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Célébrons saint Vincent, le patron des vignerons et des marchands de vin

Le 22 janvier est le jour où l’on célèbre saint Vincent, martyr espagnol considéré comme le saint patron des vignerons. Mais qui était-il ?

Né à la fin du IIIe siècle à Huesca, petit village espagnol dans l’Aragon, Vincent Palotti devint rapidement diacre de l’évêque de Saragosse, c’est-à-dire son assistant. Les Chrétiens à l’époque ne représentent que 4 à 5% de la population occidentale qui était largement polythéiste et étaient pourchassés à travers tout l’Empire romain.

En 303, le proconsul et gouverneur de la province de Valence Dacien était connu pour exécuter avec zèle et cruauté les ordres de l’empereur Dioclétien. Un de ses premiers actes fut de condamner l’évêque Valère à l’exil et son diacre Vincent à la torture. La légende veut que celui-ci garda un calme inaltérable tout au long de son martyr avant de mourir le 22 janvier 304.

Jusqu’ici, rien n’explique toutefois l’intérêt des travailleurs de la vigne et du vin pour ce personnage dont la vie fut très courte. Plusieurs versions expliquent ce choix.

Saint Vincent de Saragosse en prison avec sa pierre de meule au cou. Peinture à l’huile. Auteur anonyme, école de Francisco Ribalta (Wikipedia)

Tout d’abord, Vincent aurait été torturé sur un pressoir. Et le sang qui s’écoula à la place du vin prit rapidement force de symbole.

Ensuite, n’ayant pu le vaincre de son vivant, Dacien exposa sa dépouille en pleine campagne, et la fit jeter à la mer. Vincent apparut alors en vision à une femme qui indiqua la position de sa dépouille. Selon les sources, ses restes auraient été alors transférés à Saint-Benoît-du-Castre en 855 et à la Cathédrale de Lisbonne (Sé) en 1173.

Sa Passion, un bien joli nom pour exprimer la souffrance, fut rapportée par plusieurs auteurs, dont saint-Augustin. Ce n’est qu’après le XVIe siècle que  saint Vincent de Saragosse fut réputé patron des vignerons.

D’autres sens

D’autres jeux de mots peuvent expliquer ce choix également. Outre que le diacre était généralement chargé de servir à table (Vincent pourrait donc être relié au service du vin ?), plusieurs jeux de mots sont liés à son nom: Vin-cent qui multiplie le vin par 100 ou Vin-sang de la vigne ou des raisins.

Pour d’autres, un miracle serait à l’origine de ce choix. On raconte en effet que Vincent démasqua le tenancier d’un estaminet peu scrupuleux qui mêlait de l’eau à son vin en faisant couler le liquide sur sa tunique pour séparer les deux éléments.

Enfin, plus proche de nous et de la viticulture, la date du 22 janvier coïncide surtout avec un moment capital du cycle végétatif de la vigne avec la sortie progressive de dormance (voir notre article sur le sujet).

La crypte archéologique de la prison de San Vicente Mártire à Valencia – Creative Commons 2.0/Joan Banjo

A Huy, la Saint-Vincent est fêtée depuis le XIIIe siècle. Une messe fut célébrée chaque année jusqu’à la Seconde Guerre mondiale en l’église Saint-Pierre. Une fois l’office terminé, les vignerons, portant leur Patron, partaient en procession à travers les vignobles, ornés de mâts, d’oriflammes et de banderoles aux couleurs de leur métier.

Cette célébration fut abandonnée, faute de vignerons, et reprit en 1983 en l’église de Statte.

Notons également la création en 1965 de l’association « Les Cordeliers de Saint-Vincent » (LIEN http://www.lescordeliersdestvincent.be/ ) et en 1975 de la confrérie de l’Ordre de Saint-Vincent à Jambes qui gère notamment le petit Clos de Vigneroule (12 ares) et qui s’efforce de faire revivre le passé viticole de la commune.

Diverses manifestations ont lieu chaque année dans de nombreux villages de Wallonie, comme à Bioul où depuis 2012, une fête est organisée après la messe donnée dans l’église située juste à côté du Château.

La plus importante manifestation de Wallonie est menée en deux étapes : tout d’abord une fête le dernier samedi de janvier au Vignoble de Villers-la-Vigne, puis le week-end suivant à Torgny, avec, notamment, la venue d’un distillateur et la présence de nombreux vignerons wallons.

Inutile de préciser que tous les événements publics de ce début d’année sont hélas annulés. A moins d’un miracle de… saint Vincent.

Marc Vanel

 

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