« On ne peut pas tricher avec la nature, ni avec le vin » in « L’Echo »

 

Mathieu Dumont de Chassart: « On ne peut pas tricher avec la nature, ni avec le vin »

©Tim Dirven
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Un quatuor de trentenaires a repris le domaine de Mellemont, presque aussi âgé qu’eux. Qu’est-ce qui a poussé ces jeunes entrepreneurs à se lancer dans le vin en Belgique?

Ils étaient à peine nés, ces quatre trentenaires, lorsque Pierre Rion, Étienne Rigo et François Vercheval ont planté leurs premiers pieds de vigne, et se sont lancés dans ce pari un peu fou de produire du vin, en Belgique, dans les plaines du Brabant wallon, à un jet de pierre de Perwez. En 1993, la viticulture belge n’était pas encore ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Et il fallait être un peu barge pour se lancer dans une telle aventure.

Et sans doute, lorsqu’il s’est agi pour les trois pères fondateurs du domaine de passer la main, se sont-ils un peu reconnus dans ces quatre candidats, qui affichaient le même enthousiasme à la limite de l’insouciance. Passé le cap de la soixantaine, Rion, Rigo et Vercheval souhaitaient lever le pied et céder ce qu’ils avaient créé. « J’ai vu dans la presse que le domaine était à vendre. La viticulture, ça a toujours été un rêve pour moi, comme pour Antoine de Thibault. Cette opportunité, c’était pour nous! », se souvient Pierre-Alexandre Péters.

Sur un coup de tête

Sur un coup de tête, ils contactent les vendeurs. Pour étayer leur dossier, ils s’adjoignent deux de leurs amis, Marcus Humblet, fils du brasseur de la Bertinchamps et Mathieu Dumont de Chassart. Ces deux-là sont par ailleurs alliés par leurs épouses.

« Cette reconversion exige énormément d’humilité de notre part! Ça fait du bien de s’en rendre compte. »

MATHIEU DUMONT DE CHASSART

 

« Nous étions tous les quatre plutôt dans les services. Ce retour à la terre avait quelque chose de très concret, auquel s’ajoute la magie du vin« , précise Péters, dont les beaux-parents possèdent des vignes en Italie.

Rien ne prédestinait ces jeunes gens de bonnes familles à devenir viticulteurs, fût-ce à temps partiel. Pierre-Alexandre Péters était manager chez Deloitte, avant de démissionner pour se lancer dans une nouvelle aventure professionnelle. Mathieu Dumont de Chassart a fait l’essentiel de sa carrière dans un bureau d’études en santé publique, dans les pays en voie de développement. Marcus Humblet s’occupe des opérations commerciales au sein de la brasserie familiale. Et Antoine de Thibault est juriste-fiscaliste à la Banque Delen. Hormis Humblet, aucun n’avait de lien avec le monde de l’agroalimentaire, et a fortiori avec celui du vin.

Passion

« C’est vraiment une affaire de passion », affirme Dumont de Chassart. Une passion suffisante pour se lancer totalement dans l’aventure. À tel point que Mathieu Dumont de Chassart a quitté son boulot dans la coopération pour se consacrer au moins trois jours par semaine à la gestion opérationnelle du domaine, les trois autres venant lui prêter main-forte à raison d’un jour par semaine.

3,8
HECTARES
Le domaine compte 3,8 ha de vignes, soit 11.000 pieds de müller-thurgau essentiellement.

 

Mais une passion qui demande aussi des compétences réelles. « On ne s’improvise pas viticulteurs. Cela s’apprend sur le long terme », estime Dumont de Chassart, qui entame une formation IFApme, pour acquérir les bases du métier. « Le trio fondateur répète toujours qu’en trente ans, ils n’ont fait QUE trente récoltes. C’est beaucoup sur la durée, mais c’est relativement peu sur l’expérience. »

Question de se faire la main et de prendre ses marques, le quatuor pourra compter sur l’aide des « anciens » qui les accompagneront pendant un an ou deux. « Et nous pourrons aussi compter sur l’expérience d’autres vignobles belges. C’est un tout petit monde, où les échanges sont nombreux », note encore Dumont de Chassart.

20.000 bouteilles

« Ce retour à la terre avait quelque chose de très concret, auquel s’ajoute la magie du vin. »

PIERRE-ALEXANDRE PÉTERS

 

Dans sa configuration actuelle, le domaine de Mellemont compte 3,8 ha de vignes. De quoi produire 20.000 bouteilles dans une année normale, sauf accidents de parcours. En 2020, un champignon a détruit la moitié de la récolte, mais en 2018, les conditions exceptionnelles ont permis de produire 38.000 bouteilles. « C’est une activité qui dépend très largement de la nature, de la météo. Nous pouvons juste faire du mieux que l’on peut. On ne peut pas tricher avec la nature, ni avec le vin », reconnaît Péters. « Si on fait bien, la nature le rend, et la collaboration se passe bien. »

Mathieu Dumont de Chassart et Pierre-Alexandre Péters: « Il y a dans cette reconversion une humilité qui fait du bien. » ©Tim Dirven

 

La nature, parlons-en. Le vignoble a été bien protégé par son implantation brabançonne lors des fortes gelées de début avril, alors que d’autres viticulteurs ont dû batailler des nuits entières pour protéger les précieux bourgeons. Penchés sur un pied de vigne des Vergers, Mathieu Dumont de Chassart et Pierre-Alexandre Péters auscultent le développement de la plante, relativement tardif cette année. « On reste très petit face à la nature. Et cette reconversion exige énormément d’humilité de notre part! Ça fait du bien de s’en rendre compte », poursuit Dumont de Chassart.

Projets

« L’idée est de créer un petit écosystème autour de la vigne, avec un restaurant, des salles de réception et de l’œnotourisme. »

MATHIEU DUMONT DE CHASSART 

 

Toujours en phase d’apprentissage, donc, le quatuor a aussi des projets plein la tête. Faire évoluer le domaine vers la biodynamienotamment, plutôt en vogue, mais très exigeante. Accroître la surface, aussi, au rythme de 1 à 2 ha tous les deux ans, si les conditions le permettent, pour approcher les 8 à 10 ha cultivés. Et puis sans doute faudra-t-il envisager de moderniser et de déplacer les chais. « L’idée est de créer un petit écosystème autour de la vigne, avec un restaurant, des salles de réception et de l’œnotourisme. »

Commercialement également, les jeunes vignerons ont des idées: rationaliser sans doute la production qui compte aujourd’hui, trois mousseux, trois blancs, un rosé… Trouver de nouveaux canaux de distribution pour élargir sa zone de chalandise. « Il faut trouver le bon positionnement, dans une gamme de vins belges qui montent en qualité et en réputation. Il faut jouer le jeu de cette communauté, mais nous voulons rester accessibles! », affirme Péters.

LE VIN WALLON en effervescence, in « WAW » n° 52

Marc VANEL livre ici un dossier phare de 16 pages sur les vignobles wallons.

« Relancée par quelques amateurs dans la région de Huy dans les années 1970, la viticulture prend un nouvel envol en Wallonie au début des années 2000 avec la création quasi simultanée de Ruffus et du Domaine du Chenoy. Deux réussites qui vont inspirer une nouvelle génération de vignerons. Simple passe-temps ou enjeu économique à une époque où la consommation locale a toute son importance ? »

Le Magazine trimestriel WAW n° 52 -Printemps 2021
vous emmène à la découverte de quelque 30 vignerons passionnés aux quatre coins de la Wallonie.

Dossier_Vignobles.WAW 52

Gel dans le vignoble wallon

 

Plus de peur que de mal ces derniers jours dans les vignobles de Wallonie avec la vague de gel qui a touché les premiers bourgeons de l’année. Ruffus annonce quand même ce 12 avril avoir perdu 25 à 35% des bourgeons. Le point dans une quinzaine de propriétés.

 

En 2017, le Vignoble des Agaises avait perdu près de la moitié de la récolte à cause des gelées de l’année, 2021 pourrait malheureusement emboîter le pas.

« Le gel nous a touchés, explique Arnaud Leroy. Contrairement aux gelées printanières classiques, où il n’y pas de vent, nous avons été confrontés à une gelée hivernale, avec un vent froid, qui empêche les tours antigel d’être efficaces à 100%. Nous chiffrerons les pertes la semaine prochaine, mais on estime qu’entre 25 et 35% des bourgeons ont déjà été perdus lors des gelées de la semaine passée, et le froid s’abat de nouveau sur le domaine… Il a encore gelé cette nuit et on annonce encore plus froid ce soir… » Prudence donc.

 

Les tours anti-gel du Domaine du Chant d’Eole

 

Ses deux voisins, le Domaine du Chant d’Eole et le Domaine Mont des Anges, semblent toutefois avoir été épargnés.

« Les tours antigels ont fonctionné ces deux dernières nuits, confiait Hubert Ewbank à Quévy avant-hier, je pense que ce n’était pas nécessaire, mais on n’a pas voulu prendre de risque! »

Une peu plus loin, au Domaine Mont des Ages (Nouvelles et Havay), Vincent Debusscher est confiant: « Pas de dégâts pour l’instant. Nous avons mis des bougies dans les lignes de bas de coteaux pour créer un rideau de chaleur, installé 5 canons à chaleur Agrofrost sur 2 ha ainsi qu’une éolienne mobile sur 1.5ha. Nous veillons encore toute cette semaine. »

 

Pied touché lors des Saints de glace en mai 2020

 

La suite dans https://www.marcvanel.be/gel-2021-wallonie/

 

Newsletter 7

Quelles aides pour le développement d’un vignoble en Wallonie ?

Savez-vous que des aides à l’installation ou aux investissements d’un exploitant vigneron existent, au même titre que tous les agriculteurs de la Région wallonne ? Mais attention, il faut respecter certains critères.

Le système n’est pas neuf et a suivi l’évolution de la législation européenne en la matière, politique agricole commune oblige. Le système d’aides au développement et à l’installation dans le secteur agricole, et donc viticole, dit « ADISA », est entré en vigueur le 1er octobre 2015.

Il s’agit de la transposition en droit régional du règlement européen relatif au soutien du développement rural par le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER).

Ces demandes d’aides étaient initialement limitées dans le temps et ne pouvaient être introduites que jusqu’au 31 décembre 2020. Mais la nouvelle PAC n’entrant en vigueur qu’en 2023, une période transitoire de deux ans a été ajoutée.

L’Arrêté du Gouvernement wallon du 10 septembre 2015 relatif aux aides au développement et à l’investissement dans le secteur agricole et l’arrêté Ministériel exécutant cet arrêté ADISA ont été modifiés en ce sens (voir Moniteur belge du 11/2/2021). Il faudra sans doute s’attendre à des changements dans les prochains mois.

Image d’illustration – Photo non liée à un dossier d’aides.

S’identifier au SIGeC

En application du Règlement (UE) N° 1306/2013, les Etats membres doivent établir et gérer un Système Intégré de Gestion et de Contrôle (SIGeC), utilisé par les organismes payeurs afin de garantir, entre autres, une identification unique de chaque agriculteur ainsi que de toutes les parcelles agricoles.

Pour pouvoir demander une aide, tout agriculteur, à temps plein ou complémentaire, doit être identifié dans ce SIGeC comme gestionnaire d’unité de production et recevoir un numéro d’agriculteur, le « numéro P ».

Pour obtenir l’attribution de ce numéro, le partenaire doit exercer une activité agricole, introduire une demande auprès du SPW-ARNE (SPW Agriculture, Ressources naturelles et Environnement) et être gestionnaire autonome d’une exploitation et des unités de production qui la composent.

« La première chose à faire est de s’identifier au SIGEC pour avoir un numéro de producteur, explique Youri Bartel, directeur au SPW ARNE. Ensuite, il faut avoir ses vignes plantées. Si vous achetez des raisins à d’autres et que vous faites du vin, vous êtes transformateur et non agriculteur. A ce moment-là, vous pouvez demander des aides aux PME (SPW EER), mais pas chez nous.

Par contre, si vous partez de zéro, c’est plus difficile, car il faut théoriquement être fonctionnel dès la première année. C’est-à-dire que le viticulteur doit avoir déjà quelque chose la première année et atteindre après trois ans un certain revenu par unité de travail (voir ci-après). Une solution préconisée est de vendre des bouteilles sur pied, qui ne sont donc pas encore produites, mais qui génèrent des rentrées. Si pour une raison ou une autre, le vignoble échoue dans les trois ans, les aides doivent être remboursées, mais c’est surtout s’il y a eu des erreurs de gestion. »

A noter qu’il y a des aides à l’investissement pour l’achat de piquets, de plantes, de main-d’oeuvre,…

>> A lire sur le site de la Région wallonne : Devenir agriculteur

Image d’illustration – Photo non liée à un dossier d’aides.

Aides à l’installation

Pour bénéficier des aides à l’installation ou à la reprise (partielle ou totale) d’un exploitant viticulteur, le demandeur doit répondre à certaines conditions, dont celle de s’installer en qualité d’indépendant comme agriculteur à titre principal sur une exploitation agricole dont il est le chef exclusif durant trois ans minimum.

Un agriculteur est reconnu « à titre principal » s’il consacre moins de 900 heures par an à d’autres activités professionnelles et s’il retire de l’activité professionnelle agricole, un revenu annuel brut total imposable supérieur à 50% de son revenu annuel global.

Si ce revenu tombe à 35%, l’agriculteur est reconnu à titre complémentaire mais demeure admissible aux aides à l’investissement ADISA.

A noter que le revenu agricole professionnel inclut les activités agricoles, touristiques, pédagogiques, artisanales exercées sur le site d’exploitation et les activités forestières ou d’entretien de l’espace naturel bénéficiant d’aides publiques.

Le temps de travail se calcule en unités de travail (UT) de 1.800 heures de travail par an prestées par toute personne active sur une exploitation agricole et affiliée au statut social d’exploitant agricole indépendant soit au titre d’agriculteur, soit au titre d’aidant. Cette fraction ne peut dépasser 1 unité par personne.

Enfin, le demandeur doit être âgé de moins de 40 ans + 364 jours, et l’exploitation doit avoir une « production brute standard » (PBS) entre 25.000€ et 1.000.000€.

Image d’illustration – Photo non liée à un dossier d’aides.

Combien ?

L’aide à l’installation s’élève à 70.000 euros, un montant forfaitaire unique.

Il est versé en quatre tranches de 25% dans le cas d’une création et en deux tranches (75 et 25%) pour une reprise.

La dernière tranche est conditionnée par l’atteinte des objectifs décrits dans le plan d’entreprise qui reprend notamment un calcul de viabilité, des objectifs, des mesures et des étapes. Ce plan d’entreprise doit être rédigé avec l’aide d’un consultant reconnu par la Région wallonne.

>> Le formulaire électronique de demande d’aide à l’installation, appelé modèle E (pour plan d’Entreprise) est disponible ICI.

La qualification

L’une des conditions importantes pour l’aide à l’installation est la qualification, c’est-à-dire que le demandeur doit avoir un diplôme, un certificat ou une expérience satisfaisant à la législation.

« En effet, poursuit Youri Bartel, pour avoir avoir accès aux ADISA, il faut une qualification. C’est-à-dire soit avoir fait ses techniques agricoles et avoir le CESS et son certificat de qualification de la 6e, ou supérieur, ou avoir un master orientation agronomique – bio-ingénieur, ingénieur agronome, etc. On peut aussi suivre les cours B et avoir deux ans d’expérience. La formation viti-viniculture de l’IFAPME a été reconnue le 12 octobre 2020 en cours B, comme étant équivalente de 150h post scolaire.

Il est possible de présenter un projet sans ces diplômes, mais avec les cours B ou équivalent et sans expérience, le candidat passe alors devant un comité d’installation (CI) de 4 personnes qui estime si la personne qui présente son projet connaît bien le monde de l’agriculture et le secteur. On lui accorde alors l’équivalent des deux ans d’expérience. »

>> Le formulaire électronique de pré-demande, appelé modèle PR, qui donne accès au CI, est disponible ICI.

Image d’illustration – Photo non liée à un dossier d’aides.

Cheminement

Une fois la demande introduite, l’administration notifie au demandeur, la recevabilité ou non de sa demande dans les 10 jours ouvrables. Le dossier est dit recevable quand la demande est complète et conforme. Être recevable ne signifie toutefois pas que le dossier est admissible ou que l’aide sollicitée est acquise.

Les demandes d’aides sont alors soumises à une sélection et chaque demandeur doit obtenir une cotation minimale sur base des critères de sélection qu’il remplit ou non.

Pour chacune des aides, les différentes cotes et les critères sont disponibles sur le site internet « Portail de l’Agriculture wallonne » à l’adresse: agriculture.wallonie.be/outils dans la catégorie «Autres outils».

Les périodes de sélection sont trimestrielles : elles vont du 1er janvier au 31 mars, du 1er avril au 30 juin, du 1er juillet au 30 septembre et du 1er octobre au 31 décembre.

Depuis 2015, seulement deux exploitants vignerons ont demandé l’aide à l’installation de 70.000 euros, un des deux a toutefois été refusé.

Image d’illustration – Photo non liée à un dossier d’aides.

Aides à l’investissement

Le second volet des aides ADISA porte sur les investissements et réside sur le principe d’antériorité de la décision : aucun investissement ne peut être réalisé avant la date de notification de la recevabilité de la demande d’aide à l’investissement.

Celui-ci doit être fonctionnel et justifié par son utilisation professionnelle raisonnable, et le montant de l’investissement doit être compris entre 5000€ et 350.000€ htva.

Sont entre autres considérées comme dépenses admissibles, l’achat de matériel neuf destiné au développement ou à la création d’une activité agricole, la construction, l’acquisition ou la rénovation de biens immeubles, l’achat de matériel neuf pour produire de l’énergie renouvelable.

Pas question, par contre, de demander des aides pour du matériel d’occasion, acquérir des terres, payer des honoraires d’architecte ou acheter un quad.

>> Toutes ces dépenses sont recensées sur le site Wallex.

Pour ce qui concerne les vignobles wallons, dix d’entre eux ont bénéficié depuis 2015 d’aides pour un total de 270.000 euros sur un budget global ADISA de quelque 152 millions d’euros pour les investissements.

L’essentiel porte sur la plantation (148.000 euros) et la construction d’un bâtiment agricole multifonctionnel (94.000 euros).

Pas question de demander des aides pour du matériel d’occasion

Diversification non-agricole

Des activités de diversification non agricoles peuvent être aidées également, comme l’accueil social pédagogique, artisanal, ou le tourisme rural (qui doit être reconnu par le Commissariat général au Tourisme).

Les investissements admis sont par exemple l’achat de matériel neuf destiné à la poursuite, au développement ou à la création d’une activité de diversification non agricole, y compris la transformation et la vente à la ferme de produits non agricoles issus de l’exploitation, y inclus les équipements informatiques liés à ces investissements.

Calamités

Dans un autre registre, des aides existent également dans le cas de dégâts dus à la sécheresse agricole. Attention : 30% des surfaces totales doivent avoir été atteintes et l’événement doit avoir été reconnu comme calamité agricole.

Seuls les dégâts constatés de manière valable par les commissions communales de constat doivent être introduits auprès de l’administration wallonne. La déclaration doit être parfaitement conforme au contenu des PV introduits par les communes à l’administration.

>> Détails sur agriculture.wallonie.be/calamites-agricoles

Image d’illustration – Photo non liée à un dossier d’aides.

Promotion

Enfin, dans un autre cadre, l’APAQ-W intègre ses membres (et seulement ceux-ci) dans diverses opérations de promotion, comme par exemple, la campagne Trinquons local, déjà présentée sur ce site.

Les producteurs (vignerons, brasseurs et producteurs d’alcools) sont également invités à participer à “Ma Quinzaine locale” en septembre, grande action “portes ouvertes” pour tous les secteurs de production et points de vente, avec une large couverture médiatique importante.

>> Infos : apaq-w

Sources : Cet article est largement inspiré par les textes et documents proposés sur le site des aides ADISA. Merci à Youri Bartel pour son aide.

Marc Vanel

 

=> A lire aussi:

Une Clé Verte pour Villers-la-Vigne

Une parcelle de Vin de Liège menacée d’excavation

 

Une Clé Verte pour Villers-la-Vigne

L’écolabel international « Clé verte / Green Key » est décerné chaque année depuis 1994 aux équipements touristiques qui répondent à plusieurs critères de gestion environnementale générale, dont la gestion des déchets, de l’eau, de l’énergie et des espaces verts, l’alimentation, l’éducation à l’environnement, la mobilité,…

Initiative de la Foundation for Environmental Education, il est mis en œuvre par GoodPlanet à Bruxelles et par Inter-Environnement Wallonie (IEW) en Wallonie, chacun avec divers partenaires.

L’abbaye de Villers ainsi que le vignoble de Villers-la-Vigne viennent d’ajouter le 16 mars dernier leur nom aux 88 établissements labellisés.

« Cette reconnaissance Green Key, se réjouit Christophe Waterkeyn, président de la Confrérie, est prestigieuse pour notre petit Clos du Bonheur, car elle officialise une démarche d’éco durabilité de nos actions au sein du vignoble, du chai et lors de toutes nos activités intra et extra muros pour faire rayonner Villers-la-Vigne® à l’extérieur. 

En étant certifié, nous respectons déjà la législation de l’avenir, qui sera de plus en plus stricte en matière de normes environnementales. Seules les entreprises, organisations, associations qui tiennent compte aujourd’hui des défis climatiques et de durabilité seront résilientes dans le monde de demain. 

En outre, cette reconnaissance nous oblige à réfléchir sur nous-même et à nous demander si nos pratiques de chaque jour sont bonnes pour nous et pour la planète. »

Infos : villers-la-vigne.be

Une parcelle de Vin de Liège menacée d’excavation

Filiale du groupe Heidelberg Cement, la Cimenterie CBR Lixhe est leader du marché belge du ciment. Pour développer ses activités à Eben-Emael jusqu’en 2046, la société souhaite étendre la zone d’extraction de sa carrière de Romont de 107 hectares.

Pour ce faire, elle a demandé à la Région wallonne en août dernier une modification du plan de secteur permettant d’affecter une zone agricole en zone d’extraction.

Si nombre de riverains semblent opposés à ce projet, l’un des perdants potentiels de l’opération serait la coopérative Vin de Liège qui a planté 3,33ha de vignes dans la zone concernée, les seules dont elle dispose pour les vins rouges.

« Avec son sous-sol calcaire identique à celui du Val de Loire ou de la Champagne (tuffeau), son orientation parfaite (sud-est) et son climat particulièrement plus chaud que celui du reste de la Belgique, cette parcelle constitue un terroir d’exception pour Vin de Liège, explique l’équipe de la coopérative. Pour cette raison, cette parcelle a été plantée uniquement en cépages rouges (Cabernet Cortis et Pinotin).

Ce type de parcelle, de par ses particularités pédologiques, demande de longues années avant d’obtenir une production suffisante. Il a fallu attendre cinq années après la plantation pour que les vignes commencent leur production et une dizaine d’années avant que la production atteigne une quantité “normale”.

Nous priver de ce terrain mettrait gravement en péril notre exploitation, même si nous étions indemnisés dans le cadre de l’expropriation, car nous n’aurions pas la possibilité de retrouver des terrains équivalents. »

« Cette parcelle a été plantée en 2012, explique Alec Bol, administrateur-délégué de VL, et nous pensions être à l’abri sur des terres agricoles sans compter que nous sommes vraiment sur le bord de l’extension de la carrière.

Cela n’a pas beaucoup de sens, car notre projet apporte une véritable valeur ajoutée dans cette région de Basse Meuse et surtout de l’emploi. D’autres espaces sont possibles et pourquoi ne pas agrandir vers la Flandre ?

Ceci dit, le Gouvernement wallon ainsi que toutes les personnes rencontrées dans ce dossier sont tous attentifs, tout le monde comprend notre problème, nous gardons espoir. »

Rion, Rigo et Vercheval récoltent le fruit de leur Domaine de Mellemont in « L’Echo »

Etienne Rigo (à gauche) et Pierre Rion (à droite) faisaient prendre terre au domaine de Mellemont courant des années 90 aux côtés de François Vercheval. ©Anthony Dehez

par

Pionniers de la viticulture wallonne, les trois hommes viennent de céder le vignoble qu’ils lançaient en 1993. Objectif? Pérenniser le domaine.

En 1993, Pierre Rion, Etienne Rigo et François Vercheval mettaient sur pied l’un des premiers vignobles wallons contemporains. Un acte quasi militant qui allait ouvrir la voie au renouveau de la viticulture dans nos contrées.

Aujourd’hui, leur Domaine de Mellemont, situé à Thorembais-les-Béguines (Brabant wallon), a bien grandi. Et compte quelque 11.000 pieds en cépages traditionnels répartis sur un peu moins de 4 hectares.

Mais les fondateurs ont, eux aussi, bien grandi. Enfin, mûri plutôt. Atteignant un cap: soixante ans. De quoi amener à réfléchir. « Il était temps de considérer pérenniser le vignoble », évoque Pierre Rion, business angel et président de l’association des vignerons wallons.

Une décision a donc été prise: vendre. Mais pas à n’importe qui. À des jeunes, « passionnés et motivés », « animés du même esprit que nous, à savoir de vouloir élaborer un produit local de qualité, abordable et respectueux de l’environnement ».

Ces jeunes, ce sont Pierre-Alexandre Péters, Antoine de Thibault, Matthieu Dumont de Chassart et Marc-Edouard Humblet qui, épaulés par l’Invest.BW et CBC, reprennent le flambeau. Et ce, dans le cadre d’une transaction dont le montant n’a pas filtré.

Tout au plus apprend-on que l’accord passé entre les parties prévoit un « accompagnement actif » des nouveaux exploitants par les fondateurs du domaine « durant deux saisons« .

20.000
BOUTEILLES/AN
Le Domaine de Mellemont produit en moyenne quelque 20.000 bouteilles par an.

 

Effervescence sectorielle

Le Domaine de Mellemont produit quelque 20.000 bouteilles en moyenne par an – avec un pic à environ 40.000 bouteilles lors de l’excellente année 2018 -, dont la moitié de vin effervescent. Il fut durant ses dix premières années le plus important de Wallonie avant d’être rattrapé par les domaines du Chenoy (famille Philippe Grafé) et des Agaises (famille Leroy) au tournant de l’an 2000.

Aujourd’hui, ce dernier est toujours en tête fort de sa célèbre cuvée Rufus. Pour autant, d’autres domaines sont, eux aussi, montés en puissance plus récemment, comme le Chant d’Eole (famille Ewbank de Wespin), qui augmentait ses capacités de production l’an dernier, le Chateau de Bioul (famille Vaxelaire) ou encore le Château Bon Baron (famille Van der Steen).

Avec une certaine forme de loi de Pareto à dénoter du côté de la viticulture wallonne puisque 60% de la production (près de 240 Ha) sont aux mains de moins de 10% des exploitants.

L’on notera enfin que même du côté des familles actionnaires de référence du géant brassicole AB InBev, on a osé l’infidélité du moût au lieu du malt. Aux alentours de 2010, Frédéric de Mévius s’est en effet décidé à ramener le raisin au domaine de la Falize, situé au nord de Namur.