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Première vendange de Voltis pour le Mont des Anges

De la vigne à la cuve : un premier bilan de 2023

Comment se profile ce nouveau millésime? Une trentaine de nos membres font un premier bilan nuancé selon les localités. Tour de piste par province, d’Ouest en Est…

En Hainaut

Province généreuse en production grâce aux locomotives locales que sont le domaine du Chant d’Eole, Ruffus et Mont des Anges, le Hainaut est en pleine mutation, sinon en plein boom.

Outre les  récentes plantations de In Vino Verit’Ath (8ha) et de Colruyt (4ha qui seront doublés en 2024) à Frasnes-lez-Anvaing, il faut d’ores et déjà tenir compte des nouveaux projets qui se profilent dans la Botte du Hainaut (+65 hectares dans les cinq ans). La province deviendra alors la plus plantée de la région wallonne et s’approchera des 200 hectares ! Inimaginable il y a encore quelques années.

Pour ce qui concerne le millésime, l’équipe du Chant d’Eole reconnaît avoir ressenti quelques difficultés au printemps à cause des intempéries, mais le développement de la fleur, puis la nouaison, ont rassuré l’équipe et les pluies de juillet n’ont eu aucune conséquence sur la qualité du raisin et de la récolte ! Mais, ici comme ailleurs, il a fallu être prudent pour éviter les contaminations de mildiou et d’oïdium.

« C’est, en particulier, un palissage de qualité, un rognage serré et suivi, et un effeuillage réfléchi qui nous ont permis de traverser ces moment difficiles et de pouvoir affirmer que cette année culturale s’est bien déroulée, constate Hubert Ewbank. Espérons que dans les dernières semaines la météo soit plus généreuse, pour obtenir une belle maturité. »

Même écho chez Ruffus, où Arnaud Leroy a déclaré au journal Le Soir, que « ce ne sera pas un millésime exceptionnel car les pluies de juillet ont finalement ralenti le processus. (…) Désormais, il faut éviter de grosses pluies. Le botrytis est présent et il faut éviter qu’il se réveille. Comme il faut éviter d’importantes chutes de grêle. »

Au Domaine Mont des Anges, le vignoble s’est élargi cette année à 10ha répartis sur trois villages (Havay, Nouvelles, Ciply), avec trois cépages et trois terroirs différents, dont 8 sont maintenant en production. Le chai (toujours provisoire) a déménagé sur Frameries, le bâtiment définitif sera opérationnel à la mi-2025.

Laurianne Lejour et Vincent De Busscher espèrent une année exceptionnelle comme 2022, « sauf que la pourriture (botrytis) apparait sur les cépages rouges. Le rendement est en hausse, vu les pluies de l’été qui ont gorgé les raisins après fermeture de la grappe. Nous récolterons pour la première fois les Voltis plantés en 2021 (un cépage résistant français – ndlr). Le résultat visuel est pour l’instant étonnant et les premières dégustations de baies donnent des résultats prometteurs. » Voir notre article sur les vendanges. 

Un peu plus loin, dans l’entité de St-Ghislain, la coopérative du Vignoble de Sirault s’est elle aussi développée avec la plantation de 3000 pieds supplémentaires (2000 Muscaris et 1000 Souvignier gris). « L’état général de nos vignes est plus ou moins bon, déclare le président Jean-Christophe Vanderelst. Quelques attaques de mildiou, de black rot et de botrytis çà et là. Pour l’instant, il y a pas mal de raisins sur l’ensemble des parcelles. Allons-nous avoir une aussi bonne récolte que l’année dernière? Difficile à dire, car on a besoin de soleil pour monter en maturité et être préservé des maladies cryptogamiques. »

Au sud de Tournai, à Ere, le Domaine de Longuesault a été planté en avril 2020 et a connu une petite vendange l’an dernier, les premières bouteilles sont prometteuses. « Nous avons bien maîtrisé les principales maladies/parasites et les grappes sont plus volumineuses que l’année dernière : 2023 est donc le « vrai » grand départ pour Philippe Couplet et Lara Safiannikoff. » Voir vendanges.

Plus à l’Est, à Lobbes, les vignes du Domaine de la Portelette n’ont pas souffert du gel printanier, mais, déclare Bertrand Halbrecq, « la période humide de cet été (20 juillet au 10 août) nous a obligés à protéger nos vignes du mildiou et du black rot. De nombreuses pulvérisations d’une décoction de prêle associée à du lait ont limité la propagation de ces maladies fongiques. Actuellement, avec le retour du soleil, les rendements attendus seront sans doute plus élevés que l’année passée. Nous visons environ 6 à 7 tonnes de raisins. Nous espérons que le mois de septembre soit sec et ensoleillé. »

En Brabant wallon

Pour le domaine Coteaux des Avelines à Sart-Dames-Avelines, 2023 est une année particulièrement difficile sur le plan humain avec la perte récente de la co-fondatrice du vignoble, Viviane Cleiren. Agricultrice, c’est elle qui avait eu l’idée de cofonder ce vignoble pour diversifier ses activités. Elle était très appréciée de tous pour sa bienveillance et sa gentillesse. Elle était passionnée par la viticulture et les plantes en général. Une femme courageuse, pleine d’énergie et de créativité… L’AVW présente ses condoléances à la famille.

Pour l’avenir, Arnaud Duchêne maintient le cap et estime « l’année vitivinicole très bonne: pas de dégât de gel, beaucoup de belles grappes. La mauvaise météo du mois de juillet nous incite à rester vigilants mais nous sommes très confiants. Nos cépages résistants ont bien résisté aux maladies. » La réponse dans quelques semaines…

Au Domaine de Mellemont, la nouvelle équipe déplore un peu d’oidium sur leurs pieds de pinot auxerrois (20 % de perte), mais espère une récolte « normale». « Toutefois, fait remarquer Matthieu Dumont, les baies sont un peu petites, il nous faut encore du soleil ! »… Voir vendanges.

Au Domaine de Glabais, Anne Geldhof et Christian Balduyck n’ont enregistré que peu de dégâts liés au mauvais temps de juillet-août et également suite aux grêlons de fin août. « La récolte sera bonne », se réjouissent les deux vignerons. Voir vendanges.

A Villers-la-Ville, la Confrérie de Villers-la-Vigne a dû elle aussi faire face à de petites attaques de maladies dès les premiers jours de juillet, explique Christophe Waterkeyn, mais n’a pas observé d’oïdium. Pas de mildiou sur les grappes, seulement une attaque foliaire sur Regent qui est sous contrôle. Début de développement de botrytis à partir du 20 août, également sous contrôle (élimination des grappes et traitement). Les grappes sont exceptionnellement grosses et très belles en quantité et qualité.

Pour clôturer ce tour du BW, un clin d’œil à John Bras qui depuis 1993 (bel anniversaire !) entretient au vignoble du Gris Moulin à La Hulpe, 60 ceps interspécifiques et “nobles” répartis en 9 cépages blancs et 7 rouges ! Jusqu’à présent, se réjouit-il, « peu de  dégâts, grâce aux traitements préventifs et au placement des filets. »

Dans le Namurois

Au Château de Bioul, Vanessa Vaxelaire est formelle : « tous les feux sont verts, avec une belle récolte en perspective, tant en quantité qu’en qualité. Le petit retard printanier a été rattrapé par un printemps chaud et sec, une belle floraison en juin et aucune attaque de maladies pendant les pluies de juillet et août grâce aux cépages résistants. » Voir vendanges.

Même bilan du Domaine du Chenoy qui annonce un millésime sans maladies et une belle récolte. Voir vendanges.

Au Château d’Annevoie, déclare Damien Briard, « tout va bien pour le moment (mi-août), à l’exception d’une carence en magnésium sur feuille, suite à l’excès d’eau de surface de ces derniers jours… les engrais foliaires font leur boulot. Je pense faire une grosse demi-récolte car nous avons encore beaucoup de pieds que nous avons dû rabattre suite à la sécheresse de l’année dernière. (…) Si la météo reste chaotique comme maintenant, il va falloir vendanger par défaut, car nous aurons certainement de la pourriture qui va apparaître. » Voir vendanges.

Le vignoble du Château d’Annevoie en mai dernier

Autre vignoble en vitesse de croisière à présent, Terres de Crompechine, qui a même déjà ramassé ses raisins de solaris en commençant par les grappes les plus touchées par les guêpes et les mouches drosophiles.

Certifié en biodynamie par Demeter depuis juin dernier, le Domaine de Doriémont à Gochenée a connu « une saison mitigée, avec un printemps très prometteur, une belle floraison, mais ensuite un mois de juillet très gris et humide, nous avons même vu des champignons pousser au sol », fait remarquer Colienne qui demande du soleil pour les prochains jours… Voir vendanges.

A Floreffe, François Van Pachtenbeke développe son projet Oze le Vignoble depuis 2018. Il estime que « si le temps se maintient durant les prochaines semaines, la vendange devrait être très correcte et qualitative. Cette année semble être propice au black rot et à l’oïdium, principalement sur grappe ; le feuillage est quant à lui peu impacté, on a un peu de mildiou aussi, mais gérable. Certains cépages résistent très bien aux attaques (Syrah et Sauvignon pour ma part). Sauf couac de dernière minute, 2023 devrait être un joli millésime. »

Enfin, à Sombreffe, le vignoble des Héros de la vigne continue ses expériences de culture biodynamique de différents clones de pinot noir plantés en 2020, avec comme objectif supplémentaire de se passer de cuivre. « Pour ce millésime, commente Pascal Frisque, l’état sanitaire est très bon, les traitements sont très réduits et… sans cuivre. Des essais de micro-vinification seront menés selon différents protocoles. »

Pierre Sclipteux au domaine de Doriémont

En pays liégeois

Pour Vin de Liège, 2023 fut une année particulière, avec une alternance de beau temps et de conditions plus rudes. Alec Bol déclare en outre que « la récolte 2023 sera généreuse en volume, supérieure à 2022, mais très différente avec quelques dégâts dus aux maladies (mildiou sur feuilles – ce n’est jamais gai – et un peu d’oïdium mais anecdotique). Nous attendons le beau temps de pied ferme pour les dernières semaines, car nous avons envie d’avoir de belles maturités. » Voir vendanges.

Chez les voisins de Tour de Tilice, Simon Delforge se félicite que « tout se passe bien au domaine malgré la météo capricieuse de  cet été. Quelques légères infections de maladie à certains endroits, mais ça reste négligeable et les vendanges se profilent bien. » Voir vendanges.

Idem au vignoble des Trois Rois où Samuel Deuse annonce « une belle vendange cette année, avec certes des conditions difficiles en fin de saison, mais il y a de belles grappes. » Voir vendanges.

A la coopérative Vin du Pays de Herve, Michel Schoonbroodt estime que « cela s’annonce plutôt bien avec davantage de quantité qu’en 2022 car de nouvelles parcelles sont désormais en production. Comme on travaille en bio, on a traité naturellement et on a pu éviter le mildiou et l’oïdium.». Voir vendanges.

Vignoble Les Sarments
A Clermont, le Vignoble Les Sarments est en quatrième feuille et récoltera de plus grandes quantités en 2023. « Malgré la pression liée aux grosses pluies des dernières semaines, la qualité sanitaire reste bonne : impeccable pour le souvignier gris et pression botrytis sur le johanniter, mais moins de 10% des grappes sont atteintes. Le jeune solaris 2022 a quant à lui été vendangé le premier week-end de septembre.  »
La première cuvée “Château de l’Aguesse 2022 sortira à la fin de cette année. Infos: sarments.be
Grappes de Zweitgelt au domaine des Marnières à Warsage (Benoît Heggen)

A Warsage, au Domaine des Marnières, Benoît Heggen estime que 2023 a un retard de 15 jours sur 2022, mais, mais que tout va bien. Le raisin est très sain, sans mildiou, même s’il a constaté un peu d’oïdium et du botrytis à quelques endroits, et un peu de botrytis initié par… les perce-oreilles. Selon lui, « tout va dépendre de la première quinzaine de septembre et du soleil pour faire monter les grappes, mais rien n’empêche une belle vendange ».

A Bolland, Raphael Wadeleux annonce une année grandiose pour le Clos Lognay, avec de très grosses grappes de qualité. « Espérons que les prochaines semaines ne soient pas trop humides pour éviter au maximum le botrytis. » Ses vendanges démarrent vers la mi-septembre.

Pour les Coteaux de Lincé, Jean-Marc Lewalle et ses deux associés déclarent « n’avoir fait qu’un seul traitement au soufre sur la partie du vignoble la plus sensible. Les raisins et le feuillage sont très sains suite à un travail très méticuleux sur la vigne (sélection des sarments fructifères, rognage, effeuillage, désherbage). Les grappes sont bien formées et très chargées. Il manque actuellement encore un peu de sucre. On espère donc un peu de chaleur et de soleil pour ces prochains jours. »

Cette année est l’année des premières vendanges chez Prologue planté en 2020 à Soheit-Tinlot. « En ce qui concerne le vignoble, et malgré notre manque de points de comparaison, nous avons une année capricieuse, confie Marc-Antoine Wautelet. Dans l’ensemble, les raisins sont beaux et l’état sanitaire est très correct. Nous avons dû batailler contre le mildiou et l’oïdium et espérons maintenant qu’il fasse un peu plus sec pour éviter trop de botrytis. Il a plu presque chaque jour depuis mi-juillet. Ceci étant, la récolte s’annonce bonne, même si nous limitons grandement les volumes vu la jeunesse de nos vignes. » Voir vendanges.

Non loin de là, à Ocquier, au Domaine d’Occarius, Marc Monfort espère que la météo s’améliorera prochainement, car ses raisins, même si nombreux, manquent un peu de maturité et ont été attaqués par les maladies habituelles de la vigne.

A Huy, Alain Dirick est impliqué dans deux vignobles. Au Bois Marie Hautes Vignes, tout d’abord « la récolte se présente très bien. Quelques grappes abîmées par l’oïdium en divico et de temps en temps quelques grains botrytisés un peu partout. Je suppose qu’ils ont éclaté avec les pluies et que la pourriture est rentrée dedans. » Il espère toutefois cueillir en moyenne un bon kilo par pied (johanniter, bronner, gamaret, divico, solaris). Dans sa parcelle de Verlaine de 2 hectares, il estime pouvoir récolter 10 à 12 tonnes/ha.

Non loin, à la Closerie des Prébendiers, Jacques Mouton déplore de ne pouvoir combattre l’oïdium qui est implanté dans une partie du vignoble depuis deux ans, malgré des pulvérisations intenses. Sur les 65% restants, il estime la qualité de bonne à très bonne avec de gros rendements.

Enfin, terminons cette tournée liégeoise par le Domaine XXV où, selon Renaud Grégoire, « l’état sanitaire de la vigne est particulièrement satisfaisant, malgré les épisodes pluvieux du mois de juillet. Si les choses restent en l’état, nous devrions connaître de belles vendanges. Nous avons effectué une “vendange verte” mi-août pour alléger les pieds de vigne afin de privilégier la qualité à la quantité. La vigne a été recouverte d’argile afin de la protéger à différents égards (soleil, insectes,…). »

En province de Luxembourg

A Torgny, à défaut d’avoir le retour du Poirier du Loup, nous avons celui de leur voisin, Daniel Dries qui, au Clos de la Fouchère, déclare que « 2023 est une année compliquée car très chaude en juin et des pluies abondantes en juillet, avec beaucoup de traitement pour les vignobles en bio et biodynamie. Il fallait être très vigilant et très réactif. Toutefois, comme il y a eu beaucoup d’écarts de températures entre la nuit et le jour (15 à 20° !), cela va très certainement donner un excellent millésime bien marqué… Les vendanges auront entre 2 et 3 semaines de retard par rapport à 2022. »

Enfin, à Rendeux, pour Eric Grévisse (Moulin de Hamoul & Loperlé), « voici une drôle d’année viticole qui s’achève. Un printemps froid et sec qui présageait d’une floraison tardive mais qui est arrivée le 8 juin, ce qui est normal pour Rendeux. L’été avait bien commencé les vignes sont chargées de belles grappes. La véraison a commencé très doucement après le 15 août. L’humidité et la chaleur ont alors entraîné de la pourriture. Le mildiou a été présent mais pas très virulent. Les vendanges pourraient avoir lieu fin septembre. Si la météo se passe comme prévu ! »

Compilation : Marc Vanel – 1/9/23

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