recherche et d’observation, les résistants sont donc dignes de confiance, contrairement à ce que certains opposants répètent.

Et surtout, comme le souligne l’association PIWI sur son site (le nom allemand des résistants), « des quantités importantes de produits phytosanitaires (fongicides) sont appliquées en viticulture pour prévenir d’éventuelles infestations fongiques et sécuriser la récolte. Selon les analyses de l’office statistique de l’UE (EuroStat), l’utilisation de pesticides par hectare et par an en viticulture est de loin la plus élevée par rapport à tous les autres produits agricoles produits dans l’UE. Cependant, les vignes PIWI ont une résistance élevée aux maladies fongiques et permettent une réduction significative de l’utilisation des pesticides et protègent ainsi l’environnement. 

(…) Les vignes PIWI sont des croisements entre les espèces de Vitis, où les caractéristiques exceptionnelles, la résistance et les qualités du vin sont combinées les unes avec les autres. Un élevage et une sélection ciblés aboutissent à de nouveaux cépages innovants qui permettent de rendre la viticulture plus durable et de relever les défis futurs du vignoble. Tous les cépages PIWI actuellement agréés pour la viticulture sont créés selon la méthode classique de sélection de la vigne. »

Le chai des micro-cuvées – © VCR

Dans le cadre du programme transfrontalier EMRWINE Euregio Rhin Meuse, le directeur de VCR, Eugenio Sartori, présentera les 2 et 3 février 2023 une vingtaine de microcuvées de ces nouveaux résistants qui portent des noms qui résonnent familièrement à l’oreille: Pinot Kors, Pinot Iskra, Merlot Kanthus, Merlot Khorus, Sauvignon Kretos, Nepis ou Rytos, ou encore Cabernet Eidos ou Volos, pour ne citer que ceux-là. Un Chardonnay résistant est même annoncé… [A noter toutefois que la conférence est déjà complète]

Focus sur quelques-uns d’entre eux :

> Pinot Iskra B : SK-00-1/7 x Pinot blanc (code UD. 109-033). Sur le plan sensoriel, Il est très similaire au Pinot blanc parental. Son profil aromatique montre une bonne intensité d’arômes fruités-fermentaires, floraux et d’agrumes. Il convient à la production de vins mousseux ou de vins parfumés.

> Soreli B : Tocai Friulano x 20-3. Excellente résistance au mildiou (Rpv 12, Rpv 3) et bonne à excellente résistance à l’oïdium. Sensibilité réduite au botrytis et à la pourriture acide. Potentiel oenologique : l’accumulation de sucre est excellente et l’acidité est dans la moyenne, même les années chaudes. Il est adapté à l’assemblage avec Fleurtai pour des vins structurés.

> Pinot Volturnis N : Pinot noir x 99-1-48 (code UD. 156-312). Excellente résistance au mildiou. Proche du cépage parental Pinot noir, son profil offre de délicates notes florales, puis de fruits rouges et d’épices. Haute teneur en anthocyanes.

Grappe de Volturnis – © VCR

> Pinot Kors N : Pinot noir x 99-1-48 (code UD. 156-537). Lui aussi proche du Pinot noir, son profil aromatique présente des notes intenses de fruits rouges mûrs rappelant les cerises noires et les fraises des bois, perceptibles également en fin de bouche.

> Fleurtai B : Tocai Friulano x 20-3 (code UD. 34-111). Résistance au froid jusque -23°C ! Bonne accumulation de sucre avec une acidité moyenne. Notes de fleurs blanches, poire et d’amande typiques du parent Tocai Friulano.

> Sauvignon Rytos B : Sauvignon x Bianca. Très bonne résistance au gel. Notes tropicales combinées à un parfum minéral marqué. Ce cépage permet d’élaborer des vins à la trame aromatique intense et à l’amplitude potentielle positive et très complexe. On retrouve des propriétés du même ordre dans le Sauvignon Nepis ou le Sauvignon Kretos.

> Merlot Khorus : Merlot x 20-3 (code UD. 31-125). Très bonne résistance au mildiou et bonne résistance à l’oïdium. En moyenne, sensible au botrytis, à la pourriture acide et à l’anthracnose dans des conditions favorables au développement de la maladie. Résistance jusqu’à -20°C. Son profil aromatique montre des notes évidentes de fruits rouges. Haute teneur en anthocyanes et en tanins pour un développement de qualité lors d’un élevage moyen à long.

> Kersus : SK-00-1/7 x Pinot blanc (code UD. 109-052). Excellente résistance à Peronospora et bonne résistance à l’oïdium. Bonne résistance aux baisses hivernales jusqu’à -20°C. Sur le plan sensoriel, le vin de Kersus s’apparente au Chardonnay avec quelques notes de Pinot Grigio. Grande intensité de senteurs florales et d’agrumes qui évoluent vers les fruits exotiques.

> Julius : Regent x 20-3 (code UD. 36-030). Bonne résistance au mildiou et à l’oïdium. Sensibilité réduite à l’anthracnose. Le profil aromatique est très positif en raison des composés glycosides qui s’accumulent de façon optimale en intensité et amplitude. Il a une concentration de notes florales et fruitées supérieure à la moyenne.

Dossiers et fiches techniques disponibles sur le site de VCR.

Témoignages de nos membres

En Wallonie, plusieurs domaines ont déjà plantés des cépages VCR à titre expérimental.

A la coopérative Vin de Liège, une première plantation a été faite en 2021 avec quatre variétés issues de croisement avec du Pinot noir. « Leur comportement a été parfait, déclare Alec Bol, administratreur-délégué, la résistance au mildiou fut totale en 2021 alors qu’il y en avait un peu partout,. De l’oïdium a touché les feuilles d’un des cépages, mais nous étions prévenus de sa sensibilité. Une petite récolte en 2022 nous a permis de faire des essais de vinification, mais il faut reconnaître que nous ne sommes pas équipés pour des micro-cuvées. Il est plus facile de vinifier 6000 litres que 6…  Nous allons en planter d’autres, des Merlots cette fois, en collaboration avec le Vignoble des Trois Rois dont une des parcelles touche la nôtre, cela permettra d’en développer davantage. »

Benoît Heggen et son tout jeune Pinot Kors…

Vingt kilomètres plus à l’est, au Domaine des Marnières à Warsage, Benoît Heggen est lui aussi très enthousiaste. « J’ai planté 2 x 500 pieds de Pinot Kors et de Kersus pour pouvoir remplir un fût de chaque variété mais je n’ai pas encore effectué de vinification. Durant ces deux premières années de production, j’ai pu observer une forte croissance alors que la parcelle est sur des sols de graviers. Je n’ai fait aucun traitement, et le Chardonnay juste à côté a été lui fortement touché par l’oïdium. Une chose intéressante à relever, le porte-greffes est plus haut que les autres, la plante a donc beaucoup plus de nourriture pour alimenter l’œil qui va sortir. »

Le vignoble de Matthieu Roy planté à Villers-la-Ville en 2022 (photo jprise en juillet) – © Vanel

Enfin, dans le Brabant wallon, à Villers-la-Ville, Matthieu Roy a planté l’an dernier 3,5 hectares de cépages résistants, dont une large part de Merlot Khorus et de Pinot Kors. « Je n’ai bien sûr pas encore assez de recul, mais j’ai constaté une très belle vigueur et seulement 2% de pertes. Tous deux résistent sans traitement, même si l’oïdium a touché quelques feuilles. Et le 15 novembre, j’avais encore beaucoup de feuilles. »

Marc Vanel – janvier 2023

 

 

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Newsletter 16

Viticulture et climatologie :
un sujet  d’actualité

Station météo au Domaine de la Portelette – © Vanel

L’anticipation des risques climatiques (pluie, gel, grêle, etc.) et des maladies susceptibles d’affecter la qualité des raisins et des vendanges est un enjeu majeur dans notre viticulture. Chercheur à l’ULiège et l’UBourgogne, le climatologue Sébastien Doutreloup s’intéresse au sujet depuis plusieurs années. Entretien.

« Mon intérêt de climatologue pour la vigne a débuté à la fin de ma thèse de doctorat, explique-t-il, j’étais toujours assistant à l’Université et il fallait que je trouve un sujet de recherche. Il y a de plus en plus de vignobles en Wallonie mais personne n’étudie le climat de la vigne. En Belgique du moins, car j’ai beaucoup de collègues étrangers qui le font.

J’ai donc initié un partenariat avec l’Université de Bourgogne et je suis parti à Dijon pour travailler avec eux. Mais la vigne est immensément complexe, comme le climat, je me suis donc contenté des variables climatiques qui influencent la vigne. On parle souvent de changement climatique, mais la difficulté est de caractériser ce changement et de décrire l’évolution des cépages qu’il faudrait prévoir. »

Pour répondre à cette question, Sébastien Doutreloup s’est donc associé à d’autres climatologues et chercheurs, dont Benjamin Bois, agronome de Dijon et de l’Institut de la Vigne et du Vin (Université de Bourgogne). Ensemble, ils ont choisi d’utiliser le Modèle Atmosphérique Régional (MAR) développé à l’Uliège afin de comparer le climat belge avec celui de la Champagne, de la Bourgogne, de l’Alsace et du Jura et d’identifier la position de la Belgique dans cette comparaison et sa potentialité viticole actuelle avec le réchauffement climatique.

Plus de 150 points de collecte

« Développé majoritairement à Uliège,  le MAR est utilisé pour les prévisions météo mais aussi pour la vigne. Pour observer le climat, relève le chercheur, des données ont été enregistrées en Belgique à partir de 27 stations du réseau SYNOP installées entre 2000 et 2020, et en France, à partir de 145 stations réseau Météo France.

L’un des 150 points de collecte de données. ici à Chevron. © Vanel

Nous avons ainsi pu analyser plusieurs variables. Tout d’abord, les variables météo annuelles et saisonnières (température annuelle, minimale et maximale, pluviométrie) mais aussi les indices bioclimatiques (l’indice d’Huglin qui donne une bonne idée du climat nécessaire à la culture d’un cépage), mais aussi les jours de gel au printemps, les jours chauds en été ainsi que les précipitations cumulées d’avril à septembre.

A cela s’ajoutent encore l’observation des indicateurs phénologiques du Chardonnay, variété commune aux quatre régions, aux quatre stades clés de son développement (débourrement, floraison, véraison et maturité) ainsi que plusieurs autres données comme le pourcentage d’années gélives après la date de débourrement. 

Ces données, poursuit le climatologue, ont été transformées en indicateurs phénologiques pour voir si MAR permettait de bien représenter les stades-clés de la vigne (nous avons regardé cela pour le Chardonnay) ainsi que plusieurs autres données comme le pourcentage d’années gélives après la date de débourrement. 

L’étude continue de ces variables a permis de classer les types de climats et de voir qu’à chaque type de climat était associé un type de cépage. Cela va du Müller-Thurgau et du Pinot gris dans les climats froids à la Syrah ou au Viognier dans les climats chauds jusqu’au Nebbiolo dans les climats très chauds. On voit ainsi qu’en Belgique, on préfèrera le Pinot gris plutôt que le Carignan réservé aux climats chauds et très chauds.

Ces variables, représentées dans le tableau ci-après, permettent de dire que la Belgique (considérée dans son ensemble , région côtière et région de l’Ardenne exclues) est la région où les températures minimales moyennes sont les plus basses au printemps (1,3°), mais aussi en été (20.0°) ou sur l’année (10,2° de moyenne).

Au niveau de la pluviométrie, pour les quatre régions, le Jura est celle qui a l’indice le plus élevé – (1339 mm/an) et l’Alsace la plus faible (614mm/an). En Belgique, la moyenne de 827mm/an.

© Sébastien Doutreloup

Belgique = Champagne ?

« On pense souvent que la Belgique ressemble à la Champagne, mais si l’on considère les degrés-jour qui permettent d’évaluer la rigueur du climat d’une année à l’autre et d’une région à l’autre, on constate que le climat est plus froid chez nous, avec un écart de l’ordre de 180 degrés-jour environ et surtout que notre pays est la plus gélive des quatre régions. »

A noter que pour 2020, l’indice d’Huglin est de 1800 degrés-jour mais seulement de 1100 en 2021. Il est important dès lors de regarder à la fois la moyenne sur 20 ans, mais également sa variabilité.

Sébastien Doutreloup et ses confrères ont également étudié les stades de développement du Chardonnay. Très présente dans les trois autres régions, c’est aussi la variété la plus plantée en Belgique.

« La Belgique est la région la plus tardive à tous les stades de croissance du Chardonnay et il faut absolument que sa maturité phénologique soit atteinte avant le 31/10, car après cette date, il fait trop froid pour vendanger. 

En synthèse, on peut dire que sur la période 2000-2020, la Belgique est :

  • classée comme « très froide » selon l’indice d’Huglin,
  • plus tardive que la Champagne et le Jura, il faut donc préférer d’autres cépages plus précoces pour éviter le risque de non-maturité,
  • le gel printanier est le plus gros risque, il gèle après débourrement quasiment un an sur deux. Il faut donc préférer les cépages au débourrement tardif
  • les précipitations et les jours chauds ne sont pas un risque, sauf peut-être dans le sud de la Wallonie. »

Quid de l’avenir ?

Qu’en sera-t-il de la viticulture belge dans un futur proche ou lointain ? Sébastien Doutreloup et les autres chercheurs en climatologie confrontent leurs simulations aux modèles du GIEC qui estiment l’évolution du climat en fonction des émissions des gaz à effets de serre.

Si l’on utilise le scénario de réchauffement climatique le plus réchauffant, on se dirige vers un indice d’Huglin de + de 2000 degrés-jour avec une augmentation de 5 à 6°C d’ici la fin de ce siècle. Ce qui signifie que l’on pourra alors planter du Grenache ou de la Syrah en Belgique…

© Sébastien Doutreloup

« Mais certains scénarios vont plus vite que ce que certains modèles annoncent, conclut-il. Etant donné que le changement climatique est plus rapide que le développement d’une vigne, certains viticulteurs me demandent s’il faut déjà déjà planter du Merlot pour les prochaines années. Le climat évolue et se réchauffe, certes, mais, en Belgique, il subsiste aussi une grande variabilité météorologique.

Comme je l’ai déjà souligné, l’indice d’Huglin était de 1800 chez nous en 2020 et seulement de 1100 l’année suivante. Cela implique une énorme différence de production, notamment au niveau de la vigne, et cette variabilité, il y a fort à parier que nous allons la garder.

Quant à savoir si la Belgique a le même climat que la Bourgogne il y a 40 ans, je dirais que cela dépend du point de comparaison. Selon l’indice d’Huglin, oui, effectivement, mais celui de la Bourgogne aussi, nous avons donc un décalage d’une trentaine d’années climatologiquement parlant. Il est aussi normal que certaines années soient meilleures que d’autres, cela existera toujours, et si on lisse cela sur 10 ou 20 ans, nous évoluons effectivement vers des températures plus chaudes. Mais il peut y avoir des variabilités au sein d’une même année et en 2023, les vendanges pourraient se faire 15 jours plus tard. D’autres études sont déjà en cours, nous ne sommes qu’au début de la climatologie appliquée à la vigne… »

Entretien : Marc Vanel

> Les commentaires de cet article sont extraits d’une présentation du Dr Sébastien Doutreloup effectuée dans le cadre du projet EMRWine en mai dernier et d’un entretien réalisé en septembre.

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Newsletter 15

Premier bilan des vendanges 2022 en Wallonie

Les derniers coups de sécateur ont été donnés début octobre, les raisins des domaines wallons sont déjà tous pressés et en cuve. Voici quelques impressions recueillies en direct chez les vignerons. Tous ne sont pas là, mais cela donne déjà, province par province, une bonne idée de ce millésime qui s’annonce plus que prometteur.

BRABANT WALLON

Vendanges biodynamiques au Domaine W à Saintes qui a enregistré des  records en qualité et quantité et qui permettront de sortir 35.000 bouteilles de ce millésime. Et Dimitri Vander Heyden de remercier leurs 400 membres ultra motivés qui se sont relayés pour ces vendanges, pendant 10 jours, même sous la pluie.

© Domaine W

Au Domaine de Mellemont à Thorembais (qui vient de relooker ses étiquettes), Matthieu Dumont est satisfait du millésime : « la qualité est là: beaux raisins, peu de pourriture, taux d’alcool un peu plus élevé pour certaines cuvées (on passe de 11,5% à 12,5%). Au niveau quantité, on est étonnamment un peu en dessous de la moyenne. Deux variables pourraient expliquer cela : le manque de jus (raisins un peu plus petits) et/ou l’efficacité de notre vieille presse. »

© Domaine de Mellemont

A Genappe, Anne Geldhof et Christian Balduyck déclarent pour le Domaine de Glabais que « l’année a été particulièrement exceptionnelle au niveau climat et donc propice au développement de nombreuses grappes avec un jus de qualité exceptionnelle.  La pluie de septembre fut la bienvenue et a permis aux baies de doubler de volume et dès lors, de se gorger de jus.

© Domaine de Glabais

Mais elle a aussi retardé quelque peu les dates de vendanges (qui étaient annoncées plus précoces que les années précédentes) et nous a obligés à postposer celles-ci. Finalement la cueillette  s’est terminée le samedi 24 septembre, donc pas plus tard que les années précédentes et nous avons réalisé celles-ci en 3 journées réparties sur 3 week-ends. Nous en profitons pour dire que nous avons été entourés durant ces journées de personnes incroyablement motivées, qui ont mis une ambiance du tonnerre et nous tenons tout particulièrement à les remercier. »

© Coteaux des Avelines

« Cette année aux Coteaux des Avelines, commente Arnaud Duchêne, les vendanges étaient d’une grande générosité: de magnifiques raisins en qualité et en quantité. Nous attendons avec impatience les fins des fermentations et nous sommes déjà très optimistes quant aux résultats. Nous espérons d’ores et déjà avoir plein d’autres millésimes providentiels comme l’année 2022: pas de dégât de gel printanier, un ensoleillement estival exceptionnel, pas de pression de maladies. Nous avons volontairement peu effeuillé pour éviter l’échaudage des raisins (brûlure des raisins par le soleil lors de canicule).

Ce feuillage et notre enherbement total ont contribué à maintenir une certaine fraîcheur dans le vignoble et permis une maturation idéale des raisins. Les pluies de septembre et octobre ont parfois perturbé les choix des dates de vendange (plusieurs changements de dernière minute), mais étaient bénéfiques aux vignes et aux raisins qui ont pu mûrir doucement. Les vendanges étaient également l’occasion pour nous d’inaugurer notre « wine house » (cabanon) en bas des vignes pour le plus grand plaisir festif et gustatif des joyeux vendangeurs de l’ASBL « Les Amis des Coteaux » et des visiteurs de fin de saison. »

Au Château de Bousval, Vincent Dienst annonce lui aussi un très beau millésime avec de hauts rendements. « Mais comme il y a eu une période froide et pluvieuse, il a fallu faire preuve de patience pour que les raisins mûrissent bien malgré le développement de botrytis par endroits. Nous avons terminé nos vendanges le 8 octobre, avec une très bonne maturité des raisins. Cela fera beaucoup de bien après le millésime 2021 qui fut très compliqué », conclut-il.

© Château de Bousval – Facebook

Au Try d’Argenteuil planté en 2020 à Lasne,  Hervé Vanden Waeyenberg relève que « si les mesures anti-Covid en 20-21 avait permis de bénéficier de bénévoles très heureux de sortir de Bruxelles quelques heures, a contrario, cette année, il y avait clairement une pénurie de vendangeurs alors que la récolte s’annonçait abondante. Nous avons donc fait le choix radical de renoncer aux vendanges manuelles, ce qui a évidemment d’énormes conséquences pour la suite.

Fin août-début septembre, lors des échantillonnages réalisés en collaboration avec Clément Dawagne, le vinificateur de Jean-François Baele, nous nous sommes rendus que le raisin prenait 1,5° d’alcool par semaine, ce qui a précipité la décision de vendanger rapidement. Tout fut fait autour du 7 septembre, ce qui peut paraître une hérésie mais indispensable compte tenu des contraintes logistiques liées au transport et au pressage nécessairement rapide vu les fortes températures afin de ne pas altérer la qualité des raisins récoltés.

Le résultat fut top, d’autant que la vigne présentait une parfaite qualité sanitaire, le contraire aurait nécessité une intervention manuelle pour éliminer les baies malades. Au niveau des résultats, nous escomptons plus de 6.000 bouteilles de Chardonnay (1 ha) et environ 5700 bouteilles de Pinot noir (1 ha). Nous sommes amplement satisfaits du résultat pour des ceps implantés en mai 2020. La vendange 2021 avait été purement symbolique et réalisée aux fins d’expérimentation et de consommation privée. »

HAINAUT

A Quévy, le Domaine du Chant d’Eole avait déjà rentré ses raisins le 9 septembre dernier. Pour Hubert Ewbank, « l’année s’est super bien passée, on est passé à travers le gel lors de la floraison, l’été a été ensoleillé, très peu de traitements, pas d’attaque de mildiou ni d’oïdium ni d’autres maladies, nous avons donc récolté un raisin très sain… La vendange s’est faite pour partie à la main, partie à la machine, ce qui permet de travailler la nuit, quand le raisin est frais. Nous avons deux nouveaux pressoirs Coquard de 8 tonnes qui nous permettent de travailler rapidement et en qualité. C’est très prometteur.

Hubert Ewbank – D>omaine du Chant d’Eole

Une année vraiment chouette, poursuit Hubert. Nous avons aussi un nouveau responsable, Laurent Etienne, qui vient de Champagne, qui remplace German Mulet depuis début mai. Deux Français sont arrivés également qui sont prestataires en Champagne et qui vont travailler en cave et à la vigne. Le vignoble et le chai s’agrandissent, les travaux avancent bien mais se clôtureront en février plutôt qu’à la fin de l’année. Cela va être un outil magnifique, on est vraiment sur une belle évolution. »

Vignobles des Agaises – Vendanges à la machine – © Ruffus

Selon John Leroy chez Ruffus, « la vendange 2022 chez nous est très bonne, aussi bien en qualité qu’en quantité. Le millésime a été marqué par de nombreux jours de fortes chaleurs, ce qui nous donnera un millésime très solaire et qui se ressent déjà dans la dégustation des vins clairs. La complexité aromatique des vins est magnifique.

Au niveau de la vigne, malgré deux-trois jours de risque de gel, nous avons eu très peu de dégâts sur l’année. On peut signaler un peu d’échaudage dû aux jours de fortes chaleurs de l’été avec un pic à 40,5° le 19 juillet ! Le temps sec a été positif pour l’état sanitaire, mais on a dû arroser la plantation de cette année. En dehors de cela, nous replantons encore 2,5ha cette année pour arriver à 35 et nous construisons une nouvelle cave de 600m2, car nous manquons de place… »

Domaine Mont des Anges – Facebook

Pour le Domaine Mont des Anges à Mons et Havay, Laurianne Lejour s’exclame : « Quel bonheur de vendanger cette année, 2022 nous a bien fait oublier 2021. Après quelques légères gelées contre lesquelles nous nous sommes protégés, tout s’est parfaitement déroulé, du débourrement à la maturation en passant par la floraison. Seul un petit échaudage a impacté le Pinot meunier, mais les grappes ont bien compensé les grains desséchés.

La cueillette a duré 10 jours ! L’extraction des moûts s’est faite particulièrement facilement. Au 20 octobre, les fermentations alcooliques étaient en cours ou terminées selon les cuvées et les contenants. Les malos sont également en cours sur toutes les cuves et tous les fûts. La seule complication rencontrée en cuverie concerne le débourbage : il a été très difficile de clarifier en statique cette année. Nous aurons certainement d’importants volumes de lies après le prochain soutirage au clair. Les moûts ont un beau degré alcoolique naturel, les dosages de 22 seront certainement faibles.

© Vignoble de Sirault – Facebook

La coopérative du Vignoble de Sirault, par la voix de son président Jean-Christophe Vanderelst, a ramassé un peu moins de 18 tonnes cette année, soit de quoi produire près de 12.000 litres à base de Johanniter, Muscaris, Pinotin, Souvignier gris et Cabernet Cortis. « Tous les raisins étaient sains et sans aucune pourriture. Après l’année 2021 exceptionnelle dans le mauvais sens du terme, l’année 2022 se révèle à mon sens exceptionnelle dans l’autre sens tant en quantité qu’en qualité. Vive les étés caniculaires! »

© Domaine du Blanc Caillou

A Montigny-le-Tilleul, le Domaine du Blanc Caillou, espère, « si tout va bien, produire un peu plus de 3000 bouteilles de ce millésime… Nous avons récolté près de 1000 litres de Solaris, un peu plus de 1000 litres de Johanniter, près de 250 litres de Souvignier gris et probablement 70 litres de Divico.

© Adrien Degavre

A Ostiches (Ath), Adrien Degavre se réjouit lui aussi du bon déroulement des vendanges. La quantité et la qualité sont au rendez-vous pour cette deuxième année de vendanges, mais elles ont pris plus de temps que prévu au vu des rendements et d’un arrêt d’une journée pour cause de pluie. Toutefois, j’ai pu compter pour ces quatre jours et demi de récolte sur des aidants ultra motivés dont certains découvraient les vendanges pour la première fois. J’ai également eu le coup de main d’étudiants en Environnement de l’ARTEM (Mouscron) et d’étudiants en hôtellerie de l’IPES d’Ath. »

© Domaine de la Portelette

Enfin, à Lobbes, pour la coopérative du Domaine de la Portelette, le président Guillaume Grawez déclare que « les vendanges se sont déroulées les 24 et 25 septembre, en présence de 50 coopérateurs le samedi et 65 le dimanche. Nous avons récolté 5,4 tonnes de raisins sur 2,5ha de vignes plantées en 2018 et 2019 qui ne sont pas encore à pleine production. Avec cela, nous allons produire du blanc tranquille, de la mistelle et de l’effervescent. Le tout labellisé bio. »

LIEGE

Alec Bol, pour Vin de Liège, se réjouit « de toutes belles vendanges, avec de beaux rendements (140.000 bouteilles) et de belles qualités. Ce sera notre record absolu. On sent que les vignes commencent à se stabiliser, elles ont maintenant dix ans. »

© Vin de Liège

Au Domaine Tour de Tilice, Simon Delforge annonce que les vendanges de cette année se sont très bien passées. « La qualité gustative et sanitaire des grappes était au top! Grâce au superbe été que nous avons connu, les grappes ont pu se gorger de sucre et la faible pression des maladies nous a permis de rentrer des grappes superbes. Les quantités sont également au rendez-vous avec une production supérieure à l’année dernière. Nous avons eu un bel équilibre entre acidité et sucre. Cela laisse augurer de bonnes cuvées pour le futur.

© Tour de Tilice

Parmi les nouveautés, je peux annoncer qu’en plus de notre nouvelle cuvée 101 du millésime 2021, nous allons sortir notre tout premier effervescent à base de Chardonnay avec un léger élevage en fût Barwal. Après près de 2 ans sur lattes, les premières bouteilles sortiront en décembre de cette année. La cuvée s’appellera: Osé. »

Au Vignoble des Trois rois

Même écho satisfait par Samuel Deuse, au Vignoble des Trois rois voisin, dont les premiers pieds ont été plantés l’an dernier. Il n’y aura donc que quelques milliers de bouteilles en blanc et rosé, en attendant que le vignoble prenne de la maturité. « Les cépages récoltés, explique-t-il, sont : Cabernet cortis, Solaris, Muscaris, Souvignier gris. La qualité était au rendez-vous, un peu de chance pour une première année. Des rendements satisfaisants, ni trop ni trop peu. »

© Vin du Pays de Herve

Un peu plus loin, à Montzen, le bilan de la coopérative Vin du Pays de Herve est bref : « quantité : 15.000 litres – qualité : superbe! »

© DOmaine BF

Au Domaine Bellum Fagetum, planté l’an dernier à Beaufays, pas encore de véritable récolte, mais, s’exclame Judith Michel, « nous avons 14 litres!! Et ce sera un vin de champion ! ».

Planté l’an dernier, le Domaine Terres du Val (nom provisoire) à Wanze n’a pas encore vendangé mais, nous assure Charles-Edouard Jolly, les vignes et le projet de chai évoluent très bien.

© Domaine des Hêtres

Au Domaine des Hêtres à Waremme, Nicolas et Jean-Benoît Goffin, dresse le constat suivant : « Nous avons débuté le 11 septembre avec nos cépages destinés aux méthodes traditionnelles ( Pinot noir et Chardonnay, Pinot blanc, Pinot meunier ), 10 jours plus tôt que l’année passée. Dans la foulée, nous avons continué les vendanges pour nos vins tranquilles (Chardonnay et Pinot noir, Pinot gris) avant de terminer avec Helios et Muscat.

Comme chaque année, l’entièreté de notre récolte a été vendangée à la main. La météo agréable de ces derniers mois nous a permis d’obtenir une belle maturité pour nos raisins. La quantité et la qualité étaient au rendez-vous. Nous avons impatience de déguster ce millésime 2022. »

Solaris et Sieger au Domaine des Marnières

A Warsage, Benoît Heggen, qui vient de fêter les 25 ans du Domaine des Marnières, se dit très surpris de la quantité vendangée. « L’an dernier, on avait fait trois ou quatre jours de vendanges, et cette année 12 à 14 jours. A certains moments, on a même dû arrêter, car on n’avait pas assez de place ! Cette année, on fait 1,3 à 1,6 bouteille par pied, c’est exceptionnel. J’ai dû recommander 20 fûts de 300 litres chez Barwal, mais ce n’est pas évident car on est obligé de réinvestir avec une trésorerie 2021 qui n’est pas mirobolante. Et tous les prix des bouteilles et bouchons ont augmenté…

Cela étant, la qualité est extraordinaire et tout ce qui a été ramassé avant le 13 septembre était magnifique. Comme j’avais assez de Pinot noir, j’ai même fait un blanc de noirs tranquille. Le Chardonnay a été terminé le 26 septembre, le Gewürztraminer le 29 (très aromatique en général) et le Zweigelt le 5/10 : je n’ai jamais vu autant de kilos sur un pied de vigne : 2,4 tonnes sur 500 pieds ! Pour moi, c’est une super belle année, même si elle ne servira qu’à éponger les pertes de l’an dernier. »

LUXEMBOURG

Au Poirier du Loup, annonce Michel Crucifix, « nous avons globalement récolté 80hl sur 1,5ha en production cette année, soit un rendement de 33hl/ha. Les différents cépages ont donné des potentialités en alcool sans chaptalisation de plus de 10.5% du volume, ce qui est nécessaire pour les crémants. Nous avons débuté les vendanges le 3 septembre pour les terminer le 17 septembre, ce qui est aussi précoce qu’en 2018. »

© Poirier du Loup

Au Clos de la Fouchère, à Torgny également, Daniel Dries résume la vendange 2022 en deux mots : « Sublimissime Millésime », tout y était, la qualité et la quantité. Ce n’est pas compliqué, nous avons récolté 25 fois ce que nous avions cueilli l’an dernier. Ce n’est pas compliqué par rapport à presque rien en 2021, mais bon, il fallait le faire quand même. Je pense que c’est l’année du siècle ! je dirais que l’année « vingt-deux » pourrait être « Le vin de Dieu ». »

NAMUR

Pour Jeanette van der Steen au Château Bon Baron, « ce fut une très belle période pour toute l’équipe cette année, avec également du beau temps pendant les vendanges. Cette très bonne récolte et les belles quantités sont une bonne compensation pour les quantités limitées de l’an dernier. L’équilibre sucre est bon et pas trop élevé malgré les nombreuses canicules très fortes. La Meuse protège nos vignes de bien des extrêmes. la maturité physiologique ne pouvait pas être meilleure.

© Château Bon Baron

L’acidité totale est relativement faible, mais encore suffisante avec de belles proportions entre les différentes formes d’acides. De ce fait mais de par  la douceur de l’automne, la fermentation malo-lactique a spontanément démarré pour un certain nombre de nos vins. »

© Château de Bioul – Facebook

Au Château de Bioul, Vanessa et Andy ont effectué cette année une taille courte suite aux dégâts provoqués par le climat 2021 (4-5 yeux plutôt que 6-8) mais annoncent une très belle récolte, même si réduite « en quantités par choix et pour mieux préparer l’avenir ».

Au domaine du Château d’Annevoie planté en 2020, Damien Briard déclare avoir récolté la moitié de ce qui était prévu. « En tonnage, on avait le poids, mais beaucoup de pulpe et peu de jus. Par exemple, pour 4.2 tonnes de raisin, on aurait dû avoir 32 hl de jus et on n’en a eu que 20…  Nous avons vinifié trois cépages en blanc : Solaris (hyper aromatique) et Sauvignac (très droit, avec de beaux arômes fruités) et Johanniter (vinifié en tranquille sous bois très sympa). En rouge, le Cabaret noir a donné un vin exceptionnel, une belle cuvée tout en fruit et en rondeur. Bref, un superbe millésime mais en petites quantités. »

Même écho réjoui du côté du Domaine du Chenoy où Pierre-Marie Despatures déclare que « tout s’est bien passé, nous avons en effet fait 20% de rendement en plus par rapport à 2021 qui, chez nous, était une année “normale +”. Nous sommes évidemment très contents de la qualité et de la quantité. »

© Domaine du Chenoy

A noter que pour ses 20 ans en 2023, le Chenoy sort “Helixir”, une eau-de-vie 100% belge, vieillie en  en fûts de chêne à mi-chemin entre cognac et grappa. En collaboration avec la distillerie Radermarcher. A suivre.

© La Falize
Pour le Domaine La Falize, Pierre-Yves Vanhaute dit que « ce millésime a été encore meilleur que le 2018. Indépendamment de la quantité, c’est surtout la maturité phénolique qui est idéale. Nous avons eu des baies avec le taux de sucre souhaité mais l’état sanitaire parfait ainsi que des raisins mûrs me permet d’anticiper un grand millésime. »
© Domaine du Dièdre noir – Facebook

A Marche-les-Dames, Lucas Dohy déclare que « le Domaine du Dièdre noir a récolté 7 tonnes par hectare en 4e feuille, soit 108hl. Les raisins étaient sains, aucune maladie à déplorer. Les deux semaines de pluies avant les vendanges ont fait fortement gonfler les raisins mais elles nous ont aussi contraints de reporter la date de vendange pour que le sucre se reconcentre. En ce qui concerne la qualité, elle est correcte, mais il est difficile de comparer sur seulement deux ans.»

Propos recueillis par Marc Vanel

Newsletter 14

A votre agenda cet été

Profitez des beaux jours pour partir à la découverte des vignobles de Wallonie : voici une sélection d’activités de nos membres. Et n’oubliez pas de télécharger notre application mobile sur notre site pour d’autres destinations.

Dans le Brabant wallon

Quatre visites estivales au Château de Bousval

Entre vignes et chai, le vignoble du Château de Bousval vous ouvre ses portes cet été pour quatre visites en groupe de maximum 35 personnes qui vous permettront de découvrir pendant 1h30-2h toutes les coulisses du vignoble et de sa cave.

© Bousval

La visite se termine exceptionnellement par la dégustation du Chardonnay premier cru, du Tout Cru 2020, et des Gouttes d’O, toutes cuvées qui peuvent être achetées, ainsi que les divers marcs de Bousval.

Les dates : les samedis 16 et 30 juillet dès 10h30, ainsi que le samedi 20 et le dimanche 28 août dès 10h30. Le prix d’entrée est de 24,50€, dégustation comprise. Tickets en vente ICI. Les organisateurs vous conseillent de vous munir de bonnes chaussures de marche et de tenue adéquate selon la météo du jour.

L’adresse : Vignoble du Château de Bousval, rue du Grand Arbre 23, 1470 Bousval, chateaudebousval.be

Flâneries gourmandes au domaine W

Cet été, l’équipe du domaine W vous propose de venir flâner tous les vendredis et samedis pendant une heure environ dans ses vignes le long d’un parcours de 2,5km doté de 16 arrêts informatifs tout autour de la propriété. A l’arrivée, une coupe de Brut de Brabant 2019 attend les promeneurs. A déguster sur la terrasse W ou au cœur des vignes.

Concrètement, la promenade se réserve sur eventbrite et coûte 12€ (+2 de frais) . Il vous faudra alors choisir une tranche horaire et déterminer un nombre de personnes. Départ toutes les 15 minutes à partir de 15h, maximum 10 adultes par départ. Chaque visiteur reçoit un plan, un baffle ainsi que les instructions pour la lecture des QR Codes (FR-NL).  Une version papier est également disponible (FR/NL/EN). Pour les enfants, un carnet de petit explorateur est disponible gratuitement (FR).

© Vanel

A noter également qu’après 1 an de mise en “standby”, le domaine W annonce à nouveau pouvoir accueillir quelques nouveaux membres dans son club W. L’adhésion permet de recevoir un certain nombre de bouteilles par an, de pouvoir acheter en priorité ou de participer aux activités multiples et variées tout au long de l’année. Détails: ICI.

L’adresse : chemin des Vignes 2 (anciennement rue Quenestine) à 1480 Saintes, domaine-w.be

Balades au domaine de Glabais

Un programme de visites-dégustations est également prévu au domaine de Glabais ainsi que des matinées de formation au travail de la vigne.

© Vanel

Les dates n’étant pas encore définitives à l’heure où nous clôturons cette lettre d’infos, nous vous renvoyons à la page Facebook du domaine où seront publiés tous les détails utiles : ICI.

L’adresse : rue Wilquet Werner 16 à Glabais.

Jazz au vignoble de Villers-la-Vigne

Cette année encore, la Confrérie du Vignoble de l’Abbaye de Villers en Brabant présente sa traditionnelle soirée « Jazz au vignoble ». Elle se déroulera cette fois le samedi 3 septembre 2022 à partir de 18h. Comme de coutume, la soirée démarre par la visite du « Clos du bonheur » de la Confrérie (20 ares de Regent, Phoenix et Muscaris) où vous pourrez également découvrir un petit conservatoire des cépages.

L’apéro sera ensuite servi dans le Cloître de l’ancienne de l’abbé au milieu des ruines, et, fait exceptionnel, il s’agira du tout nouveau Vin Mousseux, extra brut rosé, de Villers. Enfin, l’orchestre de jazz, « Jazzy Strings », animera l’apéritif et la soirée dans le Moulin de l’abbaye avec un repas 3 services.

Le nombre de places étant strictement limité à 150 personnes, ne tardez donc pas à vous inscrire via le formulaire d’inscription accessible sur le site web de la Confrérie : Jazz-2022 – Villers-La-Vigne. PAF : 40 EUR tout compris.

L’adresse : rue de l’Abbaye 51 – 1495 Villers-la-Ville. Fermeture des portes à 18h45.

En province de Liège

21/7 : Garden party au vignoble des Trois Rois

Quatre hectares en 2021 et trois en 2022, le Vignoble des Trois Rois a démarré sur les chapeaux de roue à Oupeye et à Visé. Pour fêter cela (à moins que ce ne soit pour célébrer la Belgique), Marie Vanderheyden et Samuel Deuse vous invitent à leur première Garden Party au cœur du vignoble le jeudi 21 juillet à partir de 14h. Au programme : bar à cocktail, foodtruck et DJ. Attention de ne pas écraser les jeunes vignes…

Le vignoble des Trois Rois s’étendf à présent sur 7ha – © Vanel

A noter également que, pour financer la construction d’un chai, Marie et Samuel ont lancé voici quelques mois un un “crowdfunding en contrepartie” octroyant à celui qui investit dans le projet (à partir de 150€) des bouteilles sur les cinq prochaines années et la possibilité de participer à diverses activités. Avis aux amateurs.

L’adresse : Vignoble des Trois Rois, chemin de Launis, 4680 Hermée (parking dans le bas du vignoble). Entrée gratuite pour les membres et 7 euros pour ceux qui ne le sont pas.

Visites, dégustations et soirées à thème chez Vin de Liège

Offre multiple également pour la coopérative Vin de Liège :

  • Visite du vignoble, du chai et dégustation de 4 vins les 23/7, 6/8 et 17/9 de 11h à 13h30. Prix : 15€ par personne, max 30 p. Réservation indispensable par mail à info@vindeliege.be
© Vanel
  • Soirée à thème (mini verticale de 5 vins) les jeudi 14/7 et jeudi 11/8 de 20h à 22h30. Prix : 30€ par personne, max 30 p. Réservation indispensable par mail à info@vindeliege.be
  • A noter que le magasin sera ouvert de 14h à 18h chaque mercredi, vendredi et samedi sauf jours fériés, vente de quelques bouteilles de millésimes antérieurs.

L’adresse : Vin de Liège, rue Fragnay 64 à Oupeye, www.vindeliege.be

Balade et pique-nique avec la coopérative Vin du Pays de Herve

La coopérative VDPH vous propose plusieurs dates pour une balade de 5 km avec pique-nique dans ses vignes. La balade est gratuite, mais le pique-nique est payant… 18 euros pour les adultes et 10 pour les enfants.

© Vin du Pays de herve

Dates : les dimanches 10 et 24 juillet, 7 et 21 août. Inscription obligatoire et paiement préalable via la rubrique « Boutique » du site de la coopérative : ICI

En province de Namur

Visite, promenade et dégustation au Château de Bioul

Durant cet été, le château de Bioul vous propose diverses activités du jeudi au dimanche, de 11h à 18h.

Tout d’abord, le déjà classique parcours-découverte “Made in Bioul” à la découverte de l’histoire du château, de celle du groupe GB-Inno-BM et bien sûr sur celle des vins du château et les méthodes culturales utilisées. Panneaux explicatifs, objets, odeurs, films, les sujets d’intérêt ne manquent pas. Une belle réussite qui a fait ses preuves.

© Château de Bioul

A la sortie de cette visite, ou à tout autre moment, vous pourrez également découvrir le magnifique parc du château dessiné par l’architecte-paysagiste François Goffinet de renommée internationale ou vous restaurer (tartes salées et desserts) tout en dégustant les vins de Bioul. Egalement du jeudi au dimanche, sans réservation.

Dernière minute: « Bioul National : Drive-Vigne »

A l’occasion de la Fête nationale, Vanessa et Andy Wyckmans-Vaxelaire propose un « drive-vigne » dans les jardins du Château ces 21 et 22 juillet avec la présentation de la trilogie Kinshasa de Marc-Henri Wajnberg.

L’événement sera mis en musique, si on peut dire, par Eric Vauthier, à qui l’on doit, entre autres, de beaux événements comme les premiers « drive-in » cinéma au Cinquantenaire ou les Samedis du Cinéma, sans oublier sa fameuse Rétine de Plateau ou son bar à bulles au centre de Bruxelles.

« Bioul National : Drive-Vigne » tourne autour de thématiques actuelles et de personnalités belges remarquables, le tout aux accents festifs de bal national et avec les vins de Bioul, bien sûr et une petite restauration! La soirée du 21 juillet sera ambiancée par le DJ André Veka qui rythmera la nuit au son de la rumba congolaise…

Tickets  en vente au prix de 25€/jour ou de 45€ pour les deux jours: ICI.

L’adresse: Château de Bioul, place Vaxelaire à Bioul, chateaudebioul.be

Dans le Hainaut

Chant d’Eole : le restaurant dans les vignes

Devenu désormais le plus grand vignoble de Belgique grâce à la plantation très récente de dix hectares, le domaine du Chant d’Eole renouvelle en 2022 son restaurant sur pilotis au milieu des vignes.

Du 15 juin au 19 septembre, celu-ci sera accessible à tous, sur réservation (très courue) et proposera en collaboration avec la Ferme du Coq une nouvelle carte “Bistronomie”. Comme l’année dernière, l’accent est mis sur les produits locaux et belges. Détails: ICI.

Si vous êtes une grande famille, si vous formez un groupe de 10 à 50 personnes ou si vous souhaitez organiser un événement d’entreprise, le Restaurant ouvrira également ses portes entre le 15 mai et 14 juin et entre le 19 septembre et 16 octobre 2022 avec deux menus à 45 et 50€.

© Domaine du Chant d’Eole

Enfin, si vous souhaitez tout simplement déguster les produits du Domaine, ou choisir dans une sélection de bières et de spiritueux “Made in Belgium”, une seconde terrasse a été aménagée et permet de faire une pause salée ou sucrée (sur réservation) en collaboration avec les “Tartes Françoise” et les glaces “Prétexte”.

L’adresse : Domaine du Chant d’Eole, Grand’Route 58 à 7040 Quévy-le-Grand

Ruffus en Terrasse

Du 14 juillet au 21 août, du jeudi au samedi de 18h à 1h du matin, Ruffus vous ouvre son bar et sa terrasse lounge avec vue sur les vignes (avec des toiles en cas de pluie). After-works & foodtrucks. Entrée gratuite mais places limitées.

© Ruffus

Durant la même période, mais uniquement le dimanche de 11h à 20h, Ruffus propose ses “Dimanches gourmands” avec une double formule : soit avec des chefs de renom sur réservation  – Domaine d’Arondeau, Le Grand Pré et Le Bouchon des Agaises–, soit sans réservation avec le foodtruck « La passion du goût ».

Infos et réservations uniquement via Ruffus en terrasse sur Facebook.

L’adresse : Vignoble des Agaises, chemin d’Harmignies 1 à 7120 Haulchin

Et aussi…

Du 29/7 au 1/8 : la Foire de Libramont

Le grand rendez-vous du monde rural revient après 2 ans d’absence et se tiendra du vendredi 29 juillet au lundi 1er août 2022. Avec près de 200.000 visiteurs et 700 exposants, c’est la plus grande foire en plein air d’Europe.

A la fois vitrine, lieu d’inspiration et d’échanges de pratiques, de débats et de sensibilisation, la Foire a choisi cette année de se placer sous la thématique générale ‘Ici commence un monde durable’.

© Foire de Libramont

Son programme contribuera donc à mettre en lumière une agriculture avant tout locale, nourricière, circulaire, autonome, et la moins dépendante aux énergies fossiles ou aux grands enjeux géostratégiques.

Notre Association sera présente durant les quatre jours et fera découvrir, en collaboration avec le magasin D’ici, un éventail des produits de nos membres. Certains seront présents, comme notamment Simon Delforge du domaine Tour de Tilice.

Informations pratiques sur foiredelibramont.com.

Compilation : Marc Vanel – 5/7/22

 

 

 

Newsletter 13

Les accises, cet impôt indirect inégal en Europe

Produire ou vendre des boissons alcoolisées s’accompagne souvent de questions sur les accises dont le montant varie selon les États membres de l’UE malgré la libre circulation des marchandises. Tour d’horizon.

Les droits d’accise (DA) constituent des impôts indirects frappant la consommation ou l’utilisation de certaines catégories de produits définis par la Directive 2008/118/CE du Conseil européen du 16 décembre 2008 : les huiles minérales, les tabacs manufacturés et les boissons alcoolisées. Que ceux-ci soient fabriqués à l’intérieur du pays, qu’ils proviennent d’un Etat membre de l’Union européenne ou qu’ils soient importés d’un pays tiers.

La catégorie des boissons alcoolisées comprend les sous-catégories “bière”, “vin”, “boissons fermentées autres que la bière et que le vin” (le cidre par exemple) ainsi que les produits intermédiaires (les vins enrichis en alcool, vins doux, etc.) et “alcool éthylique”, c’est-à-dire les boissons spiritueuses.

Ce droit d’accise varie en fonction des types de boissons et selon le degré d’alcool de celles-ci, elle est due soit au moment de la production de ces produits, soit au moment de leur importation.

Cette Directive a été transposée en droit belge et publiée au Moniteur sous le nom de “Loi du 22 décembre 2009 relative au régime général d’accise”. Elle est entrée en vigueur le 1er avril 2010.

Il ne s’agit pas de la première réglementation en la matière, les premiers textes remontent aux années 1930. La dernière mise à jour des taux d’accises date de 2015 et si le Gouvernement fédéral misait alors sur des rentrées fiscales supplémentaires, c’est plutôt l’effet contraire qui s’est produit avec des rentrées supplémentaires bien en-deçà de celles espérées, sans parler de la baisse des recettes de la TVA qui s’ajoute aux accises. En 2020, lors d’une interview publiée sur le site de la Fédération de l’industrie alimentaire belge, le directeur de Vinum&Spiritus estimait même que le Gouvernement avait perdu quelque 126 millions d’euros en 4 ans.

Cette diminution de recettes ne signifie pas pour autant que le Belge consomme moins d’alcool, mais qu’il a reporté ses achats sur les pays transfrontaliers.

Les achats transfrontaliers ont reculé de 120 millions pendant la pandémie. ©Ingimage

En mai 2021, toujours sur le site de la FEVIA, Carole Dembour, économiste, analyse toutefois que « les achats transfrontaliers ont suivi de manière inversée les vagues de la pandémie, au gré des restrictions de voyage. Ainsi, suite à la première vague, les achats transfrontaliers ont reculé de 120 millions et la deuxième vague, entamée en octobre de l’année passée (2020 ici – ndlr) a provoqué une baisse de 130 millions €. Soit un total de 250 millions € d’achats d’aliments et de boissons qui au lieu de se faire dans les pays limitrophes se sont faits en Belgique. Tout profit pour l’activité économique dans notre pays et pour les recettes fiscales de l’Etat. » Mais ne crions pas victoire trop vite, les achats transfrontaliers ont repris dès l’ouverture des frontières…

D’un pays à l’autre

La directive 92/84/CEE du Conseil européen a fixé des taux minimaux d’accises sur l’alcool et les boissons alcooliques, dans les catégories suivantes : bière, vin, boissons fermentées autres que le vin et la bière (cidre, poiré, etc.), produit intermédiaire (porto, sherry, etc.) et alcool éthylique (boissons spiritueuses).

Chaque État membre peut fixer librement des taux d’accises différents, pour autant qu’ils soient supérieurs aux taux minimaux. La directive actuellement en vigueur, directive 2008/118/CE du Conseil, a été révisée et sera remplacée par la directive (UE) 2020/262 à compter du 13 février 2023.

Comme l’indique le site de la Commission européenne, « cette directive refondue contient un certain nombre de mesures visant à rationaliser et à simplifier les processus en ce qui concerne les interactions entre importations et exportations et les mouvements intra-UE des produits soumis à accise.

Elle vise à rapprocher les procédures en matière d’accise et en matière de douanes au niveau de l’UE de manière à améliorer la libre circulation des produits soumis à accise mis à la consommation dans le marché unique, tout en veillant à ce que la taxe correcte soit perçue par les États membres. »

Quoi qu’il en soit, les accises sur les vins tranquilles sont inexistantes dans 14 pays de l’Union européenne dont l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, le Luxembourg, la Slovénie ou l’Autriche. En France, elles ne sont que de 0,038 €/litre de vin, soit 20 fois moindres que chez nous (0,75€/l.)

Les montants les plus élevés pour les vins tranquilles sont au Royaume-Uni (3,39 €) et en Finlande (3,97€), la palme revenant à l’Irlande avec une accise au litre de 4,24 €.

Pour les vins effervescents, la situation est fort différente avec des accises à l’hectolitre de 256€ en Belgique contre 88,3€ au Luxembourg ou… 9,44€ en France.

Cette taxe est donc généralement proche ou égale à zéro dans les grands pays producteurs de vin tandis que les plus élevées se retrouvent dans les pays où la production est la moins développée. C’est également dans les premiers que les lobbys sont les plus influents…

Les vins effervescents sont les plus touchés par les accises. © Ingimage
Qui paie quoi ?

Comme le précise la porte-parole du SPF Finances que nous avons interrogée à ce sujet, « la personne redevable des droits d’accise est celle qui met les produits soumis à accise à la consommation, c’est-à-dire qui les fait sortir du régime de suspension de droits (en règle générale, il s’agira du producteur).

La production de produits soumis à accise doit impérativement s’effectuer en régime de suspension de droits. Le producteur doit donc être détenteur d’une autorisation « entrepositaire agréé », produire dans son « entrepôt fiscal », tenir une comptabilité matières, constituer les garanties nécessaires et se prêter à tout contrôle. »

Les producteurs reconnus comme « petits producteurs de vin » peuvent cependant bénéficier de certaines simplifications et de réductions jusqu’à 50%, un sujet que suit de près la Confédération européenne des Vignerons indépendants (CEVI) dont font partie l’AVW et son équivalent néerlandophone.

« Aux fins de l’application des taux réduits, explique Céline Meyer, conseillère à la CEVI, on entend par “petit producteur de vin indépendant” : un producteur de vin qui est juridiquement et économiquement indépendant de tout autre producteur de vin, qui utilise des installations physiquement distinctes de celles de tout autre producteur de vin et qui ne produit pas sous licence. Toutefois, lorsque deux ou plusieurs petits producteurs de vin coopèrent et que leur production annuelle additionnée ne dépasse pas 1.000 hectolitres, ces producteurs de vin peuvent être traités comme un seul petit producteur de vin indépendant. »

Le règlement d’application de la Commission européenne 2021/2266 détaille toute la procédure pour être reconnu en tant que tel.

©Ingimage
Quelles sont les obligations des vignerons belges ?

Pour produire du vin, chaque viticulteur a besoin d’être « opérateur enregistré » et « entrepositaire agréé », sauf dans le cas où le vin est produit par un particulier et consommé par le producteur, les membres de sa famille ou ses invités et à condition qu’il n’y ait pas de vente (article 10 de la loi du 7 janvier 1998 concernant la structure et les taux des droits d’accise sur l’alcool et les boissons alcoolisées).

La demande doit être introduite auprès du service « Autorisations » de la direction régionale des douanes et accises du lieu de production. Une fois celle-ci obtenue, le paiement d’une caution (minimum 500 €) est demandé.

Comme il a déjà été expliqué, l’accise est un droit à payer sur des marchandises lorsqu’elles sont mises en consommation dans le pays dans lequel les accises prévalent. C’est donc soit le producteur qui règle cette taxe lors de la mise au marché, soit l’importateur ou son intermédiaire.

Christophe Heynen MW, le patron de Gusto World, spécialiste des accises © Gusto World

« Au niveau du Droit d’accise (DA) en Belgique, explique Christophe Heynen MW, gérant de GustoWorld à Liège, pour pouvoir traiter de la marchandise soumise au droit d’accise et l’importer, il faut être opérateur enregistré. Ce qui se fait via un document au niveau des Douanes et Accises belges qui savent ainsi que cette personne a une activité de mise en consommation. A noter que l’on ne peut pas être opérateur enregistré en ayant un casier judicaire non vierge…

Une fois enregistré, l’opérateur reçoit la visite du responsable du contrôle des accises, qui inspecte les installations et estime la caution en fonction des volumes prévus suivant la demande qui a été faite pour devenir entrepositaire agréé (ce qui permet de décaler le paiement des accises à la semaine après la “mise en consommation”, comprenez la vente sur le territoire/sortie de cet entrepôt).

La question de l’embouteillage est également importante, car on ne peut pas transporter du vin en Belgique sans avoir réglé les droits depuis le lieu de réception. Celui qui veut faire embouteiller ses vins dans un pays voisin, doit disposer d’un document particulier (DAE) qui couvre le transport et la suspension de l’accise entre deux opérateurs enregistrés A et B. Les douanes sont attentives sur les pertes de liquide, c’est même ce qu’ils regardent en premier, pour éviter la fraude. Quelques pourcents de vin qui restent dans les pompes ou les tuyaux sont acceptés, mais pas plus. »

Une fois la vendange terminée, le viticulteur stocke ses vins en vrac dans ses cuves et doit en déclarer le nombre d’hectolitres. S’il n’est pas enregistré (et n’a donc pas de caution), il doit payer l’accise immédiatement. Si pour une raison ou une autre, il décide de détruire une partie des moûts, cela ne peut se faire sans preuve de destruction. La distillation est également hautement contrôlée.

Chaque fois qu’un vin sorti de l’entrepôt agréé pour être mis en consommation, une déclaration doit être faite et les accises payées la semaine qui suit, en fonction des quantités. Ce document s’intitule “AC4” et doit être rempli sur le site des douanes “PLDA”. Ce paiement est prélevé sur un compte qui doit être alimenté avant la mise en consommation.

Une fois les marchandises dans un entrepôt fiscal sous régime de suspension de droits, elles peuvent y rester aussi longtemps que souhaité.

Lorsque les marchandises sont envoyées sous régime de suspension de droits vers un client belge ou vers un client dans un autre État membre de l’UE, elles doivent faire l’objet d’un document administratif électronique (e-AD) dans EMCS (European Mouvement Control System).

© Ingimage

Si la marchandise stockée est expédiée vers pays hors UE, il faut également remplir un document électronique de sortie ou d’exportation. Et les producteurs qui vendent en direct aux consommateurs privés ou à des petits opérateurs, doivent s’acquitter eux-mêmes des droits avant de vendre le produit.

Enfin, comme déjà évoqué, d’autres paramètres entrent en ligne de compte, comme le taux d’alcool dans les vins tranquilles ou la pression des vins effervescents, car en dessous d’un certain niveau (±3-3,5 bars), c’est le taux de la catégorie « vins tranquilles » qui est appliqué. Idem pour un vin avec capsule, par exemple un pétillant naturel.

Enfin, à ces droits d’accise s’ajoutent une cotisation d’emballage (9,86 euros/hl) sur tous types de produits ainsi que la taxe de recyclage de Fost+ et DE Val-I-Pac pour les emballages.

Et si le producteur ou l’opérateur vend des produits certifiés bio, il doit aussi se faire enregistrer afin de pouvoir prétendre à la vente de ces produits…

Plus d’infos sur le site du SPF Finances.

Marc Vanel, juin 2022

Merci à Christophe Heynen MW (Gusto World), Florence Angelici (SPF Finances), Manuel Wilmot (IFAPME), Céline Meyer (CEVI) pour leur contribution à cet article.

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