Une parcelle de Vin de Liège menacée d’excavation

Filiale du groupe Heidelberg Cement, la Cimenterie CBR Lixhe est leader du marché belge du ciment. Pour développer ses activités à Eben-Emael jusqu’en 2046, la société souhaite étendre la zone d’extraction de sa carrière de Romont de 107 hectares.

Pour ce faire, elle a demandé à la Région wallonne en août dernier une modification du plan de secteur permettant d’affecter une zone agricole en zone d’extraction.

Si nombre de riverains semblent opposés à ce projet, l’un des perdants potentiels de l’opération serait la coopérative Vin de Liège qui a planté 3,33ha de vignes dans la zone concernée, les seules dont elle dispose pour les vins rouges.

« Avec son sous-sol calcaire identique à celui du Val de Loire ou de la Champagne (tuffeau), son orientation parfaite (sud-est) et son climat particulièrement plus chaud que celui du reste de la Belgique, cette parcelle constitue un terroir d’exception pour Vin de Liège, explique l’équipe de la coopérative. Pour cette raison, cette parcelle a été plantée uniquement en cépages rouges (Cabernet Cortis et Pinotin).

Ce type de parcelle, de par ses particularités pédologiques, demande de longues années avant d’obtenir une production suffisante. Il a fallu attendre cinq années après la plantation pour que les vignes commencent leur production et une dizaine d’années avant que la production atteigne une quantité “normale”.

Nous priver de ce terrain mettrait gravement en péril notre exploitation, même si nous étions indemnisés dans le cadre de l’expropriation, car nous n’aurions pas la possibilité de retrouver des terrains équivalents. »

« Cette parcelle a été plantée en 2012, explique Alec Bol, administrateur-délégué de VL, et nous pensions être à l’abri sur des terres agricoles sans compter que nous sommes vraiment sur le bord de l’extension de la carrière.

Cela n’a pas beaucoup de sens, car notre projet apporte une véritable valeur ajoutée dans cette région de Basse Meuse et surtout de l’emploi. D’autres espaces sont possibles et pourquoi ne pas agrandir vers la Flandre ?

Ceci dit, le Gouvernement wallon ainsi que toutes les personnes rencontrées dans ce dossier sont tous attentifs, tout le monde comprend notre problème, nous gardons espoir. »

Recyclons les pieds de vigne

Située à Grez-Doiceau, la société belge « Barbecue & vigne » vend depuis plus de 20 ans des barbecues mais aussi des combustibles à base de pieds de vigne, ou de sarments qu’elle vend en sac de plusieurs kilos.

Elle est donc régulièrement à la recherche de ceps de vignes arrachés en 2020. Les souches seront découpées en bûchettes pour être vendues en Belgique et aux Pays-Bas. Les vignerons sont rémunérés.

Avis aux amateurs, toutes les infos sur barbecue.be

Vers une association wallonne des œnologues ?

A l’initiative de Thierry Cowez, œnologue chez MIS Services et de Véronique Lidby, œnologue indépendante et responsable du labo AOC Vallée mosane, une réunion a réuni l’an dernier plusieurs œnologues de Wallonie.

Comme par exemple, John Leroy, Romain Bevillard, Olivier Devuyst, Vincent Dienst, Hélène Thomas, Nicolas Poulou ou Thomas Costenoble.

Aucune visée commerciale, du moins pour l’instant, juste l’envie de parler d’œnologie avec un langage d’œnologue entre œnologues, un échange de pratiques dans un métier en pleine émergence en Wallonie.

“Et, comme aime le préciser Thierry Cowez, le métier d’œnologue, concerne tout ce qui se passe dans le vin entre le sécateur et le tire-bouchon…”, les thématiques de discussion ne manquent donc pas.

Si vous êtes du métier, vous pouvez contacter Thierry Cowez (thierry@mis-services.be) pour participer aux prochaines réunions.

Newsletter 6

Le vin bio, une vraie tendance en Wallonie

Depuis quelques années, une nouvelle tendance se dessine dans le vignoble wallon : le passage à la viticulture bio, voire biodynamique. Un peu plus de 110 hectares de vignes sont déjà certifiés bio ou en conversion, avec quelques grosses locomotives.

Il s’agit en fait d’une caractéristique propre à la Wallonie que les vignerons flamands ne suivent pas, ou pas encore. Pourtant, le premier à avoir obtenu le label bio fut Hugo Bernar à Tirlemont en 1995 (Hageling-Bio).

A l’époque, la législation européenne ne permettait pas de sortir des vins bio, mais uniquement des « vins issus de raisins de l’agriculture biologique ».

Hugo Bernar est aussi pépiniériste, il a contribué à la plantation de plusieurs vignobles en Wallonie – © Vanel

Il fallut en effet attendre 2012 pour que le règlement européen régissant la viticulture biologique soit étendu à la vinification. Hugo Bernar a donc obtenu dans un premier temps le label « Biogarantie » pour ses 3000 pieds de cépages résistants, avant de se faire certifier en 2015 par TÜV Nord Integra (voir plus loin).

Ces variétés de raisins (dites résistantes ou interspécifiques) étant étudiées pour résister aux maladies les plus courantes de la vigne, elles nécessitent donc moins de traitements, ou même aucun les meilleures années.

La tendance partit donc de Flandre il y a 25 ans, mais elle n’y resta pas, car les vignerons flamands n’ont jamais été véritablement séduits par les cépages résistants (les principaux instituts de formation flamands les déconseillent même).

Par contre, grâce à l’exemple initié par Philippe Grafé au Domaine du Chenoy à partir de 2003, nombreux furent ceux à opter pour les cépages résistants, même s’il fallut attendre 2019 pour que le domaine achève sa certification bio.

Photo: Domaine du Chenoy

Les quatre grands principes

L’agriculture bio va bien au-delà d’un mode cultural et est basée, comme le rappelle l’IFOAM (International Federation of Organic Agriculture Movements) sur son site web (ifoam.org) sur quatre grands principes :

  • Le principe de santé : « L’agriculture biologique devrait soutenir et améliorer la santé des sols, des plantes, des animaux, des hommes et de la planète, comme étant une et indivisible. Ce principe souligne que la santé des individus et des communautés ne peut être séparée de la santé des écosystèmes – un sol sain produit une culture saine qui donnera la santé aux animaux et aux personnes. (…) Le rôle de l’agriculture biologique est de soutenir et d’accroître la santé des écosystèmes et des organismes du plus petit dans le sol jusqu’aux êtres humains. »
  • Le principe d’écologie : « L’agriculture biologique devrait être basée sur les cycles et les systèmes écologiques vivants, s’accorder avec eux, les imiter et les aider à se maintenir. Ce principe enracine l’agriculture biologique dans les systèmes écologiques vivants. (…) La gestion biologique doit s’adapter aux conditions, à l’écologie, à la culture et à l’échelle locales. Les intrants devraient être réduits par leur réutilisation, recyclage et une gestion efficiente des matériaux et de l’énergie de façon à maintenir et améliorer la qualité environnementale et à préserver les ressources. »
  • Le principe d’équité : « L’agriculture biologique devrait se construire sur des relations qui assurent l’équité par rapport à l’environnement commun et aux opportunités de la vie. L’équité est caractérisée par l’intégrité, le respect mutuel, la justice et la bonne gestion d’un monde partagé, aussi bien entre les personnes que dans leurs relations avec les autres êtres vivants. (…) L’Agriculture Biologique devrait fournir une bonne qualité de vie à chaque personne engagée et contribuer à la souveraineté alimentaire et à la réduction de la pauvreté.
  • Le principe de précaution : « L’agriculture biologique devrait être conduite de manière prudente et responsable afin de protéger la santé et le bien-être des générations actuelles et futures ainsi que l’environnement. (…) L’agriculture biologique devrait éviter de grands risques en adoptant des technologies appropriées et en rejetant les technologies imprévisibles, telles que le génie génétique. Les décisions devraient refléter les valeurs et les besoins de tous ceux qui pourraient être concernés, au travers de processus transparents et participatifs. »
Au Château de Bioul, le parcours didactique « Made in Bioul » retrace l’histoire du vignoble et présente les étapes de la culture en biodynamie. – © Vanel

Les obligations légales

A côté de ces grands principes existent quelques règles européennes fondamentales de la vinification bio qui s’articulent autour de quatre grands points :

  • Les vins bio doivent être élaborés avec des ingrédients eux-mêmes totalement certifiés bio : raisins, sucre, alcool, moût concentré rectifié.
  • La vinification bio doit respecter la législation européenne de l’Organisation commune du Marché (OCM) vitivinicole, qui fixe les mécanismes de la politique agricole commune (PAC) applicables à l’exploitation de la vigne dans les pays membres de l’Union européenne. Certaines techniques sont sujettes à restriction en bio, au niveau par exemple de la désalcoolisation partielle des vins, les traitements thermiques, ou la filtration, mais on rentre là dans des détails précisément trop techniques (voir le règlement européen ICI).
  • L’usage des additifs et auxiliaires œnologiques est restreint en bio, dont l’origine bio doit en outre être privilégiée.
  • Enfin, le taux de sulfites total est inférieur à celui utilisé dans le conventionnel, mais ces limites sont fonction du taux de sucre résiduel. Par exemple, pour les vins à moins de 2g/l de sucre résiduel, la dose maximale de sulfites autorisée est de 70 mg/litre pour un vin en biodynamie, 100 en bio et 150 en conventionnel.
Le récent domaine du Dièdre noir a choisi le bio dès la plantation – © Vanel

Les organismes certificateurs

Afin de garantir aux consommateurs que les produits portant le label « bio » sont conformes au cahier des charges européen, l’ensemble de la chaîne doit être contrôlé par un organisme certificateur, un processus qui prend trois ans minimum.

L’utilisation du terme « bio » ou « biologique » étant légalement protégée, tout opérateur commercialisant des produits biologiques doit donc être contrôlé par un organisme agréé et s’acquitter d’une redevance fixée dans le tarif approuvé par la Région wallonne et flamande.

En Wallonie, ce contrôle est assuré par des organismes privés, agréés par le Ministre en charge de l’Agriculture sur base des dispositions européennes et wallonnes.

Trois organismes sont agréés en Belgique et rappellent chacun sur leur site web les étapes à respecter pour être certifiés :

Les labels privés tels que Biogarantie® ou Nature et Progrès ne dispensent pas du contrôle officiel.

La certification en biodynamie est, elle, assurée par les organismes Demeter et Biodyvin, mais n’étant pas implantés chez nous, le service est assuré par les organismes belges qui les représentent.

Les premières plantations de la coopérative Vin du Pays de Herve en 2019 – © Vanel

Les aides wallonnes

Non négligeable : des aides wallonnes existent pour l’agriculteur (et donc le viticulteur) qui voudrait convertir ou maintenir ses terres en agriculture biologique. Les montants varient selon la superficie concernée : 900€/ha de 0 à 3ha, 750€ du 3e au 14e hectare et 400 au-delà.

Pendant les deux premières années, les producteurs en conversion peuvent obtenir une surprime de 150 € par hectare. Les parcelles concernées ne peuvent pas avoir déjà bénéficié de primes bio.

Tous les détails sur le site de la Région wallonne : ICI

Vin de Liège, le premier à s’être lancé dans l’aventure dès ses débuts – © Vanel

Plus de vingt vignobles en Wallonie

L’agriculture bio, tous secteurs agricoles confondus, représente aujourd’hui un peu plus d’un hectare agricole sur 9 (11,5%). Pour ce qui concerne la viticulture, il s’agit de 35 à 40% des surfaces, donc plus d’un hectare sur trois!

Les premiers à avoir effectué cette démarche de certification sont ceux qui ont planté des cépages résistants : Vin de Liège (16,3ha), le Domaine du Chenoy (14ha), le Domaine du Château de Bioul (12 ha) ou, plus récemment, Vin du Pays de Herve (8ha), le Domaine de la Portelette à Lobbes (4,7 ha) et le Domaine de Quantole à Horion-Hozémont (6ha).

Au domaine de la Portelette à Lobbes, la démarche de certification évolue en phase avec la plantation. – © Vanel

Soit un total de 62 hectares auxquels s’ajoutent 4 hectares composés par de plus petits domaines comme le Domaine des Avelines (1,3ha), le Domaine des Lowas (1,7ha), le Domaine Les Sarments (1ha), Septem Triones (0,4ha – qui n’a pas demandé la certification en 2020), le Clos d’Antheit (0,35ha)…

Mais en réalité, la tendance la plus active se situe dans les vignobles utilisant des cépages conventionnels, tels que Chardonnay, Pinot noir (ou Meunier) ou Auxerrois, pourtant réputés plus difficiles à cultiver en Belgique.

Le Domaine des Avelines a vendangé pour la première fois en septembre dernier. © Vanel
Vincent Dienst, maître de chai à Bousval – © Vanel

Les deux grands acteurs sont cette fois le Domaine de Bousval (8ha) et le Domaine W (8ha), mais il ne faudrait pas oublier le Poirier du Loup (bientôt 2ha) certifié depuis 2012, ou Marquise de Moulbaix (3ha), le Domaine La Falize (2,5ha), le Domaine XXV (8ha plantés en 2018 et 2020) ou encore le Domaine du Dièdre noir (2,6ha en 2019), soit 36.1 ha, plus quelques autres initiatives (Clos de la Fouchère, Doriémont, Clos Bois Marie en conversion) pour arriver à 38 ou 39 ha.

Une des trois parcelles de La Falize – © La Falize

Le Domaine du Ry d’Argent n’est pas en bio, mais vient de convertir la parcelle de deux hectares qu’il a plantée au Château de Ronchinne (ex-Château de la Poste).

A Torgny, les pieds ont été plantés au siècle dernier… mais ils ne sont certifiés bio que depuis 2012 – © Vanel

Enfin, seul vignoble bio dans ce cas, le domaine Tour de Tilice (5ha) à Fexhe Slins a opté pour les cépages classiques et les résistants. Le domaine est certifié bio depuis ce mois de janvier.

Le total atteint donc 112 hectares certifiés (ou en conversion) alors qu’il n’y en avait que 38 en 2018. Sans exagérer, on peut donc dire que le bio représente aujourd’hui plus de 40% du vignoble wallon ! Chapeau bas !

Marc Vanel

 

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Recyclons les pieds de vigne arrachés

 

Le travail de la vigne reprend bientôt

Fin décembre au Domaine de Bellefontaine – Photo: Vanel

Lorsqu’elle n’est pas dirigée, la vigne a tendance à pousser dans tous les sens, elle est bel et bien une liane qu’il s’agit de tailler en début d’année pour qu’elle reprenne de plus belle au printemps. Ce toilettage commence généralement dès décembre mais surtout en janvier, aux alentours de la Saint-Vincent, le patron des vignerons dont la mémoire est honorée le 22 janvier.

Après les vendanges, à la fin de l’automne, les dernières feuilles des pieds de vigne sont tombées et, après un premier nettoyage des parcelles, la vigne est entrée en période de repos, appelée dormance. La sève étant elle aussi retombée, la vigne se met en repos hivernal et peut alors supporter des températures relativement basses.

De décembre à mars, diverses opérations de taille sont menées afin de maintenir la croissance végétative de la vigne et gérer la future production de raisins.

Dans le vignoble de Vin de Liège à Oupeye – Photo: Vanel

La taille va réguler le nombre de grappes et donc le rendement, mais pas nécessairement la vigueur. Celle-ci est plutôt déterminée par d’autres facteurs tels que la fertilité du sol, les pratiques culturales (enherbement ou non), le choix du porte-greffe, le clone, …

Souvent on adapte la « charge » en fonction de la vigueur de la vigne. Sur des pieds à forte vigueur, on peut plus les charger. Tandis que sur des vignes peu vigoureuses, il vaut mieux limiter la charge, sinon on risque d’affaiblir le pied. La taille permet donc d’arriver à un certain équilibre.

Si certains entament les travaux de nettoyage du vignoble dès le mois de décembre, on considère habituellement que c’est la Saint-Vincent, célébrée le 22 janvier, qui marque habituellement la fin du travail en cave et la reprise du travail dans les vignes.

« À la Saint-Vincent, le vin monte aux sarments, s’il gèle il en descend », ou encore « À la Saint-Vincent, l’hiver se reprend ou se casse les dents » disent les proverbes populaires.

En février-mars, si vous promenez dans les vignobles, vous verrez des gouttes de sève s’échapper des endroits où les bois ont été coupés, on dit que la « vigne pleure ».

La vigne se réveille – Photo: Alec Bol – Vin de Liège

La sève remonte et s’écoule par les plaies causées par la dernière taille d’hiver. Ces pleurs constituent la première manifestation de la reprise d’une vie active de la vigne.

La vigne se réveille lentement et son activité reste faible jusqu’au débourrement, moment où les bourgeons s’ouvrent et se développent.

En mars, le bourgeon est encore dans le coton, la sortie des feuilles débutera le mois suivant seulement.  C’est également le cas des arbres et des arbustes, pas uniquement de la vigne. Le gel est une redoutable menace pour tous à cette période.

Un nouveau cycle végétatif démarre en mars-avril, selon les régions, et durera jusqu’à la mi-novembre où redémarre un nouveau cycle hivernal durant lequel la vigne se repose. Ainsi va la vigne…

Carton plein pour « Trinquons local ! »

Franc succès pour la campagne de l’APAQ-W, « Trinquons local » qui, pour cause évidente de pandémie, a dû se dérouler en mode virtuel et non directement chez les producteurs wallons de boissons comme cela se faisait depuis plusieurs années.

Du 15 novembre au 15 décembre, l’APAQ-W a diffusé des dizaines de séquences filmées de 60 à 90 secondes présentant les brasseries, vignobles et distilleries de Wallonie qui en sont membres et mettant en scène les deux Ambassadeurs de l’Agence, Sandrine Dans et Eric Boschman, qui avaient l’air de bien s’amuser…

Diffusées sur le site internet « trinquonslocal.be » (près de 25.000 visiteurs uniques en un mois), sur une chaîne Youtube dédiée et sur diverses pages Facebook, dont celles des deux animateurs, ces « capsules vidéo » ont créé une audience de plusieurs centaines de milliers de personnes.

Photo: Apaq-W

« Cet événement », commente Philippe Mattart, Directeur général de l’APAQ-W, « a apporté une véritable visibilité aux boissons wallonnes, et en particulier aux vins dont le niveau de qualité ne cesse de monter depuis presque 20 ans.

Nous devons renforcer la place des vins locaux, sachant que leur compétitivité n’est évidemment pas basée sur leur prix mais sur leur qualité et leur spécificité. Nous ne devons pas chercher à imiter les vins français ou italiens, mais bien valoriser des vins qui représentent vraiment leur terroir et que l’on peut servir avec des plats de la gastronomie wallonne. »

Au sein de l’APAQ-W, Françoise Dargent, en charge du secteur vins, se réjouit elle aussi du succès de l’action. « Suite à la campagne, confie-t-elle, 45 producteurs des 3 secteurs confondus ont souhaité s’affilier à l’Agence et participer à la campagne 2021 que nous commençons déjà à organiser. Nous allons égaelement pérenniser le site et continuer à l’étoffer tout au long de l’année. »

Plus d’infos : trinquonslocal.be

Newsletter 5

Célébrons saint Vincent, le patron des vignerons et des marchands de vin

Le 22 janvier est le jour où l’on célèbre saint Vincent, martyr espagnol considéré comme le saint patron des vignerons. Mais qui était-il ?

Né à la fin du IIIe siècle à Huesca, petit village espagnol dans l’Aragon, Vincent Palotti devint rapidement diacre de l’évêque de Saragosse, c’est-à-dire son assistant. Les Chrétiens à l’époque ne représentent que 4 à 5% de la population occidentale qui était largement polythéiste et étaient pourchassés à travers tout l’Empire romain.

En 303, le proconsul et gouverneur de la province de Valence Dacien était connu pour exécuter avec zèle et cruauté les ordres de l’empereur Dioclétien. Un de ses premiers actes fut de condamner l’évêque Valère à l’exil et son diacre Vincent à la torture. La légende veut que celui-ci garda un calme inaltérable tout au long de son martyr avant de mourir le 22 janvier 304.

Jusqu’ici, rien n’explique toutefois l’intérêt des travailleurs de la vigne et du vin pour ce personnage dont la vie fut très courte. Plusieurs versions expliquent ce choix.

Saint Vincent de Saragosse en prison avec sa pierre de meule au cou. Peinture à l’huile. Auteur anonyme, école de Francisco Ribalta (Wikipedia)

Tout d’abord, Vincent aurait été torturé sur un pressoir. Et le sang qui s’écoula à la place du vin prit rapidement force de symbole.

Ensuite, n’ayant pu le vaincre de son vivant, Dacien exposa sa dépouille en pleine campagne, et la fit jeter à la mer. Vincent apparut alors en vision à une femme qui indiqua la position de sa dépouille. Selon les sources, ses restes auraient été alors transférés à Saint-Benoît-du-Castre en 855 et à la Cathédrale de Lisbonne (Sé) en 1173.

Sa Passion, un bien joli nom pour exprimer la souffrance, fut rapportée par plusieurs auteurs, dont saint-Augustin. Ce n’est qu’après le XVIe siècle que  saint Vincent de Saragosse fut réputé patron des vignerons.

D’autres sens

D’autres jeux de mots peuvent expliquer ce choix également. Outre que le diacre était généralement chargé de servir à table (Vincent pourrait donc être relié au service du vin ?), plusieurs jeux de mots sont liés à son nom: Vin-cent qui multiplie le vin par 100 ou Vin-sang de la vigne ou des raisins.

Pour d’autres, un miracle serait à l’origine de ce choix. On raconte en effet que Vincent démasqua le tenancier d’un estaminet peu scrupuleux qui mêlait de l’eau à son vin en faisant couler le liquide sur sa tunique pour séparer les deux éléments.

Enfin, plus proche de nous et de la viticulture, la date du 22 janvier coïncide surtout avec un moment capital du cycle végétatif de la vigne avec la sortie progressive de dormance (voir notre article sur le sujet).

La crypte archéologique de la prison de San Vicente Mártire à Valencia – Creative Commons 2.0/Joan Banjo

A Huy, la Saint-Vincent est fêtée depuis le XIIIe siècle. Une messe fut célébrée chaque année jusqu’à la Seconde Guerre mondiale en l’église Saint-Pierre. Une fois l’office terminé, les vignerons, portant leur Patron, partaient en procession à travers les vignobles, ornés de mâts, d’oriflammes et de banderoles aux couleurs de leur métier.

Cette célébration fut abandonnée, faute de vignerons, et reprit en 1983 en l’église de Statte.

Notons également la création en 1965 de l’association « Les Cordeliers de Saint-Vincent » (LIEN http://www.lescordeliersdestvincent.be/ ) et en 1975 de la confrérie de l’Ordre de Saint-Vincent à Jambes qui gère notamment le petit Clos de Vigneroule (12 ares) et qui s’efforce de faire revivre le passé viticole de la commune.

Diverses manifestations ont lieu chaque année dans de nombreux villages de Wallonie, comme à Bioul où depuis 2012, une fête est organisée après la messe donnée dans l’église située juste à côté du Château.

La plus importante manifestation de Wallonie est menée en deux étapes : tout d’abord une fête le dernier samedi de janvier au Vignoble de Villers-la-Vigne, puis le week-end suivant à Torgny, avec, notamment, la venue d’un distillateur et la présence de nombreux vignerons wallons.

Inutile de préciser que tous les événements publics de ce début d’année sont hélas annulés. A moins d’un miracle de… saint Vincent.

Marc Vanel

 

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Vins pour les fêtes : aussi chez les cavistes (2/2)

La vente des vins wallons se fait bien évidemment aussi selon le canal traditionnel des cavistes qui ont pu, fort heureusement, rester ouverts en cette fin d’année. Quatre grands acteurs sont à épingler sur le marché belge, les voici selon l’ordre chronologique de leur création.

Mig’s World Wines 

Fondé par Miguel Saelens en 1995, Mig’s World Wines propose plus de 1.300 références de 45 pays et régions (750 vins et 550 spiritueux). Il fut d’ailleurs le premier caviste à proposer des vins belges dès 2005.

Aujourd’hui, vous y trouverez 31 références wallonnes provenant de 7 domaines et 28 flamandes issues de 6 domaines.

Mig’s World wines – © DR

« La sélection, explique Thierry, commence par un contact direct avec les producteurs, souvent sur base d’un écho positif par nos clients et amis. Diverses références sont ensuite dégustées et sélectionnées en équipe. Pour la fin de l’année, le magasin reste ouvert, mais nous encourageons le click & collect en cette période. Pour les livraisons, c’est gratuit pour la Belgique au-delà de 150€ de commande. Pour l’Europe, nous appliquons les frais de livraison postale. »

> Infos : Mig’s World Wines, chaussée de Charleroi 43, 1060 Bruxelles, migsworldwines.be

Oeno-Belgium

Un grand coup de boost a été donné en 2013 à la diffusion des vins belges grâce à John Collijs, qui fut le premier à proposer une boutique en ligne (www.lesvinsbelges.be) et à assurer une présence dans tous les grands salons de vins de Wallonie. Quelque 80 vins wallons de 15 domaines et 70 vins flamands de 14 domaines peuvent être commandés en ligne et être livrés chez vous ou sur votre lieu de travail. La livraison est payante (6,5€) mais gratuite à partir de 150€, il est également possible d’enlever la marchandise dans un dépôt à Zellik.

Oeno-Belgium – © DR

Aussi connu sous le nom de « Oeno-Belgium », John a construit sa gamme en dégustant dans les domaines. « Je me tiens informé aussi, je suis abonné à plusieurs newsletters (dont celle de l’AVW) et j’essaie d’avoir des références de chaque région, des différents cépages, des différents types (blanc, rouge, rosé, mousseux)  afin de proposer un choix assez large et représentatif du terroir viticole wallon. Je propose aussi une large gamme de spiritueux belges. »

> Infos : John Oeno Belgium, 0470 629 160, lesvinsbelges.be

D’ici

Ouvert en mai 2013 par Frank Mestdagh, le magasin D’Ici à Naninne ne vend que des produits locaux et donc son rayon vins n’offre que des références belges. Assez original que pour être souligné. D’abord timide, la clientèle a élargi ses goûts et les ventes de vins wallons sont aujourd’hui un véritable succès.

« Dès le début, explique Frank Mestdagh, nous avions senti le développement de la filière. D’année en année, nous constatons une belle évolution tant en termes de choix que de qualité des produits. Aujourd’hui, nous proposons environ 64 références différentes en provenance d’une dizaine de domaines.

D’ici – © DR

Nous sommes très fidèles avec les vignerons avec qui nous avons débuté, et complétons ponctuellement la gamme avec des nouveautés.  Nous dégustons les vins à trois, notamment avec un collègue sommelier et les décisions sont collégiales. Nos critères sont essentiellement le goût, la proximité, le prix & la différenciation du nouveau vin par rapport à la gamme existante. »

Le magasin reste ouvert et propose également un service de click & collect avec enlèvement sur place.  Pas de livraison par contre.

> Infos : D’Ici, chaussée de Marche 940, 5100 Naninne (Namur), www.d-ici.be

Popsss.com – Le comptoir des vignerons belges

Lancé en janvier 2014, Popsss.com était jusqu’à l’année dernière un site de vente en ligne spécialisé dans les vins produits par des Belges, soit dans notre pays, soit à l’étranger. En décembre 2019, après une expérience réussie de pop-up store, Chantal Samson et Yves Carpentier ont fait le pari de passer du virtuel au concret en ouvrant un magasin à Ixelles, « Le comptoir des vignerons belges ».

Onze domaines wallons et huit flamands sont présents sur les rayons du magasin pour un total de 60 à 70 références selon les moments de l’année et sur base d’un seul millésime par vin.

Le comptoir des vignerons belges – © DR

« Notre sélection repose sur nos coups de cœur », confient les deux fondateurs du concept. « Ces choix sont ensuite validés par un comité de dégustation qui comprend des profils très diversifiés, mais il est rare que les avis divergent ! Notre philosophie n’est donc pas d’avoir le plus large assortiment possible, mais de présenter à nos clients une sélection qualitative de vins wallons/belges (ainsi que de vins de vignerons belges établis à l’étranger) dans une large palette de prix. »

Popsss propose un e-shop avec service payant de livraison partout en Belgique, via bpost ou Mondial Relay. La livraison est gratuite à partir de 150€ (sauf actions spéciales). L’enlèvement des commandes est également possible toute la journée au magasin qui reste ouvert durant le confinement. Ouvert du mardi au dimanche. Détails sur popsss.com.

> Le Comptoir des vignerons belges par Popsss, chaussée de Boondael 550, 1050 Bruxelles, www.popsss.com

IFAPME : 80 personnes en formation dans la filière “vin”

Depuis 2018, l’Institut wallon de Formation en Alternance des indépendants et des Petites et Moyennes Entreprises (IFAPME) propose dans ses centres de Perwez et de Villers-le-Bouillet une formation de Chef d’entreprise viti-viniculteur, complétée cette année par une formation d’ouvrier viticole. Le succès est croissant.

Une quinzaine de diplômés de la première promotion viennent d’être proclamés après deux années de formation mêlant cours théoriques et pratiques professionnelles, avec également la collaboration de l’AVW. Son président Pierre Rion a d’ailleurs présidé la présentation des Travaux de fin de cycle à Perwez.

Les heureux élus sont :

Perwez : Alice Danzin (Domaine de la Falize) • Antje Hamann (travaille dans une spin-off namuroise) • Dominique Büchler (importatrice-distributrice de vins) • Michel Schoonbroodt (Vin du Pays de Herve) • Michel d’Harveng (Clos de Mostombe) • Bruno Jadoul (Domaine des Lowas) • Thomas Cordier (Vignoble des Rivages) et Michel Piérard (Vignoble La Garenne)

Et à Villers-le-Bouillet : Bernard Cnockaert (projet de logiciel d’assistance au vignoble) • Damien Grégoire (Domaine XXV) • Nathalie Desclée (vignoble de Maredsous) • Didier Hanin (Gudule Winery et Clos Bois-Marie) • Thomas Jansen (projet assistance vignoble) • Francis Loumaye (Clos du Roc à Huy) et Léopold Magnus (projet de vignoble).

Ces formations correspondent manifestement à un véritable besoin, car pour les deux prochaines années 2 x 30 personnes se sont inscrites ainsi que 2 x 10 pour la seconde filière. Bonne chance à ces 80 courageux qui apportent du sang neuf au secteur et à la trentaine de la promotion 2019-21 qui entament, avec conviction, leur seconde année dans un contexte difficile.

Infos : ifapme.be

Christophe Heynen MW, Belgian Wine Personality 2020

Depuis une dizaine d’années, le magazine Vino (Essentielle Vino et DM Vino en néerlandais) distingue un Belge dans le domaine du vin, que ce soit en Belgique ou à l’étranger.

Après Philippe Grafé (Dom. du Chenoy) en 2018 et Marc Verstraete (Castigno) en 2019, c’est à Christophe Heynen que revient cet honneur et ce, pour diverses raisons liées à son nouveau titre de « Master of Wine » remporté en septembre. Il est le second Belge après Jan De Clerck en 1998 à pouvoir apposer les initiales MW à son nom.

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« Master of Wine », ce n’est ni un doctorat ni un MBA, mais bien un titre accordé par l’Institut (londonien) des Masters of Wine à celle ou celui qui a pu démontrer, à travers différentes épreuves, pratiques et théoriques, qu’il avait une connaissance assez large sur tous les aspects du vin: viticulture, connaissance des sols, porte-greffes, cépages, maladies et leur traitement, la création de vignoble, etc.

En passant bien sûr par l’œnologie et donc tout ce qui est vinification, températures, levures, élevage, contrôle qualité, micro-biologie du vin,… Sans oublier le commerce ou la dégustation.

Christophe Heynen MW, qui est avec GustoWorld l’un des plus importants importateurs belges de vins du monde, a choisi pour son Mémoire de s’intéresser au phénomène du financement participatif dans les vignobles wallons dans le cadre de création et/ou d’extension de vignoble ou de chai.

Notamment à travers l’exemple de la coopérative Vin de Liège, du Domaine W, de Vin du Pays de Herve. Une base pour de nouveaux projets. Nous y reviendrons.