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Trois mois inédits pour la viticulture wallonne

Entre confinement, nuits de gel et plantations, le dernier trimestre ne fut pas de tout repos pour les vignerons en Wallonie, mais le bilan est finalement plutôt positif.

Dès l’annonce des mesures de confinement à la mi-mars et la fermeture des cafés, restaurants, traiteurs et cavistes qui a suivi, les ventes de vins ont été stoppées net, privant ainsi la quasi totalité des vignerons de rentrées financières et de visites de leurs clients. Et personne n’imaginait alors que cela allait durer si longtemps.

La fermeture conjointe des frontières entraîna elle aussi des difficultés supplémentaires. Elle empêcha l’arrivée de fournitures ou de matériel, mais aussi de prestataires étrangers, notamment pour le dégorgement des vins effervescents.

Dégorgement chez Ruffus

John Leroy le confirme pour Ruffus : “Tout notre calendrier a été bouleversé, mais le dégorgement a fini par se dérouler sereinement début mai. Depuis 15 ans, nous organisons en juin l’enlèvement des commandes au vignoble, nous avons dû le déplacer à juillet avec toutes les mesures sanitaires exigées. Je n’avais pas imaginé que pour une fois ce n’est pas par la météo que la nature nous impacterait.”

Au Domaine du Chant d’Eole, les bouteilles viennent seulement d’être dégorgées et seront disponibles en juillet chez les cavistes et en septembre au domaine sur réservation.

“Suite à l’annulation des dégorgements, explique Stéphanie Termolle, directrice financière, nous n’avions plus aucune bouteille disponible, mais comme tous nos événements (soirées D-stress, séminaires, réception de mariages,…) étaient forcément eux aussi annulés, nous avons récupéré ce stock de bouteilles que nous avons proposées en livraison. Et cela a très bien marché en fait. La prochaine question qui nous occupera est l’organisation des vendanges, car nous aimons faire participer les bénévoles, il y en avait 200 l’an dernier…”

Livraisons sur mesure

Plantations à au Vignoble du Château de Bousval

D’autres ont eux aussi organisé des livraisons, comme au domaine du Château de Bousval ou au Domaine de la Ferme du Chapitre où plusieurs producteurs locaux ont eu la bonne idée de se grouper et de proposer des colis.

Idem au Domaine du Ry d’Argent (Bovesse) où les ventes ont été regroupées à la ferme locale. “Evidemment moins de ventes signifie aussi moins de rentrées. Mais les emprunts sont toujours là, souligne Jean-François Baele, et il faut payer la main-d’œuvre, car il y a du boulot dans la vigne et en cuverie.”

A la coopérative Vin de Liège, le manque à gagner dû à l’arrêt des ventes, à l’annulation des Portes ouvertes ou des salons est très élevé, sans doute proche de 50.000€, évaluait récemment Alec Bol, administrateur-délégué. “Heureusement, les grossistes en produits bio ont continué de travailler normalement, ce fut précieux. Pour la main-d’œuvre, les coopérateurs qui viennent traditionnellement nous aider n’ont pas pu venir, tout comme les stagiaires de l’IFAPME. Pour le reste, notamment pour les bouteilles et les étiquettes, nous avions fait nos commandes à l’avance, cela n’a pas posé de problèmes.”

Enfin, comme le fait remarquer Christian Balduyck au Domaine de Glabais dont c’était la première année de vente, “la prospection vers certains restaurants est aussi à l’arrêt et tous nos contacts avec l’Awex ou la prospection à l’export sont restés au frigo.”

Ces fameux Saints de Glace

Nuits de veillée à la coopérative Vin du Pays de Herve

Triste record que celui enregistré entre le 10 et le 15 mai, à la période dite des Saints de Glace : la température nocturne est descendue jusqu’à -3,6°C ! Il faut remonter à 1987, et même à 1959, pour connaître pire situation.

Le gel peut être impitoyable

Les vignerons ont donc été nombreux à veiller toute la nuit, utilisant tous les moyens possibles pour contrer l’impact du gel : placement de bougies « stop gel », brûlage de paille pour faire un écran de fumée, éoliennes ou canons à chaleur, tout est question de moyens. Et conserver la distance sanitaire dans de pareilles circonstances ne fut pas simple. Si certains ont perdu une bonne partie de la prochaine récolte, la plupart ont malgré tout réussi à sauver les précieux pieds.

 

Silence, cela pousse!

Malgré tout cela, plus de 45 hectares ont été plantés pendant le confinement, même si parfois avec un peu de retard et avec des équipes restreintes.

Plantations au Bois de Loë à Aubel, photo Charles Piron

Les nouvelles plantations d’abord : 11,5ha à Annevoie, 3,5ha à Aubel pour le Bois de Loë, 2ha à Argenteuil (Lasne), 2ha à Modave et quelques autres plus petites parcelles de moins d’un hectare (Les Héros de la Vigne à Sombreffe, Tienne al’Gatte à Sautour ainsi qu’à Maredsous).

11,5 nouveaux hectares à Annevoie

D’autres vignobles ont décidé d’agrandir leurs cultures, parfois même avant d’avoir produit la première bouteille : +4ha au Domaine du Chenoy (cela n’était plus arrivé depuis 2003), +4,2ha à Havay pour le vignoble de Vincent De Busscher et Laurianne Lejour (le nom sera connu à la rentrée), +4ha au Domaine XXV à Couthuin (qui double ainsi sa surface), +3ha au Chant d’Eole (pour faire 19 !), +3 au Domaine du Château de Bousval, +2,2ha au Domaine de la Portelette à Lobbes et quelques parcelles éparses dont certaines ne sont sans doute pas encore connues, car trop récente.

Enfin, Ruffus a planté fin avril 1,5ha de Chardonnay, portant ainsi sa superficie à 30ha, c’est désormais le domaine le plus grand de Belgique, une belle manière de fêter ses 18 ans ! Rendez-vous en septembre pour les vendanges que chacun espère déconfinées…

MV

“L’actualité du vignoble en juillet”

Le vignoble wallon bouge… Retrouvez chaque mois quelques nouvelles en direct.

Se former à la viticulture …

Deux coopératives construisent leur chai …

Havre de paix dans les vignes …

Premier vin bio au Chenoy …

Deux coopératives construisent leur chai

La coopérative Vin du pays de Herve vient d’achever la construction de son chai, un élément indispensable pour la prochaine récolte.

« La crise du coronavirus a ralenti le chantier, explique Michel Schoonbrodt, mais celui-ci ne s’est pas arrêté. Après le terrassement, l’infrastructure métallique (et galvanisée) a été érigée. C’est sur cette structure que prennent place les panneaux béton/isolant. Nous disposons à ce jour d’un bâtiment presque fermé : il reste quelques châssis à placer sur les côtés. Le bâtiment est raccordé à l’eau et à l’électricité et nous commençons à recevoir l’équipement nécessaire à notre première vinification. »

L’ambition de la coopérative est d’atteindre 10 hectares, huit sont déjà plantés. Plus d’infos : www.vindupaysdeherve.be

A Sirault, non loin de Saint-Ghislain, la coopérative du Vignoble de Sirault attend avec impatience sa seconde vendange, car la première a été vendue en quelques jours.

Ici aussi, un chai a été construit dans le village afin de vinifier en un point central les raisins provenant des neuf différentes parcelles de cépages résistants pour un total de 9.700 pieds.

Soucieuse d’obtenir le meilleur vin, la coopérative a même acquis plusieurs amphores ! Résultat en 2021. Plus d’infos sur la page Facebook de la coopérative: ICI.

Havre de paix dans les vignes

Créé en 2018 à Couthuin par cinq frères et sœur de la famille Grégoire, le Domaine XXV (prononcez « Vins des 5 ») vient de passer de 4 à 8 hectares de cépages classiques, Chardonnay, Pinot meunier, Pinot noir, Müller-Thurgau et Pinot gris, le tout en bio. La première production n’est toutefois prévue que pour 2022.

Outre le spectaculaire paysage dans lequel s’insère le vignoble, le Domaine a décidé de jouer d’emblée la carte de l’œnotourisme en transformant une ancienne fermette en un double gîte très moderne, de 3 et 5 chambres pouvant accueillir 12 personnes (4 et 8 lits), pouvant être réservées ensemble ou séparément pour un week-end ou un plus long séjour.

Outre sa vue magnifique donnant sur le vignoble, la « XXV House » est disponible à la location dès la fin juillet via le site xxvhouse.be. Comptez environ 500 euros par nuit (pour 12 personnes).

Premier vin bio au Chenoy

Dès leur arrivée au Domaine du Chenoy en 2017, Jean-Bernard et Pierre-Marie Despatures ont finalisé la certification bio du domaine entreprise trois ans plus tôt par Philippe Grafé.

Le premier vin frappé du célèbre logo européen sera le Citadelle (blanc) 2019, un assemblage Solaris, Bronner et Johanniter élaboré sous l’œil avisé d’Eric Boissenot, célèbre œnologue bordelais.

Finesse et élégance au programme de ce vin très aromatique qui a été élevé en cuve sur lies fines et qui séduira un large public. En vente dès maintenant sur le site www.domaine-du-chenoy.com

Se former à la viticulture

La première promotion de la formation en alternance au métier de « viti-viniculteur » s’achève à la rentrée prochaine, même si elle a elle aussi été chahutée par le coronavirus.

Dispensée par les centres IFAPME de Villers-le-Bouillet et de Perwez, cette formation permet en deux ans de maîtriser les étapes viticoles, soit la culture de la vigne, la récolte du raisin, la fabrication du vin, son conditionnement jusqu’à la vente des produits. Le diplôme est reconnu par la Communauté française.

Des cours théoriques de près de 800 heures en deux ans sont complétés par deux stages pratiques de 250 heures en entreprise. Accessible aux détenteurs d’un CESS (études secondaires supérieures), cette formation offre également des débouchés dans le négoce de vins. Coût annuel : 365€.

A partir de septembre, l’IFAPME lance une seconde formation dans le secteur : « Ouvrier viticole ».

Selon le descriptif de cette nouvelle filière : « L’ouvrier viticole travaille dans un domaine viticole. C’est un technicien de la vigne qu’il cultive et entretient avec soin dans un objectif qualitatif et quantitatif de production de vin. »

Toutes les infos sur www.ifapme.be